Une fois la lecture acheve, il apparat nettement que les rflexions sur la notion de noblesseÐ sur laquelle nÕinsistent, pourtant, ni lÕintitul ni les diffrentes pistes de lecture esquisses par le paratexte, ni mme les comptes rendus ultrieurs Ð forment lÕessentiel de lÕouvrage (Ruggiu, 2006).
Callires n'est pas un puriste, regratteur de mots, c'est un grammairien utilitaire, soucieux d'viter le ridicule, le scandale, l'quivoque, la fatigue, etc.; de mme, ce n'est pas un mondain qui respecte les usages pour eux-mmes, c'est un guide dans le monde, pour qui l'usage est un fait ... cette proccupation d'viter le scandale et le ridicule, c'est le grand souci de Callires pour la vie mondaine (Roques, 1904, pp. 278-9) [3].
La question "sociale" des mots est exactement formule : les personnes de qualit doivent exprimer celle-ci, ce qui leur interdit de parler n'importe comment (il y a canal) ou bassement comme les bourgeois ou les provinciaux. Il faut connatre, non seulement les bonnes faons, mais les mauvaises et celles qui
ne sont plus reues. En effet, Il ne s'agissait pas d'apprendre quelques douzaines de mots employer, mais de savoir d'instinct et sans faute ceux qu'il ne fallait pas employer (Brunot,
1913, Histoire de la langue franaise, T. 4, p. 224).
La qualit est une manire d'tre, pas de s'afficher.
Outre leur intrinsque intrt lexicographique (et les rflexions qu'ils suscitent sur nos propres faons
de
parler), ces petits ouvrages offrent un document anthropologique sur la noblesse la fin XVIIe et la ncessit pour elle de se distinguer du mli-mlo qu'est dj devenu la socit : l'inflation des signes (Messieurs mes chevaux !), les usurpations innombrables et tolres [4], n'pargnent pas mme la Cour, la fois thtre de la plus stricte tiquette et centre de loisirs [5].
[2b] Le trait Du bon et du mauvais usage, le plus intressant pour nous, ne parat pas avoir eu le mme succs son apparition. Les courtisans se croyaient-ils plus l'abri des locutions basses que des mots nouveaus, la critique des bourgeois de la Ville laissait-elle froid le public qui avait enlev les Mots la mode ? Toujours est-il que le trait n'eut pas de seconde dition (Roques, 1904, p. 287).
[4] Il y avait... dans la rue S. Denis un Marchand nomm Monsieur Simon qui me fournissait de dentelles, il avait un fils assez bien fait; ce fils sur le tmoignage de sa bonne mine se crut de meilleure maison que son Pre, il quitta sa boutique pour faire le voyage d'Italie, & il commena par faire canoniser son nom, en se faisant appeler Monsieur de S. Simon ; son retour, ayant trouv son Pre mort & assez de bien pour se mettre en quipage, il changea de demeure & de quartier, prit un carrosse & une livre bien chamarre, & s'investit lui-mme du titre de Marquis de S Simon, dont je l'ai trouv en pleine paisible possession.