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  Je
présente                ici la carrière outremer de Josselin de Courtenay                et ses                descendants dans le contexte des "Croisades", sans examiner                celles-ci (cf. La
1ère                    croisade: un fait textuel?). Toutefois,
leur                  pesanteur idéologique est                  telle; leur mythologie (ancienne comme contemporaine) si                  présente, si                  prégnante; leur cartographie si trompeuse; la zone                  géographique si                  troublée; Israel                  si évocateur du royaume de Jérusalem [1];                  que je dois, avant toute                  chose, tenter de mettre Josselin dans son temps [2]. Même si                nous ne                voyons plus le monde "européen" de                l'époque comme le chaos des dark ages,                reste qu'il est instable : non pas "désordonné", mais                dynamique                et régulé par le conflit. A partir du dixième siècle, les                "châteaux"                se multiplient, rivalisent, militarisent l'espace et changent la                technique de                guerre (fortifications et cavalerie lourde). L'origine du                processus est                hybride, à la fois "publique" et "privée" (Le Jan,                1995) : comtes et outsiders [3].                Ceux qui réussissent le                mieux, devenus eux-mêmes sources de puissance, d'honneurs et de                cadeaux,                tissent de nouveaux réseaux de clientèle. Fin XIe, la                "révolution des                châteaux" est terminée, même si ses résultats ne sont pas fixés                (concurrences). Dans
ce                  contexte, les Josselin sont                  doublement intéressants :  Murray
2006                  résume ainsi l'histoire de                  ces Courtenay d'Outremer : 
 La
perte                  d'Edesse (1144-1151) constitue                  un point de retournement, tant pour nos Josselin qui se                  replient sur le                  royaume,                  que pour le royaume lui-même : malgré le "beau règne"                  d'Amaury,                  la phase de contraction commence. I. Le triomphe d'EdesseJosselin                  (Joscelin, Jocelyn, Gauzlin, Djoslin, Josseran)                  ne                  s'est pas joint                  aux premiers contingents. Il n'a pas participé à l'épopée                  héroïque, ni                  au siège                  d'Antioche, ni à la prise de Jérusalem. C'est sans lui que                  Baudoin de                  Boulogne                  s'est attribué Edesse, contrôle plutôt que conquête :                  Edesse est moins                    un comté franc qu’un comté arménien à direction franque (Cahen [13]). Le groupe Montléry-PuisetJosselin arrive après, comme d'autres membres du groupe Montlhéry-Puiset venus renforcer l'emprise du clan et trouver outremer une heureuse compensation à la pression royale en Ile-de-France (ou une échappatoire après défaite). Dans ce terrain d'aventures ouvert qu'est l'outremer où les morts au combat permettent un renouvellement permanent, où il suffit de conquérir pour se faire de la place, tout guerrier peut trouver un seigneur à servir, une veuve à épouser, une troupe à commander, un château à garder et, par là, s'il a de la chance, prendre "l'ascenseur social". Les exemples ne manquent pas dans ce territoire incertain, fragmenté et polycentrique. Mais les envahisseurs apportent avec eux leurs "rapports sociaux", marqués, non par l'individu, mais par le groupe. La Croisade se compose d'armées parallèles (et non convergentes), celle des Normands de Sicile, celle des Normands de Normandie, celle des "Provençaux", celle des "Lorrains" etc, chacune sous le drapeau de son Grand, chacune faite de bandes avec leur big man qui s'emploie à fédèrer —coaguler— ses hommes. Toute action collective passe par des conseils, pressions, discussions, marchandages, indemnisations. Ce n'est pas une hiérarchie, plutôt des soviets (soviets de chefs !). Une fois le pays conquis, la disponibilité des terres et la fluidité des marches donnent de la plasticité aux relations "féodales" importées. Dans ce cadre général, les groupes de clientèle et de famille (souvent articulés) sont la norme et la clef. Le Montlhéry-Puiset clan (Riley-Smith [14]) est particulièrement notable. Ces deux lignages apparentés , basés dans la périphérie du petit cœur capétien, sont l'image même des "brigands féodaux" dénoncés par le lobby royal (Suger). Ils font leurs affaires sans tenir compte du roi ou contre lui. A peine vingt ans avant la croisade, vers 1079, la "guerre du Puiset", un soulèvement presque général de cette féodalité contre Philippe I. (Fliche, 1912), impulsée peut-être par Guillaume le Conquérant, a fini par une lourde défaite du roi et de ses alliés. On se souvient de la longue série de petites guerres que Louis VI le batailleur, d'abord comme roi désigné, ensuite comme roi, —et Louis VII après lui—, devra conduire pour s'imposer et que Suger emphatisera. Hugues du Puiset, comte de Jaffa, l'antagoniste du roi Foulques en 1132, chef de file des barons et de la reine sa cousine, est le petit-fils de Hugues Ier Blavons, sgnr du Puiset, et d'Alice, l'une des fameuses Montlhéry sisters dont fait partie aussi la mère de Josselin. Josselin de TurbesselJosselin est vraisemblablement l'un des survivants de la malheureuse arrière-croisade de Guillaume de Nevers, parmi ceux qui réussirent à gagner Antioche. Il arrive au bon moment : Baudoin du Bourg, le fils de sa tante Mélisende de Montlhéry, vient d'être enfieffé d'Edesse à la suite de la promotion du comte [15] Baudoin de Boulogne, devenu roi par la mort de son frère Godefroy (1100) [16]. Il reste beaucoup à faire dans un comté fait de small pockets of territory surrounded by lands ruled by autonomous warlords, either Armenian or Turkish...Even those areas under his direct rule had Armenian soldiers and castellans (MacEvitt, 2008, p 75-6). Baudoin du Bourg a besoin de quelqu'un de confiance pour tenir la partie occidentale du comté: Baldwin's response to the disaster at Saruj was to establish his own relatives in positions of authority within the county. It must have been soon after the incident at Saruj [17] that he established his cousin, Joscelin of Courtenay, as the lord of Tell Bashir and Rawandan (id, 80). A                  partir de son installation à                  "Turbessel" (Tell Bâchir), Josselin apparaît dans les                  chroniques  dont certaines,                  rétrospectivement, le                  listent dans les chefs de la Croisade [18]                  ou même le comptent parmi                  ceux qui ont pris Jérusalem [19].                   Le coup d'état de 1118A la                mort du                roi (1118), Josselin, loyal à son cousin et/ou inquiet de                l'éventualité d'un roi étranger, contribue de façon décisive au                "coup                d'Etat" qui donne la couronne à Baudoin du Bourg. Pour autant                que                l'hérédité compte dans l'élection du roi par les barons, le                cousin du                Bourg                n'était pas le candidat naturel. En 1100, la                  couronne                  était passée de                  Godefroy à son frère Baudoin de Boulogne en respectant                  la hereditarie                    successionis antiquissimam legem. Baudoin mourant sans                  enfant                  malgré ses                  deux mariages [24],                  il a pour héritier son                  frère Eustache, comte de Boulogne, que les barons choisissent,                  quoique Josselin                  argue qu'il vaudrait mieux un roi présent et acclimaté                  (comprendre : du                  Bourg). Une                  fois les amis d'Eustache partis le chercher, Josselin réunit à                  nouveau                  le                  conseil des barons. En tant que prince de                    Galilée, il est un des principaux du royaume et du Bourg                  ne manque                  pas de                  soutiens : le conseil révoque la décision précédente et                  élit du                  Bourg                  qui —par un heureux hasard qu'on attribue généralement à                  Josselin— est venu à Jérusalem en pélerinage. Il se fait                  couronner                  aussitôt [25]. Revenons                à                Baudoin II. Après son avènement, pour asseoir son                pouvoir, il place ses parents et amis aux postes de commande.                Pour                récompenser Josselin                (ou l'éloigner ?), il le met à la tête du comté d'Edesse,                et                confie la                Galilée à un autre cousin, Guillaume de Bures. Edesse et AntiocheJosselin                se                réinstalle à Turbessel, dans la partie utile du                comté. Il n'a pas seulement affaire à l'ennemi naturel, il doit                gérer                la relation avec Antioche                qui, en                1108, avait tourné à la guerre ouverte : pendant la                captivité de                Baudoin, la                garde de son comté a été confiée à Tancrède, prince d'Antioche ad                  interim après le départ de                Bohémond. Tancrède l'a déléguée à son cousin, Richard de Salerne                (Richard du principat) dont la régence et les                exactions ont suscité beaucoup de mécontentement. Les deux ne                font                aucun effort                pour obtenir la libération de Baudoin et Josselin. Lorsqu'elle                survient, ils refusent                de rendre le comté. Les deux camps s'affrontent en bataille                rangée,                chacun avec                ses alliés musulmans [28]. II. La chute d'EdesseJosselin I                meurt la même année que Baudoin II                (1131). With Baldwin and with Joscelin                  dead, the old generation of pioneer Crusaders was ended (Runciman).
