Au
temps le roy Robert, fonda le chastel de Courtenay, Haston, le fils d'un gastelier du chastel Renart, chevalier fu par son sens et par son avoir. Une grant dame espousa dont il engendra Jocelin de Courtenay, et cil Jocelin espousa la fille le conte Gieffroy-Foirole. De celle dame eut deulx fils Guy et Renart, le conte de Joingny. Icil Jocelin, après la mort de celle première dame, espousa Ysabelle, la fille Millon de Montlhery. En celle engendra Millon de Courtenay, et Jocelin, le conte d'Edesse, et Gieffroy Chapalu. Cil Mille de Courtenay engendra trois fils de la sereur le conte de Nevers : Guillaume, Jocelin et Renaut. Cil Renaut engendra la femme Pierre, le frère le roy et la femme Avalon de Selgny (Grandes chroniques de France, ed. Paulin Paris, Tome 3, 1837, p 170 [1]). Les
généalogistes des Courtenay, pressés d'arriver à Louis le gros, recopient le continuateur d'Aimoin : du temps du Roi Robert, Hatton fonda le château de Courtenay etc. Mais d'où sort Hatton ? de la révolution des châteaux. A partir du dixième siècle, les "châteaux" se multiplient, se concurrencent, militarisent l'espace et changent la technique de guerre. L'origine du processus est hybride, à la fois "publique" et "privée" (Le Jan, 1995). Du côté public, ce sont les insiders, les comtes carolingiens, commis au gouvernement des villes et de leur pagus : eux-mêmes ou leurs vicomtes implantent des points d'appui dont les gardiens s'efforcent de s'autonomiser et de patrimonialiser le pouvoir de ban. De l'autre côté, des "outsiders" édifient des "châteaux adultérins", illicites, d'emblée privés, qu'ils transforment en pouvoir. De même que les comtes s'autocratisent en substituant "Dieu" au Roi pour légitimer leur puissance (comites gratia Dei), s'autorisant ainsi à transmettre héréditairement leurs droits ; de même les châtelains. Ceux qui réussissent le mieux, devenus sources de droits, d'honneurs et de cadeaux, tissent de nouveaux réseaux de parentèle et de clientèle. Dans un univers très compétitif et très aléatoire (mortalité, volatilité), tout succès reste contesté et éphémère. Comme tant d'autres, nos premiers "Courtenay" résultent de l'atomisation du comte de ville, de son explosion en châtelains de pays. Le point de départ se trouve à Sens, aux limites de la future Champagne et du futur duché de Bourgogne. Pendant près d'un siècle (936-1015), un Fromond [2] et ses descendants, s'imposent comme comtes héréditaires de Sens, tentent d'en nommer l'archevêque, et s'emparent de biens ecclésiastiques qu'ils confient à leur clan pour se constituer un réseau d'appuis. Les difficultés ne leur manquent pas car le comté, par sa richesse et sa localisation, suscite la convoitise de groupes bourguignons, franciens, blésois, lorrains et germaniques. Se succèdent : Fromond (936-948), Rainard le vieux (948-999), Fromond (999-1012), Rainard le mauvais (1012-1055). A la fin, nos comtes perdent la ville. Le groupe familial se réorganise et développe les bases antérieurement plantées dans le pagus. Une ligne deviendra Courtenay. Je ne peux qu'esquisser cette histoire : la documentation manque, les circonstances sont confuses et le référentiel des acteurs nous échappe [3]. 1.
Comtes et archevêques de Sens Le comte et l'archevêque, quoique en concurrence dans la cité et ses entours, ne jouent pas à la même échelle. Le pagus de Sens correspond approximativement à la partie Nord de l'actuel département de l'Yonne, tandis que la province ecclésiastique rassemble les diocèses de Chartres, Auxerre, Meaux, Paris, Orléans, Nevers et Troyes (CAMPONT). L'archevêque de Sens, comme celui de Reims, se veut faiseur et conseiller de roi. Jusqu'en 1027, il en sacre davantage que son confrère [4]. Le premier regarde vers la Neustrie, le second vers la Lorraine. Des deux côtés, on trouve de grands noms : Wenilon (Ganelon), Anségise, Gautier, Liéry... à Sens [5] ; Hincmar, Foulques, Adalbéron et Gerbert... à Reims. Pour le comte, influencer la désignation de l'archevêque est une tentation autant qu'une nécessité. Outre les droits que les évêques détiennent ou revendiquent sur les abbayes et leurs richesses, ils contrôlent directement ou indirectement une partie du pays. De plus l'archevêque, par son autorité et son influence sur les évêques suffragants, comme par ses