Comme
Baudoin,                Josselin a épousé une princesse arménienne dont le                capital                relationnel est précieux. Josselin est connu pour sa bonne                entente avec                les                Arméniens que                Baudoin maltraitait. Mais cette réputation vient de Mathieu                  d'Edesse                qui exagère les "persécutions" de Baudoin.                  Mathieu, resté longtemps la seule source                  disponible — quoique, propagandiste de Kogh Vasil et apôtre de                  l'apocalypse, il n'ait                  rien d'un chroniqueur — peut aujourd'hui être corrigé                  (MacEvitt, 2004):                  à                  ses                  débuts, Baudoin occupait une position à la fois éminente et                  marginale                  dans un                  comté tenu par des princes et seigneurs arméniens (eux-mêmes                  en conflit                  permanent). Il lui fallut donc être très actif à leur égard                  pour                  obtenir du                  contrôle. D'où les cris de Mathieu. Après cette phase                  intensive,                  Josselin peut passer à                  l'expansion.                  Celle-ci, par nécessité (main d'œuvre militaire) et par                  attrait                  (pillage,                  conquêtes), se mène conjointement avec les                  Arméniens : While                    Baldwin II had built up the internal structure of the                    county, Joscelin                    was a                    vigorous military leader intent on expanding the county's                    boundaries (MacEvitt,                  93). Josselin IIGuillaume de                Tyr encense Josselin I pour disqualifier les indignes fils
d'un                    tel père. En effet, Guillaume, homme                  d'Amaury, prend parti pour le Régent Raymond de Tripoli dans                  les luttes                  de faction qui                  accompagnent les                  règnes de Baudoin IV (1174-85) et de "Baudouinet" (1183-86).                  Il est                  donc opposé aux enfants de Josselin II qu'il noircit, au                  sens                  propre comme                  figuré.                En stigmatisant ce demi-arménien, il l'a "habillé" pour les                générations futures. Maints historiens, y compris récents,                reprennent                le                tableau :  Il                    avait                    le teint et les cheveux                    noirs,                    le visage large et couvert des cicatrices de la maladie                    vulgairement                    appelée                    variole, les yeux gonflés et le nez proéminent. Il était                    généreux, et                    s'était                    même distingué à la guerre par plusieurs actions d'éclat ;                    mais il                    s'adonnait                    sans aucune mesure à tous les excès de la table, de                    l'ivrognerie, du                    libertinage, et à toutes les impuretés de la chair, au point                    d'en être                    couvert                    d'infamie (Guizot, T. 17, 322)...homme
nonchalant,
indigne                    héritier de la gloire de son père, perdu de débauche et                    dégoûtant de                    souillure, qui méprisait les meilleures voies pour suivre                    les plus                    pernicieuses                (Guizot, T. 18, 24). Du côté                des                historiens musulmans, au contraire, le tardif et canonique                Ibn                al-Athīr (Hirschler, 2014 [33b])                magnifie le vaincu d'Edesse et le prisonnier d'Alep, peut-être                pour rehausser les exploits de son camp. Perfide et rusé, cruel                et                valeureux,                Josselin est le héros de la Chrétienté : Sa                  capture en 1144 est un événement qui                  compte au nombre des plus grandes victoires des musulmans [34]. 1)                Agnès qui                tâtera de la Couronne par le second de ses                quatre mariages (Renaud de Marash, Amaury
frère                  du roi, Hugues de                Ibelin,                Renaud de Sidon) ; 2) Josselin (futur III); 3) Isabelle qui maintiendra l'indispensable alliance arménienne en épousant un prince des montagnes, le rupénide Thoros. Josselin II                apparaît dans toutes les histoires des                Etats latins comme le nom de leur première défaite                stratégique :                son comté,                pièce la plus avancée de l'ensemble latin, est le premier à                tomber.                Guillaume                de Tyr lui reproche d'avoir vécu dans le luxe et la débauche à                Turbessel au lieu de défendre Edesse. Mais, on l'a vu, la partie                au-delà de l'Euphrate a                commencé                à être délaissée dès 1110. La cité d'Edesse est un centre                commercial et                une                forteresse habitée, bien plus qu'une capitale. Ses                fortifications et sa                position avancée et stratégique lui ont valu autant d'attaques                et de                sièges                qu'elle en a repoussés jusqu'à ce que, en 1144,                 le                puissant Zengi la conquière. En 1146, Josselin tente de la                reprendre et                échoue. Edesse et la 2nde croisadeOn                imagine avec                quelle impatience Josselin devait attendre                la seconde croisade et quelle déception elle lui aura apportée.                Initiée                pourtant                par la chute d'Edesse et la nécessité de secourir le Nord, cette                expédition aggravera                la situation : During the period of the                    "second                    crusade" there was no co-operation between north and south,                    and even                    enmity began to replace the indifference which in itself had                    proved so                    harmful.                    The only Moslem wars in which Jerusalem took much interest                    were those                    waged                    upon its own borders...Instead of combining with Antioch and                    Damascus                    against                    Nureddin they awaited the inevitable attack and employed the                    interval                    in                    alienating their allies and in giving Nureddin those                    advantages which                    they                    meantime possessed (Stevenson,                1907, 154-5). Damas et l'incohérence latineElle est                double : la fragmentation des Etats Latins et                la lutte pour le pouvoir à Jérusalem. III. Le repli d'EdesseEn compensation de ses pertes au Nord, le jeune Josselin reçoit de Baudoin III des terres autour d'Acre et un fief-rente sur les revenus du port (Nicholson, 1973). Ses succès militaires lui valent d'être maréchal du royaume (connétable en second) de 1156 à 1159. Sa position s'améliore encore par le mariage de sa sœur Agnès avec Amaury, comte de Jaffa, le frère du roi (1157). Mais Josselin est capturé à la bataille d'Harrim (Harenc, probablement en 1164) avec les autres chefs, Colomon (gouverneur de la Cilicie byzantine), Bohemond III d'Antioche, Raymond III de Tripoli, Hugues de Lusignan. Josselin reste longtemps prisonnier à Alep tandis d'autres se rachètent ou sont rachetés. Il ne réapparaît qu'en 1176, sauvé par sa sœur Agnès. Agnès de Courtenay, reine-mèreAgnès,                fille de                Josselin II, a frôlé la couronne en                1162 quand son époux Amaury l'a reçue. Mais les barons n'en                voulaient                pas comme reine et                Amaury l'a                sacrifiée : une opportune découverte de consanguinité                justifie le                "divorce" [39].                Les                contemporains expliquent l'éviction par des facteurs                personnels :                Agnès                aurait été trop vieille, sa conduite aurait été relâchée, elle                aurait                même été                "bigame" etc. Mais, comme la plupart du temps, les arguments ad