relations avec les Grands, est un levier à grand rayon d'action. Le dernier de nos comtes, Rainard [Renaud, Régnier, Rainier, Renard...], lorsqu'il relaie son père (1012), hérite d'un échec : en 999, le candidat familial a été évincé par Liéry [Léotheric, Liétry]. L'impuissance des comtes à contrôler l'archevêque leur est fatale : en 1015, Liéry livrera la ville au roi, obligeant le comte à s'enfuir, si dégoûté ou affaibli que, ultérieurement, en 1032, il ne participera pas à la guerre pour la succession de Liéry, conduite par Eudes de Blois dans le contexte de la révolte des Grands contre le nouveau roi Henri. Revenons en arrière. Trois générations plus tôt, quand le robertien Hugues le grand conquiert l'héritage de Richard de Bourgogne, il prend Sens (936) et désigne comme vicomte un certain Fromond (peut-être celui qui tenait la ville pour Richard [6]) qui, naturellement, s'emploie à s'autonomiser et à se faire comte. Il connaît des revers et doit, temporairement, quitter Sens et se replier sur Mont d'Ouanne (le futur Château-Renard) où il reconstruit un vieux fort, entre deux bras de la rivière. Son fils Rainard lui succède autour de 948 pour cinquante ans (†996 ou 999). Une telle durée le fait surnommer le petit vieux [vetulus]. La mort de Hugues le grand (956) lui ouvre des opportunités. Les sources ecclésiastiques en disent grand mal, car il capte ou spolie des terres relevant des abbayes, notamment l'ancienne et prospère Ferrières. Il s'enracine dans le comté, cité et pagus, en multipliant les nouvelles implantations et en consolidant les anciennes qu'il confie aux membres de son groupe familial. A Sens, il s'empare de la riche abbaye de Sainte Colombe dont Hugues était abbé, et érige la Grosse Tour (turrim maximam) pour augmenter son emprise militaire sur un territoire cloisonné. La ville, plusieurs fois brûlée (Normands, Hongrois), est polycentrique: abbayes plus ou moins fortifiées hors les murs et, à l'intérieur de ce qui reste des remparts, bâtiments conventuels, églises et bloc épiscopal (Cailleaux). Que Rainard l'impose ou le reçoive du comte de Troyes son allié, le fils de ce dernier, Archambaud, pillard et paillard [7], est fait archevêque de Sens en 958. Ils combattent ensemble les Saxons que Brunon de Cologne envoie au secours de l'évêque de Troyes. Archambaud foudroyé par la colère divine (967), lui succède le saint Anastase qui restaure les abbayes et les églises. La mort d'Anastase (977) fait arriver Seguin [Sewin]. Rainard lui refuse l'entrée de la ville, Seguin l'excommunie. Quelques mois plus tard, le comte quitte Sens pour l'ouvrir à l'évêque (février 978). Ce démêlé célèbre a reçu diverses interprétations car Seguin, fils de la sœur de Rainard, aurait dû être bienvenu. Ecartons la méchanceté qu'évoquent les chroniqueurs, et remarquons que, si Rainard empêche Seguin de s'installer, il ne lui oppose pas un autre candidat ; notons aussi que les malveillantes chroniques ne mentionnent plus d'actes d'animosité du comte pendant les onze années qui suivent (Seguin †999). Le conflit se localise au début (Varenne, 2013) : Rainard semble avoir voulu poser un rapport de forces (et/ou forcer une négociation), soit pour s'assurer de la coopération d'un neveu réticent, soit pour neutraliser la menace de l'immixtion de la famille paternelle de Seguin [8]. Après le coup rémois de 987 [9], Rainard se rallie à Capet que Seguin n'approuve pas : il n'assiste ni au concile de Senlis, ni au sacre de 987, et ne prête pas serment au nouveau roi auquel néanmoins il déférera sur l'ordre du pape. Rainard marie son fils Fromond à Gerberge, fille de Rainaud [Ragenold], comte de Roucy et comte de Reims. Elle est la sœur de Brunon de Roucy, évêque de Langres depuis 980 (et futur adversaire du roi Robert en Bourgogne), et petite-nièce de Brunon archevêque de Cologne, en l'honneur et à l'imitation desquels un de leur fils est nommé Brunon, le programmant à sa naissance pour remplacer Seguin [10]. Mais, quand ce dernier décède (999), c'est son adjoint, l'archidiacre du diocèse, Liéry, qui est élu, malgré l'opposition de plusieurs chanoines et du comte. Liéry part à Rome faire confirmer son élection par le pape Sylvestre (Gerbert, son ancien maître à Reims) et, à son retour, se heurte à Fromond (comte de 999 à 