feminam                  cachent et expriment à la fois une lutte de factions.                Béatrice n'avait pas été la seule à se replier d'Edesse. Sa cour                de                barons "réfugiés" entourait Amaury et les barons de Jérusalem ne                voulaient pas d'un roi sous influence étrangère [40]. Sa fille Sybille, reineJosselin                est                aussitôt nommé sénéchal —c'est-à-dire                administrateur—                du royaume. Par                achats, assignements, échanges et héritages, il agrandit son                propre                domaine en                terres et en fiefs-rente et redevient un grand seigneur (la                  seignorie dou conte Jocelin) [41]                et un grand acteur dans                la politique du petit royaume. Il est poussé par Agnès et la                partie des                barons                qui rejettent la prépondérance de Raymond de Tripoli. LiquidationJosselin,                relâché avec Guy en 1188, se heurte avec lui à                Conrad de Montferrat qui vient de sauver Tyr et aspire à la                royauté.                Josselin accompagne                Guy au siège d'Acre (Akka), action par laquelle Guy se pose en                défenseur du                royaume et disqualifie Montferrat : s'il reste dans Tyr, il                est un                lâche ; s'il vient à Acre, il accepte l'autorité du roi. Militarily                  futile it                    might be, but Guy’s move to Acre was politically brilliant (Madden,
2005).                Saladin concentre ses forces pour aider les assiégés et la                troisième                croisade (Philippe Auguste, Richard d'Angleterre etc) apporte                les                siennes aux                assiégeants. La ville finit par être prise en Juillet 1191 après                deux                ans                d'efforts et de résistance. Victoire sans lendemain. La première, mariée d'abord au frère du "roi" Guy, épouse ensuite Othon de Botenlauben, comte de Henneberg, vraisemblablement arrivé avec la croisade germanique de 1197. Plus tard, celui-ci, après avoir vendu aux Teutoniques ce qui restait de la part de Beatrix dans la seigneurie de Jocelin (1220) [43b], retournera avec elle en Allemagne où, dit-on, leur pierrre tombale commune se voit encore au cloître de Frauenroth qu'ils ont fondé en 1231. La seconde s'unit à Guillaume de Mandélée, un Normand de Calabre récemment arrivé dont elle a (peut-être) un fils qui poursuit la lignée outremer. ConclusionAu début                du                XIIIe siècle, quand, en                Orient, le rideau tombe sur cette quatrième                génération des descendants de Josselin de Courtenay et                d'Isabelle/Elisabeth de                Montlhéry, il semble se lever sur une autre branche, celle issue                de                leur deuxième fils,                Milon: son fils, Renaud,                revenu précipitamment de la 2nde                Croisade, a pris part à l'agitation des barons contre le Régent                Suger.                Le roi Louis VII
a                  saisi sa fille héritière, ses terres, son nom et ses armes                et                marié le tout à son petit frère Pierre, tandis que Renaud                  est passé en Angleterre                avec Henri d'Anjou (Henry II) —petit fils du Foulques qui                épousa                la                reine Mélisende, cousine par les Montlhéry. Courtenay                impériaux et Courtenay d'Edesse, à un siècle                d'intervalle, les deux séquences illustrent des aspects opposés                de                l'introduction des Francs dans                un                Orient où ils ne manquent ni d'ennemis, ni d'alliés (souvent les                mêmes). La "révolution des châteaux" qu'ils                importent fait                gagner les premiers Courtenay et perdre les seconds. L'échec des                premiers est dû principalement aux défaites militaires, celui                des                seconds endogène : dans le monde que les Francs de
1204
emportent                avec eux et plantent dans ce qui restait de l'empire grec, il                n'y a pas de place pour un souverain. C'est le paradis des                barons qui                tondent le vilain, s'ébattent, tournoyent, guerroyent et                s'épanouissent                alors que, en                "France" où la pression était à                présent plus forte, ils devaient tenir compte de l'émergence                royale.                Josselin aurait été comme un poisson                dans                l'eau : il aurait épousé une princesse bulgare ou grecque,                fait                hommage à un duc ou un autre et se serait taillé une baronnie.  Références                
                  | |||||
| [1]              Jotischky Andrew, 2009, "Franks and 'Natives' in the Crusader              States :...R.C. Smail dismissed Usama’s evidence                of                Franks adopting local customs as being irrelevant to the                question of                integration. Habits of living were less signs of cultural                assimilation                than of                appropriation; or, at least no more than sensible accommodation                to                external conditions.                Supporting Joshua Prawer’s conclusions about the ethnic                stratification                of                crusader society on the basis of an urban/rural divide…But                Prawer, and                to some                extent his followers Benjamin Kedar and David Jacoby, have also                seen                the danger                that the failure of the state of Israel to create an integrated                society                in                relation to its own non-Jewish subjects, could be seen as a                parallel to                the                Crusader settlement of the twelfth and thirteenth centuries… Cf. aussi Constable, 2001. [2] Le lecteur s'étonnera que je ne mentionne pas le facteur religieux qui, aussi difficile à comprendre qu'il soit pour nous aujourd'hui, est omniprésent. Ce n'est pas que, à la Voltaire, j'en fasse l'habillage hypocrite d'une opération de pillage, ni que je cherche à éviter le thème du clash des civilisations. Ma raison est la suivante : dans ce temps, la religion n'est pas un "facteur", elle est partout, c'est un environnement, un mode de vie. A supposer que Baudoin de Boulogne ait bien les genoux cagneux à force de prières, c'est, comme les jambes arquées du cavalier, de l'ordre du phénoménologique, pas de l'ontologique. La familiarité de ces gens avec ce que nous appelons le surnaturel en fait, pour eux, quelque chose de naturel. Certes, Jérusalem est un mot magique, mais Baudoin se fait prince d'Edesse au lieu de participer à sa libération. [3] Les comtes de villes carolingiens s'autonomisent (comites gratia Dei) et s'implantent dans le pagus où leurs châtelains s'autonomisent aussi tandis que, parallèlement, des "outsiders" édifient des "châteaux adultérins", illicites, d'emblée privés, qu'ils transforment en pouvoir. [4]                  Le                  poids de l'idéologie (mystique de la guerre                    sainte) donne un air blasphématoire à la comparaison                  entre la 1ère                  croisade                  et d'autres expéditions. La "conquête de l'Angleterre par les                  Normands" —accompagnés de Boulonnais et de bien d'autres— et                  l'éviction corrélative des nobles "saxons" illustre à la fois                  la                  fluidité "socio-politique" du monde de ce temps et la                  tentative de la                  stabiliser par un pouvoir royal. Cette opération, commencée en                  1066,                  est énorme                  en elle-même, même sans tenir compte de la suite de l'Histoire                  d'Angleterre par                  laquelle elle fait époque. Au moment de la croisade, les                  fils de Guillaume, comme ceux de Guiscard, sont en                  guerre :                  partout, à ce moment et plus                  tard, de                  telles expéditions se font et souvent se défont. Dans une                  certaine                  mesure, le                  voyage outremer fait partie de la série.  [5] Ce que caricature l'historiographie du XIXe abusée par les tardives Assises en voyant outre mer le type pur de féodalisme : république de barons, avec roi électif subordonné. L'approche politique de la                  croisade                  traditionnelle est "macro", centrée sur les relations avec                  Constantinople ("schisme", prétentions papales, réunification)                  ou sur                  la géopolitique d'un schéma d'affrontement Islam/Chrétienté                  (variante :                  Orient/Occident), ou enfin sur une idée d' "Etat"                  anachronique. Si ces                  grands concepts ont un effet structurant qui facilite le                  travail des                  Historiens (et la lecture de leurs ouvrages), leur pertinence                  est                  problématique et la logomachie jamais bien loin. [6] Quoique ce mot consacré soit simpliste et réducteur, je l'emploierai pour éviter d'avoir à faire la distinction entre Turcs, Turcomans et Arabes quand elle n'est pas nécessaire. [7]                  Qu'il                  ait été dupé (renvoi de Tatikios), qu'il se soit trompé (les                  fuyards                  rencontrés                  peignent au noir la situation des assiégeants, notamment                  Etienne de                  Blois à                  Philomelium *), qu'il ait préféré exploiter en Asie mineure la                  déstabilisation                  provoquée par la croisade, l'empereur était confiant dans ses                  droits                  sur Antioche, perdue moins de quinze ans avant (1084). Il ne                  cessera de                  les faire valoir et, cinquante ans après, l'empire s'imposera. *                  Etienne de                  Blois, retiré au nord                  d'Antioche, bat en                  retraite en apprenant l'arrivée de l'armée de Kerbôga.                  D'après Anne                  Comnène, il rencontre à Philomelium l'empereur en route pour                  Antioche,                  auquel                  il dresse un tableau désespéré de la situation. L'empereur,                  découragé,                  fait                  demi-tour.  [7b] L'expression est prêtée à Alexis par Ekkehard d'Aura, (Hierosolymita, ca 1112) : Francos cum Turcis praeliantes, quanti canes se invicem mordentes ... (RHC occ. T5:30 ). [8] Shepard, 1988, p 98-99 :...Alexius' methods of minimizing the risks involved in employing huge numbers of Cumans in 1091 were very similar to those he used with Crusaders in 1098… Ekkehard of Aura heard in the East the rumour that Alexius said that he "causes the Franks to fight the Turks in the same way as dogs eats dogs". Shepard, 1993 : ...The employment of mercenaries was not, then, necessarily disastrous in itself and the presence in the army of mercenaries from the Latin west was not utterly incompatible with strong and enduring emperors. In fact, Alexius Comnenus, the emperor generally credited with the Byzantine recovery and a noted employer of western mercenaries, had been the young commander who had brought Roussel back to Constantinople in chains in the mid-1070s. Alexius, of all people, might have been expected to know better than to recruit such men, if western mercenaries were so inherently unreliable p 276 . Voir aussi Magadalino, 1996.[8b] La "quatrième croisade" partage avec la première d'être une expédition de barons alors que les infructueuses deuxième et troisième ont été des armées royales. A se demander s'il ne faut pas laisser faire les barons pour obtenir des résultats (aussi horribles soient-ils)! Housley, 2006:66-67 The 4th Crusade was rather anomalous because, after two passagia that were led to the east by kings...there was a reversion to the barional leadership that had characterized the 1rst Crusade...In recent yars the theory of accidents has been in the ascendancy /Donald Queller, Thomas Madden, Alfred Andrea/ have been assisted by two broader trends. One is the collapse of the argument that anti-Byzantine feeling grew inexorabily in the west throughout the 12th cent. Byzantinists suc as Michael Angold and Jonathan Harris have shown that the situation was much more complex. Westerners had no fixed image of Byzantium at the time of the crusade and certainly no one that was suffused by hatred and greed; the 'crusaders' carried with them a blurred image of Byzantium, in which there jostled marvels, tyrants and disinherited princes. The trouble was that once the crusade entered Constantinople's 'force field' prejudices began to reassert themselves... the baronial leaders / de la 4e croisade/ quick realized the similarity between their situation and that of the crusaders in 1099: they possessed rich lands and competition for rulership over them could imperil their situation. [9] Foucher de Chartres le mentionne à propos de l'épisode de sa captivité avec le roi et de leur délivrance (CAPUT XII. De comite Edesseno capto, CAPUT XVI. Quod rex Balduinus sit captus, CAPUT XXIII. Qualiter rex Balduinus de vinculis exiit, CAPUT XXIV. Qualiter etiam comes Edessenus evasit de carcere). Voir Guizot, T24. Guillaume de                    Tyr donne beaucoup plus de détails (Guizot, T17).                  Voilà comment                  il                  l'introduit (p 97) :  [10]                  Livre XVI, Guizot 17, 446 :  Les                    événemens que j'ai racontés jusqu'à ce                    moment [1144] ne m'ont été connus que par les relations des                    hommes qui                    avaient                    conservé un fidèle souvenir de ces temps anciens ;                    aussi,                    semblable à                    celui qui va mendiant les secours étrangers, ai-je éprouvé                    beaucoup                    plus de                    difficulté à reconnaître la vérité, la série des faits, et à                    constater                    l'ordre                    des années. Je n'ai négligé aucun soin dans tout le cours de                    mon                    travail, pour                    demeurer toujours narrateur fidèle. Tout ce qui va suivre                    maintenant,                    je l'ai                    vu en partie de mes propres yeux, ou bien les hommes qui ont                    assisté                    eux-mêmes                    aux événemens m'en ont informé par un fidèle récit. [11]                  Si                  la surabondante historiographie des Croisades a quelque chose                  d'un                  champ de                  batailles mondial (Papauté/Réforme,  Chrétienté/Islam,                  Orient/Occident, Jérusalem...), la française a été                  marquée                  par la guerre civile (fils des Croisés vs fils de                    Voltaire)                  et                  par l'appropriation nationale du générique Francs.                  Aujourd'hui,                  après l'orientalist turn, Grousset —toujours réédité —                  est                  obsolète. Outre l'étroitesse                  de son point de vue et l'insuffisance de ses sources, il péche                  par son                  biais national à la Michaud-Rey-Madelin : la vieille                  prétention de la                  France                  à                  représenter                  les Chrétiens d'Orient, le mandat sur                  la                  Syrie-Liban et l'arrière-plan colonial, le mépris à l'égard                  des Levantins,                  disqualifient cette monumentale narration qui paraît si                  instructive au                  lecteur innocent. Malgré son titre, il faut la considérer                  comme une                  continuation de l'Empire des steppes plutôt qu'une                  "histoire des                  croisades". Jotischky 2009 : A generation of French historians – Emmanuel Rey, Louis Madelin and Gaston Dodu in the late 19th and early 20th centuries, and René Grousset in the 1920s and 30s inherited assumptions made on the basis of a combination of contemporary politics and perceptions of French historical traditions. Voir aussi Constable, 2001 et, pour une mise en perspective historiographique: Tyerman, 2011, The Debate on the Crusades, en particulier, les chapitres 5 et 6 : "Scholarship, politics and the 'golden age' of research" et "The end of colonial consensus". Je regrette vivement de n'avoir accès qu'en traduction à la littérature allemande, ce qui m'en fait ignorer la plus grande partie. A part l'épisode Richard Lionheart                  qui                  a suscité un délire tardif, la faible participation anglaise                  aux Croisades successives a évité leur appropriation lorsque,                  au XIXe,                  chaque pays européen les a intégrées à son roman national.                  Sans                  soupçonner une espèce de revanche dans l'explosion critique                  actuelle,                  je me réjouis que l'historiographie anglo-saxonne récente, en                  déconstruisant les vieux                  modèles, ouvre de nouvelles perspectives.  [12] One of Atto’s grandsons, the formidable Joscelin I (d. 1131), went to Outremer around 1101 and became lord of Turbessel in the county of Edessa, then ruled by his cousin, Baldwin II (of Bourcq). Although Baldwin deprived him of this lordship in 1113, Joscelin went to the kingdom of Jerusalem and was made lord of Tiberias. When Baldwin II himself became king of Jerusalem, he appointed Joscelin as his successor in Edessa. Joscelin’s family, by means of conquest and skillful family politics, particularly through close relations and intermarriage with the Latin and Armenian nobility, acquired a powerful position. Even though the county of Edessa was overrun by the Muslims during the reign of Joscelin II (d. 1159), his children became key figures in the kingdom of Jerusalem: Agnes (d. after 1186) married Amalric, count of Jaffa, and her brother Joscelin III (d. 1200) became seneschal of the kingdom. Although Agnes was divorced when Amalric became king (1163), both she and Joscelin acquired great influence during the reign of her son Baldwin IV (1174-1185). They were also instrumental in appointing Eraclius as Latin patriarch of Jerusalem (1180) and securing the crown for Agnes’s daughter Sybil (1186). Their actions have largely been seen in a negative light by historians, partly due to the historiography of William of Tyre, whom they opposed. Joscelin III’s daughters married husbands from the West and sold part of his estates to the Teutonic Order (Alan V. Murray, ed, 2006, The Crusades - An Encyclopedia). [13] Cahen Claude, 1940, La Syrie du nord à l’époque des croisades et la principauté franque d’Antioche, Damas, Presses de l’Ifpo auquel Amouroux, 1988 n'ajoute pas grand chose (Amouroux-Mourad Monique, 1988, Le Comté d’Édesse (1098-1150), Beyrouth, Presses de l’Ifpo). [14] A closely related group of them which shared descent from a Castellan in the Ile-de-France called Guy of Montlhery, were dominant in the settlements in the Levant established in the wake of the First Crusade and had a stranglehold on the movement. The king of Jerusalem was one of them. The semi-independent county of Edessa in northern Iraq and the two most important lordships in Palestine were in the hands of cousins. A fourth cousin was abbot of one of the most prestigious monasteries in Jerusalem, and a fifth was patriarch (although he proved to be a liability). Marriage-alliances had been made with the rulers of the two other settlements, the principality of Antioch and the county of Tripoli. Of the two crusades to the East of the 1120s, one was proclaimed in response to an appeal from the king by a pope who was his cousin and the preaching of the other seems to have been organized entirely by the king himself. Few knights gained much in material terms from the crusades, but the Montlherys benefited spectacularly, even if their ambitions were never entirely fulfilled. (Riley-Smith, 1997, First Crusaders, p 7-8). [15]                  C'est un "comté" de fait. Baudoin de Boulogne n'était pas                  comte mais                  le troisième fils du comte de Boulogne (Eustache aux                    gernons). Il se fait lui-même comte                  d'Edesse pour                  afficher qu'il en est le chef. Quand il le                  laissera à Baudoin du  Bourg,                  celui-ci lui prêtera hommage. Et du                  Bourg sera comte sous la suzeraineté                  personnelle du roi, comme après lui Josselin. [16]                  Godefroy de Boulogne —de Bouillon par héritage maternel—                  deviendra                  un mythe, au point de figurer au début du XIVe  parmi les                  neuf                    preux, l'un des trois héros chrétiens                  à côté de Charlemagne et du roi Arthur ! Dès le XIIe                  siècle, la                  légende lui donne pour mère Ida, la fille du chevalier au                  cygne qui est                  déjà populaire quand Guillaume de Tyr écrit                  (cf. Foulet,                  1989). Mais toutes ces merveilles sont posthumes. C'est au contraire pour sa médiocrité qu'il fut choisi par les barons parce que les Grands (et leurs factions) étant opposés entre eux, aucun consensus n'était possible. D'autre part, le patriarche réclamant que Jérusalem soit sous l'autorité du pape, il ne fallait pas le provoquer. Enfin, disent les partisans du super-féodalisme d'outremer, les barons voulaient une "république de barons" et non un royaume. Ces conditions —plus que l'humilité dont fait état la légende— expliquent que Godefroy ne soit pas roi mais avoué du St Sépulchre. A sa mort, le patriarche tente de prendre le pouvoir et Tancrède de le saisir. Baudoin l'attrape de justesse et mettra plusieurs mois avant de se sentir assez fort pour se faire couronner. [17] Saruj commande le gué sur l'Euphrate. Prise par Baudoin de Boulogne, la ville est perdue puis reprise. Mathieu déplore un massacre des Arméniens chrétiens. Une autre source examinée par MacEvitt montre que la ville a été reprise grâce à la population chrétienne qui s'était enfermée dans la citadelle et que les musulmans seuls ont été massacrés. [18] C'étaient des chefs illustres, rejetons de familles souveraines, éminents par leur foi et leur piété, et élevés dans la pratique des bonnes oeuvres. Voici leurs noms: le valeureux Godefroy (Gontoph'rê), issu de la race des rois des Romains…puis venait le comte Josselin (Djoslïn), distingué par sa bravoure et sa force. Ces intrépides guerriers s'avançaient avec des armées innombrables comme les étoiles du firmament, Chron. Mathieu d'Edesse, Bibl. hist. arm., 1868, p 213). [19] De Mandach a voulu voir dans Josselin le Jozeran (Josseran, Josserand) des chansons de geste : Le charisme de Joscelin/Jozeran éblouit tour à tour les remanieurs de la chronique de Foucher de Chartres et de la Chanson de Jerusalem et l’auteur du Baligant (André de Mandach, 1961, Naissance et développement de la chanson de geste en Europe, VI, Chanson de Roland - transferts de mythe dans le monde occidental et oriental, Droz, p 195). [20] La dernière deviendra une légende: emprisonné avec le roi Baudoin II et le cousin Galéran du Puiset, ils s'emparent du château. Josselin part chercher des secours, traverse les lignes ennemies, se déguise en paysan, franchit l'Euphrate accroché à deux outres. Pendant