1012). Liéry recommence le long voyage de Rome pour obtenir du pape qu'il ordonne aux évêques suffragants de le consacrer et de le secourir. On imagine facilement le type de rapports qui s'instaurent ensuite entre le comte et l'archevêque ! Fromond mort, lui succède son fils Rainard le mauvais [11] qui, de 1012 à 1055, sera le dernier comte. Pour ce qu'on sait et comprend, son comportement est marqué par l'échec de 999 : d'un côté, animosité contre l'Eglise (vexations et spoliations) [12] ; de l'autre, anticipation de la perte de la cité. Rainard développe sa mainmise alentour. Il établit ou renforce une série de forts/fiefs qu'il tient déjà ou dont il s'empare, à des endroits de passage, sur les autoroutes de ce temps, les grandes rivières ou leurs affluents, notamment Montereau sur la Seine (au détriment de l'évêque), Joigny sur l'Yonne (au détriment de l'abbaye de Ste Marie) [13], Ferté-Loupière etc. A Mont d'Ouanne, le "château" établi par son père au milieu de la rivière lui paraissant trop faible, il en érige un deuxième, en haut, sur le mont (au détriment de l'abbaye de Ferrières) : Château Rainard. Il en confie la garde à Renaud [Rainier, Rainard], son fils ou son parent [14], dont sortiront nos Courtenay. Que l'archevêque Liéry se sente menacé ou excédé, ou bien qu'il veuille assurer au roi la porte de la Bourgogne (la route vers Auxerre et Autun), il l'appelle au secours (1015). Depuis que, en 1002, à la mort de Henri de Bourgogne, son quasi fils, Otte-Guillaume, comte de Bourgogne, s'est saisi du duché [15], le roi Robert le lui dispute [16]. Il saute sur l'occasion (s'il ne l'a pas provoquée). Les troupes royales s'emparent de la ville le 22 avril 1015, mettent le feu, brûlent et massacrent la population, peut-être parce qu'elle soutient le comte, peut-être par habitude : Venientes vero qui missi fuerant a rege coeperunt urbem cum nimia depopulatione, partem etiam ejus non modicam incendio cremavere (Glaber, LIII, CH6, p71). Fromond, le frère de Rainard, résiste dans la grosse tour et, vaincu, est emprisonné à Orléans. Li cuens Renarz eschapa et s'enfui touz nuz. S'il perd ses habits et la ville, il tient toujours ses campagnes. Allié au rival du roi, l'ambitieux Eudes de Blois, futur comte de Troyes, il l'aide à lier ses possessions de part et d'autre de la Seine en lui donnant Monterau (des terres disputées par l'évêque) où ils construisent un château qui devint ensuite fort nuisible au roi et à l'archevêque de Sens. Ultérieurement, Rainard et Eudes reprennent Sens, dévastant tout, puis Rainard accepte un compromis : sa vie durant, il gardera Sens qui, après, sera partagée entre l'évêque et le roi. On comprend que, revenu, il en veuille à Liery et le persécute [17]. Mais Sens n'est pas encore au roi ! d'abord parce que Rainard vit jusqu'en 1055, ensuite parce que Liéry meurt en 1032, au milieu des troubles liés à la succession du roi Robert [18] : l'archevêque des chanoines et d'Eudes de Blois est un insider, Mainard ; celui du roi, Gilduin de Joigny [19]. Eudes de Blois, allié à la reine Constance, s'empare de Sens et le garde de 1032 à 1034, sans que le nouveau roi (Henri) parvienne à le reprendre et à installer Gilduin. Rainard ne se manifeste pas à cette occasion, soit qu'il ait été débordé par Eudes [20], soit qu'il se désintéresse de la cité au profit du pagus. Il finira par mourir comme un grand homme, avec prodiges et tempêtes (1055) [21]. Ses droits passeront au roi (Henri) qui marquera le point contre le comte de Blois [22]. C'est la fin de la période comtale pendant laquelle le groupe familial s'est enchâtelé alentour. L'absence de chef de "maison" le décompose (ou résulte de sa décomposition). Joigny prend le château-haut de Mont d'Ouanne (Chateaurenard) et Hatton, fils de Renaud, tient le château-bas (à moins que ce ne soit l'inverse). Le conflit entre les deux provoque l'éviction ou le retrait de Hatton qui se replie sur Courtenay. Bien plus tard, les "brigandages" des maîtres du château-haut et leur alliance avec le comte de Blois (toujours!) conduiront Louis VI à réintroduire les Courtenay (ou à stimuler leur retour) pour surveiller les autres. Ultérieurement, le roi prendra et détruira le château-haut (1110) qui, comme tant d'autres, sera reconstruit... et redétruit (1132). 2.