ce temps, le château est assiégé et repris. Ses défenseurs massacrés, sauf le roi, son neveu et Galéran. Josselin revenant avec les secours, apprend qu'il est trop tard et commet d'immenses ravages en représailles. Cet épisode abondamment repris (d'Albert d'Aix à Orderic Vital) illustre aussi le soutien arménien à Josselin. [21] Stevenson, 1907, 153: For nearly fifty years Edessa was the bulwark of the Latin states. A glance at the map shows the importance of its position. It stood like a rampart opposite Mosul and nearest the capital of the caliphs. It commanded the roads from Mosul to Aleppo and penetrated like a wedge between Moslem Syria and the emirates of Mesopotamia. By menacing east and south it isolated Aleppo and protected the Syrian Latins…The gain of Aleppo when Edessa was destroyed was threefold : its communication with the east was secured ; its enemy was now in front, no longer in the rear as well ; it in turn began to encircle what was left of Latin territory. [22] Baldwin of Le Bourg, on the King’s advice, took the decision that it was useless to try and protect the country east of the Euphrates. He had wept to see how it was ravaged by Mawdud while he was besieged at Edessa. He planned to keep garrisons only in the two great fortresses of Edessa and Saruj and in a few smaller castles, but to make no attempt to guard the frontiers (Runciman, Crusades II). [23] Guillaume (qui, sur cette période, écrit par ouï-dire) raconte ainsi l'affaire : il s'éleva dans le pays d'Edesse une horrible famine..Quoique sa province fût richement pourvue de toutes choses, Josselin, moins sage que de coutume, et se rendant coupable d'ingratitude , ne s'empressa point d'offrir la moindre partie de son superflu à son seigneur, à son parent, des bontés duquel il tenait cependant toutes ses richesses (Guizot, T. 17, p 164) …/lequel/ ordonna de se saisir de sa personne, de le charger de fers, et le fit accabler de toutes sortes de maux et de tourmens, par un revers de fortune non moins étonnant que déplorable, jusqu'à ce qu'il eût renoncé à tout le pays qu'il gouvernait, et remis entre les mains du comte tous les dons qu'il en avait reçus. Alors, sortant du territoire d'Edesse, et dépouillé de toute sa fortune, Josselin se rendit auprès du seigneur Baudouin, premier roi de Jérusalem, lui raconta en détail tous les malheurs qu'il venait d'éprouver, et lui annonça le dessein de retourner dans sa patrie. A ce récit, le roi, jugeant que Josselin pourrait rendre de grands services à son royaume, et voulant se fortifier de son assistance, lui donna la ville de Tibériade avec tout son territoire, pour être possédée par lui à perpétuité (p 167). [24] Baudoin le saint a d'abord épousé une princesse arménienne puis Adélaïde, comtesse de Sicile, dont il a dévoré les biens avant de la renvoyer en "s'apercevant" tardivement que son premier mariage n'avait pas été annulé. [25] The death of Baldwin I of Jerusalem on 2 April 1118 as he withdrew with his army from Egypt provided the Montlherys with the opportunity to stage a coup d’état.. there can be no doubt that Joscelin of Courtenay, who as lord of Galilee was the greatest magnate in the kingdom, had manipulated a parlement to get his first cousin the throne...the rest of the kin, were soon rewarded, as they had to be, given the importance to a new king whose legitimacy was open to question of having his 'natural friends' in positions of trust (Riley-Smith, 1997, First Crusaders, p 173-4). [26] Fulk's acceptance of the hand of Melisende had followed long negotiations, the matters at issue being the legitimacy of Baldwin's position and Melisende's status as an heiress to the throne (Riley-Smith, 1997, p 183). [27] Au moment de l'affaire supposée entre Hugues et Mélisende, son époux, Foulques, qui, jadis, a rudement centralisé l'Anjou, s'emploie à placer des hommes neufs aux postes clefs pour s'emparer du pouvoir que le testament du roi Baudoin II lui prescrit de partager avec la reine. Orderic Vital : Trop prompt dans ses mesures, il changea sans raison les prévôtés , et d'autres dignités. Le nouveau prince éloigna de son intimité les principaux seigneurs…il prêta une oreille trop facile aux étrangers venus d'Anjou qu'il leur avait substitués, et aux autres gens sans expérience qui étaient nouvellement arrivés. C'est ainsi qu'en éloignant les anciens titulaires, il confia aux nouveaux flatteurs les délibérations du conseil et la garde des places. Il en résulta un profond ressentiment, et la fierté des grands se souleva d'une manière condamnable contre le novateur inexpérimenté (Hist. eccl., Livre 12, In: Guizot, T. 28, 422-3). Mélisende bénéficie ainsi du soutien de nombre de barons des anciennes familles sous le drapeau de Hugues, son cousin par les Montlhéry. La rumeur qui imputait aux sentiments la connivence entre Hugues et Mélisende avait pour fonction de discréditer le comte, de décrédibiliser la reine et, éventuellement, de préparer sa répudiation et son envoi au couvent. Hugues s'enfuit et s'allie aux Egyptiens d'Ascalon, trahison si énorme qu'elle oblige ses amis à le rejeter. Que l'affaire soit politique est attesté par la bénignité du chatiment final de Hugues (trois ans d'exil), les menaces de la reine contre les hommes du roi et sa personne et, en fin de compte, la renonciation de Foulques à son projet. Il devient tout dévoué à son épouse (uxorious) et ne prend plus de décision sans elle (cf. Mayer, 1972; Besson, 2015). [28] Après sa libération, Edessa was then restored to count Baldwin, September 18, 1108...Then began a strange double civil war between Tancred and Ridvan of Aleppo on one side and Le Bourg and Chavli on the other (Fink, in Setton, 1969, volume I, 394). Cf. le récit épique du combat de Josselin et ses alliés musulmans contre Tancrède et ses alliés musulmans en 1108, transmis tardivement (XIVe) par l'historien Ibn al-Furāt, et publié in Cahen Claude, 1983, Document VI, p 226-7. [29]                  Cahen, 1940, Ch. II, Topographie historique et archéologique,                  §67 : Azâz (latin
Hasart),                      où se croisaient les routes d’Antioche à Tell-Bâchir et                      d’Alep                      à                      Mar’ach, était une place d’une importance capitale...La                      forteresse même                      de                      ‘Azâz était construite sur un gros tell, et possédait une                      double                      enceinte et                      des bâtiments annexes en bas du tell. [30] Guillaume de Tyr (Guizot, T17) : /1126: arrivée de Bohémond le jeune à Antioche/ Cependant de graves inimitiés ne tardèrent pas à éclater entre le jeune prince et le comte d'Edesse, Josselin l'ancien...Les choses en vinrent à ce point que Josselin, agissant contre toute honnêteté, contre toutes les règles de notre temps, et laissant à sa postérité l'exemple le plus pernicieux, appela à son secours les Turcs et les essaims des peuples infidèles. Fort de leur assistance il ravagea tout le territoire d'Antioche par le fer et le feu, et livra ses habitans, serviteurs du Christ, au joug d'une indigne servitude…Aussi, lorsque cette conduite fut connue, le seigneur Josselin encourut-il à juste titre la haine et l'indignation de tous ceux qui en entendirent parler, et tous l'accablèrent de malédictions. La renommée en instruisit aussi le roi de Jérusalem... p 296 le roi partit en toute hâte pour tâcher d'aller mettre un terme à ces différends..et parvint enfin à rétablir la paix entre les deux rivaux p 297. [31] Guillaume de Tyr: à peine la renommée avait-elle annoncé sa prochaine arrivée, qu'il /l’empereur Jean/ se trouva sur le territoire du comte d'Edesse, avec toutes ses troupes, et fit dresser son camp presque à l'improviste, sous les murs de Turbessel. Ce château, fort et riche, est situé à vingt quatre milles (ou peut-être un peu plus) des bords de l'Euphrate. Dès qu'il y fut arrivé, l'empereur fit demander au comte Josselin le jeune de lui livrer des otages. Le comte frappé d'étonnement en apprenant une invasion si subite, voyant d'une part des armées innombrables et telles qu'il semblait qu'aucun roi de la terre ne pût en entretenir de semblables, d'autre