Hatton
(Atho
Castellarius) Que le lecteur me pardonne de n'avoir pas résisté à la curiosité d'investiguer l'origine des Courtenay auxquels nous arrivons à présent. A Courtenay, entre Château-Renard et Sens, Hatton, le fils d'un [c]astelier du chastel Renart, construit un château sur une terre anciennement prise à l'abbaye de Ferrières, vraisemblablement, une motte castrale à partir ou à la place d'une première superstructure de Rainard le vieux. Une position judicieuse comme le montre la carte : sur un affluent du Loing, à la limite du Sénonais et du Gâtinais, à mi chemin entre Sens et Montargis, sur la route de Bourgogne. Ce qui compte n'est plus l'honor (même patrimonialisé) mais les droits réels attachés à l'espace. En témoigne le retournement qui s'est opéré en deux générations : Rainard donna son nom à son château et au bourg avoisinant qui le porte toujours (Château-Renard, 45220) ; Hatton, lui, prend celui de l'endroit où il plante sa base. "Courtenay" devient son surnom, sans autre titre que le commun dominus. Les noms s'enracinent et ce qui restait des villes-fonctions (qui continuent parfois à signer les comtes, comme Blois, Nevers etc.) cède la place à des enveloppes territoriales de droits. Courtenay [23] sera le marqueur d'une lignée féodale. Au fur et à mesure que l'évolution des structures de parenté verticalise les groupes sur l'axe paternel et que le pouvoir s'enracine, de tels toponymes affichent et résument origines, droits et parentés alors que, auparavant, les parentèles largement endogamiques, dépourvues d'identifiants, mais non de mémoire, se laissaient difficilement appréhender de l'extérieur. L'Eglise a stimulé cette évolution en instrumentalisant l'institution centrale du mariage : illicité des unions d'appoint (polygamie) et norme exogamique [24]. Hatton, un maillon d'une large et longue chaîne entrecroisée, sera vu par les généalogistes comme l'anneau auquel s'attache la descente des Courtenay, un Noé originaire qui aurait pris pied dans un monde vide. En 1661 du Bouchet commencera ainsi son Histoire généalogique de la Maison Royale de Courtenay : Le premier de ses Ayeux qui s'est garenty de l'oubly, paroist dans le Continuateur de l'Histoire d'Aimoin, sous le nom de CHASTELAIN DE CHASTEAV-RENARD. Et on apprend de cet Auteur qu'il avoit un fils nommé ATH0N, qui se rendit fameux par sa valeur & qui fortifia le Chasteau de C0VRTENAY sous le Regne du Roy ROBERT. Rétrospectivement, on gratifie Hatton des armoiries des Courtenay (d'or à trois tourteaux de gueules) qu'il ne saurait avoir eues : ce n'est que bien plus tard que le binôme nom/blason devient constitutif d'identité collective (Nassiet, 1994). Les armes et le cri, pas plus originaires que les noms, représentent initialement des "logos" de combat attachés aux personnes, non au lignage [25]. Ils ne feront l'objet d'un timbrage fixe qu'à partir du XIIIe siècle, comme produit d'une inféodation héréditaire qui s'exprime par le nom (de terre) et les armes (de famille). Les "fondateurs" n'en avaient pas ou en portaient d'autres, personnelles et temporaires. Les Courtenay et les comtes de Boulogne affichent les mêmes armes, cela n'implique pas des ancêtres communs ! Un groupe héraldique suppose des armoiries identitaires. Si les expéditions outremer ont été la matrice des "logos", le passage de l'individu au lignage suppose une double normalisation, celle des armes et celle des familles. On peut se demander qui a emprunté ses armes à qui [26], on peut admettre une coïncidence : aussi anciennes que primitives, ces armes associent une figure de base (les tourteaux seront les meubles les plus usités) à des couleurs vivement contrastées (jaune et rouge). Ce "visuel" élémentaire se peint, se repère et se reconnaît aisément. Aucun notaire, aucun juge d'armes ne dressait alors catalogue pour empêcher les doublons et les imitations. Nombreux furent ceux qui revinrent des croisades avec, sur leur écu, des merlettes, des coquilles, des figures ondées ou des besants (Ménestrier). Des ronds rouges sur fond jaune, quoi de plus simple ? Quelles que soient ses couleurs, voilà Hatton, rescapé du nauffrage comtal, ou pilleur d'épaves s'il a mis a profit la confusion pour s'implanter. On ne sait de quelles alliances et parentèle, il hérite. Si la lignée qu'il fonde n'est pas insignifiante, elle apparaît médiocre. Les domini de Courtenay ne sont pas les héritiers du comte Rainard, seulement des sous-produits. Ils restent sur le marché, ils ne l'influencent plus. Aucun d'entre eux n'apparaît dans les luttes des petits et grands "féodaux" entre eux ou avec le roi, sauf à la marge (Château-Renard). Faut-il l'imputer au manque de documentation? à leur habileté? à leur passivité? à leur manque de moyens? Ils donnent l'impression que, dans les débris de l'explosion sénonaise, ils représentent la branche sage, moyenne, entre haut et bas. Ils se marient bien, ils agrandissent