part l'état de dénûment dans lequel il se trouvait lui-même et l'impossibilité absolue de tenter quelque résistance, se faisant de nécessité vertu, envoya en otage l'une de ses filles, nommée lsabelle. L'empereur n'avait fait cette demande qu'afin de le lier plus étroitement à ses intérêts et de s'assurer davantage de sa fidélité pour l'exécution des ordres qu'il aurait à lui donner (Guizot T. 17, 428). [32] Stevenson, 1907, 148: The emperor John left Syria in 1138 with the intimation that he would return at the earliest opportunity. He did return in the latter part of the year 1142. His intention was to reduce the Latins of the north to what he considered their due obedience. Before the Turkish conquest the Latin possessions had belonged to the Greeks and the leaders of the first crusade had sworn to restore them to the emperor Alexius. On these grounds John held that the country of Raymond and Joscelin rightfully belonged to him and that the Latin princes were only his vassals. He led his army first against Tell bashir. Joscelin attempted no resistance and gave hostages in token of submission. Then the emperor marched to Antioch…There he died in April 1143…Finally Manuel's generals reduced Raymond to submission. Some time in 1144 he was compelled to go in person to Constantinople and there take an oath of allegiance as the emperor's vassal... [33]                  Diehl, 1903 : during the whole of                    the twelfth century they /the Greeks/persistently endeavored                    to turn                    the oath                    of allegiance taken in 1097 by the crusading princes into                    the                    foundation of a                    real sovereignty of the Greeks over the states of Latin                    Syria  (p111)…After his example                    /Raymond d’Antioche                    1137/, Raymond of Tripoli and Josselin of Edessa                    acknowledged                    themselves                    vassals of the Emperor, and during the whole of 1138 John                    Comnenus, at                    the head                    of the Latin princes, waged war against the Mussulmans, and                    appeared as                    the                    undisputed master of Northern Syria (p112)                    …in                    1142 he reappeared in Syria. He obliged the count of Edessa                    /Josselin II/ to give him his daughter as a token of                    fidelity ; he                    ordered                    Raymond of Antioch to hand over his capital ; finally, he                    extended his                    ambitions to Jerusalem…For a moment, the unexpected death of                    the                    Emperor                    (April, 1143), gave confidence again to the Latins ; and the                    impetuous                    Raymond                    of Antioch thought the moment a fitting one for reconquering                    the                    citadels that                    the Byzantines had deprived him of in Cilicia. But Manuel                    Comnenus was                    not less                    energetic than his father…Briskly attacked by land and sea,                    Raymond had                    to come                    and humbly sue for pardon at Constantinople…When, in 1149,                    the prince                    of                    Antioch was killed in battle, Manuel offered his protection                    to the                    widow, and                    tried to induce her to accept as her husband a prince of the                    imperial                    house.                    When, in 1150, Count Josselin of Edessa fell into the hands                    of the                    Saracens,                    the Basileus gave protection and support to the wife                  (p113) … /après les méfaits de Renaud de                    Chatillon                    en Cilicie, et à Chypre/ in 1158. Manuel, exasperated,                    invaded                    Syria with                    a large army; his sudden arrival and the rapid conquest of                    Cilicia                    caused an                    extraordinary panic at Antioch. Resistance was impossible.                    Renaud had                    to submit                    to humiliation (p114)…The state                    entrance of the Basileus into Antioch was a still stronger                    proof of his                    victory                    (May, 1159)…Undisputed master of Syria, Manuel really                    appeared as the                    protector                    of the Latins…To the end of the twelfth century these close                    relations                    lasted.                    Family unions strengthened and cemented the ties. As early                    as 1157, the                    king of                    Jerusalem, Baldwin, had married Theodora, the Emperor's                    niece; his                    brother                    Amaury had married a princess of the race of the Comneni. On                    his side                    Manuel,                    after the death of the first queen, sought the hand of the                    princess of                    Tripoli,                    Melisenda, and finally, in 1161, married the beautiful Maria                    of                    Antioch. The                    sovereigns of Frankish Syria came constantly at this period                    to                    Constantinople (p115) …and the Greek                    influence                    spread more                    and more in Syria…Syria of the second half of the twelfth                    century                    seemed                    completely subservient to the imperial policy…Undoubtedly                    the death of                    Amaury                    (1173), which left the throne of Jerusalem to children, the                    conquest of                    Syria                    by Saladin (1174), and the death finally of Manuel (1180)                    soon brought                    to                    naught these apparent successes of Byzantine policy...(p116). [34] Ibn al-Athīr (c 1230, Al-Kāmil fī At-tārīkh, Histoire Complète) parle de Josselin Ier comme un des guerriers les plus braves d'entre les Francs (RHC orientaux, T1, 261), un des Satans de l'infidélité (ibid, 344) et de Josselin III comme un de leurs personnages les plus illustres et les plus braves (RHC orientaux, T2.2, 221) mais, pour lui, le grand Josselin, c'est le deuxième, celui qui a été vaincu: Josselin, grâce à sa bravoure et à son esprit de ruse, était l'âme des conseils des Francs et le chef de leurs armées. Josselin (que Dieu le maudisse!) était, sans contredit, le héros des Francs; il réunissait la bravoure et la prudence (ibid, 480). Et dans le Al-Tārīkh al-bāhir fī al-Dawlah al-Atābakīyah bi-al-Mawṣil (1218, Histoire des Princes Atabegs de Mossoul) : Josselin, leur héros et leur démon inspirateur, le commandant de leur cavalerie et de leur infanterie (RHC orientaux, T2.2, 118). Sa capture en 1144 est un événement qui compte au nombre des plus grandes victoires des musulmans: Ces soldats fondirent sur les Turcomans près desquels se trouvait Josselin, se saisirent de sa personne...Cette prise fut au nombre des plus grandes victoires des musulmans; car Josselin était un démon orgueilleux, acharné contre les musulmans et d'un cœur dur. Toute la chrétienté fut atteinte par sa captivité (Al-Kāmil, RHC orientaux, T1, 481). Et dans le Al-Tārīkh al-bāhir : La prise de Josselin valait pour les musulmans une grande victoire, puisqu'il était le démon le plus pervers de tous les Francs et l'ennemi mortel des musulmans. Quand les Francs entreprenaient une expédition, ils lui en confiaient toujours le commandement, tant ils appréciaient sa bravoure, sa prudence, son animosité contre l'islamisme et la dureté de coeur qu'il montrait envers ceux qui professaient cette religion. Sa captivité fut