leur patrimoine, ils comptent mais —si j'ose dire— ils ne "comtent" pas. Qu'ils ne soient pas négligeables, on le voit dans le mariage du fils de Hatton, Josselin, désormais de Courtenay : il épouse Hildegarde, fille de Geoffroy "Ferréol" Seigneur de Château-Landon, comte de Gâtinais, & d'Ermengarde d'Anjou, également parents de Geoffroy le barbu et de Foulques Réchin. Par elle, il devient co-seigneur de Montargis. On ne sait ce que deviennent leurs enfants. Josselin se remarie en 1065 avec Élisabeth (Isabelle), l'une des Montlhéry sisters, les fameuses filles de Guy le Grand, seigneur de Montlhéry, et de Hodierne de Gometz-la-Ferté [27]. Ils ont pour fils Miles ou Milon, né en 1068 (mort après 1127), et Josselin, probablement l'aîné. Ce dernier participe en 1101 à la malheureuse arrière-croisade du comte de Nevers, survit, et, en Syrie, retrouve Baudoin du Bourg, le fils de sa tante Montlhéry, qui vient d'être enfieffé du comté d'Edesse à la suite de la promotion de Baudoin de Boulogne, devenu roi par la mort de son frère Godefroy de Bouillon (1100). Baudoin confie à Josselin la partie ouest du comté (Turbessel) dont il est seigneur de 1102 à 1113. Un conflit entre les deux envoie Josselin en Palestine (prince de Tibériade, 1113/1119). Puis, quand, grâce à lui, Baudoin du Bourg arrache la couronne, il en reçoit le comté d’Édesse (1119/1131). Après Josselin, deux générations de Courtenay appartiendront aux Grands d'outremer : ses successeurs (Josselin II et III), la reine-mère Agnès et sa fille, la reine Sybille [28] (cf. Courtenay d'Outremer). Milon, le frère de Josselin, n'a pas cédé aux mirages. Resté seul héritier, il se marie fort honorablement en 1095 à Ermengarde, fille de Renaud II, comte de Nevers, et d’Ida/Raymonde (elle-même fille d'Artaud V, comte de Lyon et Forez, et veuve de Guigues, comte d'Albon et de Grenoble). A l'approche de sa mort, Milon fonde en 1124 l'abbaye cistercienne de Fontaine-Jean à charge de prier pour lui, restitution partielle de terres prises à l'Eglise et institution d'une "basilique" familiale. Milon achève la territorialisation en fixant les morts au sol. Fontaine-Jean, détruite plusieurs fois pendant la guerre de cent ans et anéantie pendant la révolution est aujourd'hui réduite à l'état de vestiges, entre Château-Renard et Champignelles. Les fils de Milon, Guillaume et Renaud (Reinaldus de Monteargiso), partent outremer avec Louis VII. Le premier meurt et Renaud [Rainard, Rainier etc.] revient aussitôt en France occuper son héritage ; il "domine", en tout ou en partie, les seigneuries de Courtenay, Château-Renard, Bléneau, Tanlay, Charny, Montargis etc., sans qu'on sache de quoi il était suzerain et de quoi vassal. Il semble avoir épousé Helwise, fille de Ferry de Donjon. Vers 1150, à la suite de la "disparition" de Renaud, sa fille Élisabeth (Isabeau) lui succède, un beau morceau, à la première périphérie du domaine royal, qu'il fallait garder des mains concurrentes. Le roi donne à Pierre, son plus jeune frère, la fille, les terres et le nom. Il en sort une abondante progéniture qui accédera aux premières places sous Philippe-Auguste. On connaît la suite. Références particulières
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Notes[1] Le texte latin diffère sensiblement : Tempore Roberti regis, Atho filius cujusdam Gastellarij de castro Rainardo militari honore se fecit sublimari, ipse firmavit castrum Cortinaci (p 360 de la seule compilation des manuscrits latins des Grandes Chroniques : du Breul, 1603, Aimoini monachi... Libri quinque de gestis Francorum, Paris, ch. Drouart). L'aberrant Gastellarius au lieu de Castellarius, châtelain, pourtant corrigé par du Tillet, se retrouve chez du Breul comme chez Paulin Paris (lequel ajoute imperturbablement en note que Gastellarius signifie pâtissier !). Du Cange indique pourtant (Glossarium mediae et infimae latinitatis, 1678) : GASTELLARIUS, pro Castellarius, Castellanus. Aimoinus lib. 5. de Gestis Franc. cap. 46. Suit la phrase complète. [2] Il n'a d'autre nom que Fromond. Cela signifie-t-il quelque chose ? Chrodmund, Chrotmund, Hrotmund, Fromund, Frumond, Rodmund, Romund, Rodomond, Romont, Fremond, Fremont, toutes ces variantes dérivent du scandinave Hrothmund (Forssner) qui est porté par l'un des principaux héros du Beowulf. [3] Outre la variabilité historique de la géographie (par exemple, Favre, 1893, p 206 : dans le langage du IXe siècle, Troyes est en Bourgogne), notre conception moderne de "territoire" conduit au contre-sens. Il nous est difficile de comprendre que la fluidité de l'espace et des droits aille avec la continuité des détenteurs de pouvoirs. [4] Reims ne jouit pas (et ne réclame pas encore) l'exclusivité du sacre. * Flodoard, Histor. éccles. Remens., Livre III. c. 10.): quia Remorum episcopus primas inter primates semper, et unus de primis Galliae primatibus exstitit... [Hincmar a écrit six ou sept fois au