un grand coup pour toute la chrétienté, et ses coreligionnaires ressentirent vivement sa perte. Leur territoire se trouvait maintenant privé de son protecteur et leurs frontières de leur gardien. Après sa disparition, la lutte contre les Francs devint pour les musulmans bien plus facile. Cet homme était rempli de ruse et de perfidie : toujours prêt à oublier ses serments et à rompre ses engagements, il faisait des traités de paix et de trêve avec Nour ed-Dîn, et, chaque fois qu'il s'était mis à l'abri du danger par des promesses et des conventions, il s'empressait de les trahir. Mais sa perfidie et ses ruses tournèrent enfin contre lui-même; car la perfidie retombe toujours sur son auteur (Korân, xxxv, 41)…Les poètes composèrent beaucoup de pièces au sujet de cet événement (la prise de Josselin)…(RHC orientaux, 2.2, 183-4). [35] Les relations entre Aliénor et Raymond d'Antioche ont préoccupé de nombreux historiens et excité les romanciers. Aliénor est restée dans l'Histoire comme une flirteuse ou, au moins une imprudente. A propos d'un cas similaire — les cousins Mélisende et Hugues du Puiset en 1132 (cf. supra)—, les analyses récentes des medieval emotions (Rosenwein 2002) aident à réinterpréter ces rumeurs: la jalousie des rois, comme leur colère, est toute politique (Besson, 2015). Aussi spontanées qu'elles soient, elles fonctionnent comme une "technology of power" : displays of grief often constituted political acts inextricably associated with the process of making a legitimated political claim (White, 1998, 146-7). La rumeur Raymond-Aliénor mériterait un décryptage analogue : le déni du caractère politique du conflit entre un roi et son épouse ; non reconnue comme chef de faction, elle est renvoyée à sa nature de femme et discréditée par une rumeur amoureuse (qui en fait une criminelle potentielle). Alep et Damas, Raymond et Aliénor : ne nous trouvons-nous pas devant un désaccord stratégique entre le Nord et le Sud des Etats Latins, entre Aquitains et Français, habillé de romance et traité en scène de jalousie ? [36]                  When                    the great counts cooperated on campaigns against a common                    enemy, it was                    as                    allies, and not because they were bound to serve together.                    Ibelin, in                    enumerating the military resources of the kingdom, does not                    evensuggest                    that                    any service was due from any of the great counties outside                    of the                    principality.                    The counties were outside of the realm as far as military                    service was                    concerned (La                    Monte, 1932, p 198). [37] Service outside the realm was also strictly limited by the laws and even more in practice. The Livre au Roi, the oldest expression of the laws and customs of Outremer, says that the king has no legal right to demand service outside the realm for his own profit or need, 'por nul besoing de luy qu'il en ait',—but that if he orders his vassals to serve for the profit or need of the realm, — 'por le profit dou reaume ou por le besoing de la terre' —the liegemen are held to serve at the expense of the king…The reaume refers to the principality itself, and Antioch, Edessa, and Tripoli were all considered outside of the limits within which free and unlimited service was due (La Monte, p 155). [38] Cf. Lambert, 2012. Outremer, les femmes exercent plus souvent le pouvoir qu'en Occident et sont plusieurs fois "rois" ou co-roi, que cela soit dû au dynamisme d'un "esprit de frontière" et/ou à la surmortalité masculine et à la rareté relative des femmes, tandis que, en Occident, les femmes ne peuvent régner qu'à travers un homme, mari ou fils (voir l'empérière Mathilde). De ce fait, au XIIIe siècle, les enlumineurs occidentaux de la chronique de Guillaume de Tyr ne peuvent généralement pas concevoir la royauté de Mélisende qui est peinte comme subordonnée au roi et non comme co-roi. [39] Guillaume (Livre XIX), après un long panégyrique de son roi préféré, écrit : Amaury se vit contraint cependant de renoncer à sa femme. Lorsque dans le principe il s’unit avec elle en mariage, il l’épousa contre le gré et malgré l’opposition expresse du seigneur patriarche Foucher, de précieuse mémoire, parce qu’on disait qu’ils étaient cousins au quatrième degré, comme cela fut solennellement prouvé dans la suite (Guizot, T. 18, 166) et détaille longuement les origines de ce cousinage. [40] Nicholson résume le dossier (Note 70, p 31) : Runciman (History, p. 362) believes that the barons of the Kingdom of Jerusalem as well as the Patriarch demanded the annulment of the marriage and that their action resulted not solely from grounds of her consanguinity, which was well known, but also from the fact that "She was considerably older than Amalric ...." and "her reputation for chastity was not good". Richard /Richard Jean, 1953, Le royaume latin de Jérusalem, p. 77/ believes that …"l’hostilité des barons visait surtout son entourage, composé de barons Edesséniens dépossédés qui s’étaient repliés en Palestine, et dont ils ne pouvaient souffrir l'influence sur le roi". This same scholar (op. cit., p. 78) observes, in connection with the annulment of this marriage, that "Aussi est-il vraisemblable qu'en éloignant Agnès d'Edesse, l’opposition cherchait à se débarrasser de la camarilla Edessénienne qu'elle ne réussit pas à écarter." [41]                  La                    Monte, 1932, 147: The total holdings of Count                      Joscelin formed                      one of                      the greatest seignories in the East, and much of his                      wealth came from                      the many                      money fiefs which he held.  La Monte, 1938 :...the seigneury of Joscelyn, known then as now only by that rather indefinite title, was never an homogeneous unit but was always an agglomération of separate entities welded together by the man who acquired them and dispersed almost immediately after his death…The seigneury of Count Joscelyn is rightly so called. In the first place it had no capital city like Tiberias, Jaffa, Naplouse, Rama, Caesarea or Sidon ; it had no great fortress like Toron or Montréal which dominated the entire fief ; it had no natural limits or focal point,— only the shrewd and ambitious policy of Joscelyn himself gave it unity (p 301). [42] La vie conjugale de Sybille est accidentée. Héritière présomptive, elle apportera la couronne à un mari qu'on lui cherche apte à la porter. Le comte de Sancerre ayant déclaré forfait, c'est Guillaume longue épée, fils aîné du marquis de Montferrat qui l'épouse en 1176 et meurt aussitôt de maladie, laissant un fils posthume, Baudouinet. Le duc de Bourgogne, pressenti (1179) tarde trop. Sybille veut épouser Baudoin de Ibelin, sgnr de Rama, mais il est capturé et quand il revient il la trouve fiancée à Guy de Lusignan qu'a jeté dans ses bras son frère Amaury de Lusignan, connétable du royaume, allié à la reine-mère Agnès. [43]                  Lignages d'Outremer, chapitre XXVIII : Ci dit des contes                  de Rohais                  (¶Edessa : grec,  Edessa;                  arabe: الرها                  ar-Ruhā ; Kurde, Riha ;                  latin, Rohais) [43b] Les donations du début du XIIIe siècle ne contiennent que des biens-fonds de faible importance...Le 30 mai 1220, grâce à l'aide financière de Léopold d'Autriche...les Teutoniques achètent la seigneurie de Jocelin III de Courtenay, dite du "chateau du Roi", vaste complexe territorial qui s'étend au nord-est d'Acre et sur lequel Herman de Salza a des vues depuis 1215. C'est la première réalisation des projets du grand maître: la constitution d'un domaine contrôlé par l'Ordre. Lorsqu'en janvier 1226, Frédéric II confirme à l'Ordre l'ensemble de ses possessions de Terre Sainte...(il) attribue en outre aux Teutoniques tous les biens dépendant de la seigneurie de Jocelin et qui se trouvent alors aux mains des Musulmans... Gougenheim Sylvain, 2007,                    Les Chevaliers Teutoniques,                      p 33-34. | |||||