pape Léon... Dans une autre lettre... il rappelle que l'évêque de Reims a toujours été au premier rang entre les primats, et l'un des premiers primats des Gaules qu'il n'a jamais reconnu d'autre supérieur que l'évêque de Rome en conséquence il supplie le pontife de maintenir et augmenter les privilèges qui de temps immémorial ont été octroyés et conservés au siège de Reims par les papes ses prédécesseurs]. [5] En 848, Wenilon (archevêque de Sens de 837 à 865) sacre Charles le chauve à Orléans. Mais, en 858, il se joint contre lui à Robert le fort, Eudes d'Orléans, Adelard de Paris et ouvre la voie à Louis le germanique qui avance jusqu'à Sens et Attigny. Venilon est le seul évêque dans ce groupe qui compte la plupart des Grands : les évêques, poussés par Hincmar de Reims (845/882), réaffirment leur fidélité à Charles sauf
à Dieu d'en disposer autrement. Charles ayant triomphé (859), Venilon est jugé et condamné in absentia au concile de Savonnières (juin 859), puis réconcilié. Il meurt 865. Lui succède Egile (865-6/871) puis Anségise (871/83), l'homme de Charles le chauve que le pape Jean VIII fait primat apostolique des Gaules et de Germanie (875). [6] Dans le contexte de pressions normandes et de difficultés d'Eudes en Aquitaine, dès 893, Foulques de Reims a sacré le petit Charles. Chaque roi cherche à capter le soutien d'Arnulf et combat l'autre, avec des chances variables. Les deux groupes cherchent des alliés parmi les Grands laïques et à nommer des évêques de leur camp. De son côté, Richard de Bourgogne, frère de Boson, roi de Provence (Mantailles, 879), depuis longtemps guerroie pour rassembler les comtés de la Bourgogne du Nord. Il navigue entre les deux rois franciens et met à profit les difficultés d'Eudes. En 894, la mort du comte de Troyes, Adalelme [Alleaume, Adalhelm], cousin et fidèle d'Eudes, a permis à Richard de s'emparer de Troyes qu'il confie à l'un de ses proches, Garnier (Warnerius), peut-être un de ses fils. Gautier, l'archevêque de Sens, duquel dépendait cet évêché, y avait nommé un étranger, qui probablement était comme lui du parti d'Eudes; aussitôt Richard, abbé de Sainte-Colombe de Sens, et Manassès s'emparèrent par trahison de Sens (8 juin 895), prononcèrent la déchéance de l'archevêque et le firent prisonnier... (Favre, 1893, p 170-1). Richard en profite pour se faire abbé de Sainte Colombe à la place d'Eudes et donne la garde de Sens (vicomté) au même Garnier qu'il a fait comte de Troyes. [7] Geoffroy de Courlon : Du temps de ce pape Jean XII qui fut si débauché, et de cette affreuse tribulation apportée dans l'Église par d'indignes prélats, un débauché, un fornicateur occupait indignement le siège de l'église de Sens. Suite à l'incendie du bloc épiscopal, l'évêque s'installe, avec ses chiens et ses concubines, dans l'abbaye St Pierre le Vif dont il aurait dilapidé les biens et martyrisé les moines. Il fut foudroyé par la colère divine après le grand incendie de 967 qui détruisit la cité (Courlon). [8] ... craignant de perdre la cité (chronique de Clarius). La raison en serait donnée par Geoffroy de Courlon : Seguin était plus puissant que [Renard] par sa parenté paternelle (ex paterna parentela fortior esset). Comme on ignore à qui la sœur de Rainard a été mariée, il est difficile d'évaluer la menace que constituait la famille de Seguin. [9] Louis d'outremer et Hugues le grand eurent des relations conflictuelles, arbitrées par l'empereur Otton, leur beau-père commun, et son frère Brunon, archevêque de Cologne. Le jeu continua entre leurs fils, Lothaire, Hugues Capet et Otton II. Les ambitions lorraines de Lothaire finirent par faire pencher Reims (Adalbéron et Gerbert) vers Hugues Capet. Lothaire, mort en 986 ; son fils et successeur (Louis V), l'année suivante, Adalbéron fait donner la couronne à Hugues (987), dans l'attente d'un carolingien convenable. [10] Varenne (2013) : Le prénom de Brunon est en effet nouveau dans la famille des comtes de Sens... Le nom de Brunon est en vérité issu de sa parenté maternelle, la famille des comtes de Roucy. L’oncle et homonyme de Brunon était évêque de Langres depuis 980... [qui, par sa mère, petite fille de l'Oiseleur] était le petit-neveu de Brunon, archevêque de Cologne, frère d’Otton le Grand... Par son nom, Brunon de Sens était donc destiné à l’avance au rôle d’archevêque. [11] C'est ainsi que les chroniques le surnommeront (iniquorum iniquissimus) :...morut Fromonz li cuens de Sanz (le comte de Sens), après lui reçut la contée Renarz ses fiuz [son fils], li plus desloiaus homs de tous les desloiaus, si grant persécution fist aus églises à son tens que si granz ne fu oie [ouïe] depuis le tens des païens (Grandes chroniques de St Denis, cité par Challe). [12] En retour, dans ces années où se fit une grande persécution contre les juifs (Glaber), Liéry le déclare hérétique. Glaber prétend que Rainard s'était proclamé roi des Juifs. L'accusation peut signifier que Rainard pratiquait l'usure et trafiquait avec des juifs, ou qu'il les rackettait en leur vendant sa protection, ou, comme Sismondi aimera le penser, qu'il les défendait contre les persécutions : Un seul seigneur, au milieu de cette persécution universelle, parut prendre pitié des Juifs ...Ce seigneur était Rainard, comte de Sens... Il semblait mettre sa gloire à les protéger.. Le bien qu'il avait fait à ces malheureux parut, aux yeux du clergé, une offense plus grande encore que ses railleries contre les prêtres. Il fut accusé de judaïser, et l'on annonça que ce serait une action pieuse de le dépouiller et le faire périr... (Sismondi, 1823, Histoire des français, Tome 4). [13] Challe, 1882 : Clarius, moine de Saint-Pierre-le-Vif, est le premier qui parle de Joigny. Il raconte dans sa chronique que le premier comte de Sens, Rainardus Vetulus, Rainard le Petit Vieux, grand envahisseur des domaines ecclésiastiques, détruisit, autant qu'il le pouvait, l'abbaye de la Sainte-Vierge-Marie, et fortifia, dans une des possessions de ce monastè̀re, le châ̂teau de Joigny (Joviniacus), en même temps qu'il construisit, sur les terres de l'abbaye de Ferrières un autre château que, de son nom, il appela Château-Renard (Challe Ambroise, 1882, "Histoire de la ville et du comté de Joigny", In: Bulletin de la Société des Sciences historiques et naturelles de l'Yonne, 36e Volume). [14] L'auteur de L'art de vérifier les dates (T11, p 301) affirme catégoriquement (on ne sait sur quelle base) : Il laissa deux fils, Fromond qui lui succéda comme comte et Renaud qui eut en partage Château-Renard. [15] Rien de plus abstrus que la géographie politique de la Bourgogne rodolphienne où "comté", "duché" et "royaume" ne s'emboitent pas et se partagent ou oscillent entre Francie et Germanie. L'illusoire couronne sera vivement disputée. La réalité, s'il y en a une, ce sont les comtés. [16] Henri, frère de Hugues Capet, est duc de Bourgogne, "duché" conquis par Hugues le grand sur les descendants de Richard. Il meurt en 1002. Son neveu, le roi Robert revendique l'héritage dont s'est emparé Otte-Guillaume (960-962/1026), descendant des rois d'Ivrée, fils de Gerberge (†990), la dernière épouse de Henri. Otte a hérité du comté de Macon. Il a épousé Ermentrude, fille du Comte de Roucy, sœur de l'épouse de Fromond de Sens et de l'évêque Brunon de Langres. Ce dernier l'a fait avoué de Ste Bénigne de Dijon, et Henri l'a fait comte de Nevers. Son fils Gui a épousé la sœur de Hugues de Chalon, comte-évêque d'Auxerre ; sa fille Mathilde, Landri auquel Otte confie Nevers. [17] Une chronique écrit que Rainard offensait journellement l'archevêque, lui crachant au visage, et lorsque le pontife célébrait, lui présentant son derrière pour recevoir la paix (in posterioribus suis pacem offerebat). [18] La querelle, animée par la reine Constance, avait commencé dès la mort du premier fils de Robert (Hugues) : Pfister, p 76 sq : à la mort du roi Hugues [1025] la
cour se partagea en deux camps : d'un côté le père, appuyant Henri, de l'autre la mère soutenant Robert, se mettaient à la tête de ces deux partis ... Cependant, le jour de la Pentecôte 1026, le roi convoqua une grande assemblée... le sacre [de Henri] fut fixé à Reims le jour de la Pentecôte 1027... Constance, irritée de ce résultat, continuait ses intrigues... Les deux fils irrités [l'un d'avoir une couronne sans pouvoir, l'autre de ne pas l'avoir] se coalisèrent en l'année 1030 et résolurent d'enlever le trône à leur père... Dans la Francia, le roi fut complètement vaincu et ses places furent emportées... La paix conclue, Robert put mourir paisiblement... Mais à peine avait-il fermé les yeux qu'une nouvelle guerre ensanglanta le royaume : Constance avait tout à redouter de l'avènement d'un prince qu'elle n'avait jamais cessé de persécuter... Aussi mit-elle tout en œuvre pour empêcher Henri de rester paisible maître du royaume. Elle s'empara d'abord de la plus grande partie des villes du domaine, de Senlis, de Sens, de Bétisy, de Dammartin, du Puiset, de Poissy. Puis elle fomenta contre le nouveau roi une ligue dans laquelle elle fit entrer beaucoup de seigneurs, entre autres Eude, comte de Troyes, auquel elle donna la moitié de la ville de Sens qui appartenait au domaine... [mais] ce n'est pas seulement le duc de Normandie qui se déclara pour le roi; de son côté se rangèrent encore Foulque d'Anjou, qui était toujours du parti opposé à celui d'Eude... Cependant Constance avait entrainé dans sa révolte son second fils Robert, en lui faisant espérer le trône où elle l'avait déjà voulu établir en 1027. Robert fut battu complètement par les troupes de Henri à Villeneuve-Saint-George... Il reconnut à son ainé le titre de roi, mais il reçut le duché de Bourgogne que ses descendants continuèrent d'occuper... Constance [...] mourut à Melun en juillet 1032, laissant son fils Henri continuer la guerre avec Eude, comte de Troyes, et lui reprendre la ville de Sens qu'elle lui avait livrée par trahison. [19]
Ce conflit atteste une fois encore l'importance du contrôle des désignations. [20] C'est la suggestion de Varenne, 2013 : il émet l'hypothèse que, mort-vivant politique, Rainard a été débordé par Eudes : Quant à Eudes II, il profite du « coup » de 1015 pour acquérir auprès de Renard II le site de Montereau sur lequel il bâtit un château. Son intervention dans la lutte entre Gilduin et Mainard n’est donc que le dernier acte d’une longue série. Il procède d’ailleurs toujours de la même manière, profitant des déchirements locaux pour venir à la curée. [21] L'an 1055, le 4e jour de la lune d'août, il se fit une effroyable tempête dans tout le pays Sénonais, qui dévasta les moissons, les vignes et les bois, et tua les hommes et les bestiaux; et dans la même année, la veille de la cène du Seigneur, le 14e jour de la lune, après le premier chant du coq, la lune devint noire comme un charbon éteint, ce qui dura deux heures; après quoi elle se ralluma. Et dans la même année mourut le comte Rainard...(Chronique de Clarius). [22] On ne sait trop ce que sauvent les anciens comtes, ce qu'obtient le roi, et ce que garde l'évêque car la ville est divisée en plusieurs parties, les terres du comte nombreuses, les prétentions et droits enchevêtrés. L'évêque conservera jusqu'en 1790 les quatre baronnies de Nailly, St Julien-du-Sault, Villeneuve-l'Archevêque et Brienon et leurs dépendances. [23] Attribuer l'origine du nom des Courtenay à un ancêtre au nez court est une fantaisie anglaise ! Ceci dit, la toponymie est parfois hasardeuse. "Courtenay" pourrait venir de curia ou de curtis (domaine) mais, plus probablement de Curtinius/Curtinus/Curtenus (dérivé du surnom Curtus), nom d'un propriétaire franc "gallo-romanisé" du 5ème siècle, additionné du suffixe locatif celte acum : chez Kurz. Autre hypothèse : CURTINACIUM cur, cour de couer, ruisseau, Ten, tin, forêt, ac habitation (Bullet Jean-Baptiste, 1754-1760, Mémoires sur la langue celtique, T1, Besançon). [24] Les interdits "incestueux" sont élargis à un tel degré qu'ils cassent les groupes horizontaux : dès le IXe siècle, l'Eglise proclame la prohibition des unions jusqu'au septième degré canonique de parenté (genicula). Cette interdiction impossible à respecter rend la plupart des mariages illégaux, conditionnels, et les subordonne à la complaisance de l'Eglise. Plus tard, Latran IV (1215) ramènera les cas interdits au quatrième degré canonique mais ajoutera les affins. [25] Encore à la fin du XIIe siècle, l'héritier Courtenay, Pierre II
du nom, fils de Pierre, n'est pas associé à gueules à trois tourteaux d'or (1) mais à champ d'azur semé de billettes que son mariage agrémente du lion d'or de la ville de Nevers (2), armes que sa promotion impériale (Constantinople) remplace par des croix (3). 1
2
3 [26] Concernant les tourteaux communs à Boulogne et Courtenay, une explication simple serait que Josselin de Courtenay ait, en Syrie, épousé les armes de son suzerain, Baudoin de Boulogne ; et que, comme dans tant d'autres cas, ces armes soient revenues en Europe. Comment ? [27] Guy[I] (±1095), fils de Thibaut « File-Etoupes », Seigneur de Montlhéry, épouse Hodierne de Gometz-la-Ferté. Leurs filles sont fameuses par leur descendance. Parmi ces enfants de Guy et Hodierne, notons: [28] Murray (2006, The Crusades - An Encyclopedia) résume ainsi leur histoire: One of Atto’s grandsons, the formidable Joscelin I (d. 1131), went to Outremer around 1101 and became lord of Turbessel in the county of Edessa, then ruled by his cousin, Baldwin II (of Bourcq). Although Baldwin deprived him of this lordship in 1113, Joscelin went to the kingdom of Jerusalem and was made lord of Tiberias. When Baldwin II himself became king of Jerusalem, he appointed Joscelin as his successor in Edessa. Joscelin’s family, by means of conquest and skillful family politics, particularly through close relations and intermarriage with the Latin and Armenian nobility, acquired a powerful position. Even though the county of Edessa was overrun by the Muslims during the reign of Joscelin II (d. 1159), his children became key figures in the kingdom of Jerusalem: Agnes (d. after 1186) married Amalric, count of Jaffa, and her brother Joscelin III (d. 1200) became seneschal of the kingdom. Although Agnes was divorced when Amalric became king (1163), both she and Joscelin acquired great influence during the reign of her son Baldwin IV (1174-1185). They were also instrumental in appointing Eraclius as Latin patriarch of Jerusalem (1180) and securing the crown for Agnes’s daughter Sybil (1186). Their actions have largely been seen in a negative light by historians, partly due to the historiography of William of Tyre, whom they opposed. Joscelin III’s daughters married husbands from the West and sold part of his estates to the Teutonic Order. |