13/09/2018 | |
Esambe
Josilonus ©2017 | V.
Curtney vs Courtenay |
Précisons d'abord le statut de cette question : elle est tout à fait mineure dans ma problématique qui n'a nul besoin des Courtenay anglais. Si Reginald n'est pas Renaud, cela n'affecte en rien le destin de "losers" des Courtenay royaux auquel j'ai consacré Obscurité et Présomption. Ce destin ne dépend pas de Renaud puisque, aux yeux français, le "bad boy" n'existe plus. Supposé que Renaud, au lieu de renaître en Angleterre, ait péri en France dans une quelconque embuscade ou à la suite d'une maladie, je n'aurais pas un mot à changer au récit de la pathétique tentative de ses descendants de s'arroger, s'il eût été possible, quelque commencement de possession d'une pareille qualité.
Néanmoins, deux raisons me poussent à m'intéresser aux Courtenay anglais. La première est d'ordre littéraire : sans cette symétrie entre les échecs des Courtenay français et les succès de leurs homologues, l'histoire serait moins jolie. La deuxième est d'ordre analytique : les anglais ont quelque chose à nous apprendre à propos des français.
Je discuterai d'abord (§1) l'objection de Vincent, puis (§2) j'esquisserai la carrière de ceux que j'appellerai désormais Courtney pour éviter les confusions et simplifier l'écriture (on trouve indifféremment de l'autre côté du canal, Courtenay, Courtnay ou Courtney, voire Curtney).
La thèse séculaire : Reginald est venu de France au XIIe siècle. Je discute l'opinion contraire (a) puis examine l'assimilitation de Reginald à Renaud (b).
L'affirmation péremptoire de Vincent s'accompagne de beaucoup de bizarreries (i). Toutefois, comme il n'existe aucune preuve, ni dans un sens ni dans l'autre, il peut tomber juste. Dans ce cas, il faut que Reginald soit venu avec les Normands (ii).
Accordons à Vincent le droit de prendre de haut Renaud/Reginald qui est une incidence dans un article consacré à Jezebel/Isabella, mais alors quel besoin avait-il de faire le tranche-montagne ? A propos d'Isabelle, l'auteur fait toute une histoire des "connexions royales" que lui apportent son côté maternel Courtenay. Mais, en 1200, quand Jean sans terre l'épouse pour sécuriser le comté d'Angoulême qui coupe ses possessions, Pierre second du nom n'est pas encore remarié à la comtesse du Hainaut, n'est pas encore empereur de Constantinople, ses filles encore à venir ne sont pas encore mariées, quelle au roi de Hongrie, quelle à l'empereur grec...etc. Jean sans terre aurait été devin s'il avait fait entrer ce futur dans sa décision ! et ça aurait été une erreur de plus car ces connexions largement illusoires ne rapportent rien à personne. On a parfois le sentiment que les historiens, lorsqu'ils rencontrent des couronnes cèdent à la "peopolisation" et perdent la tête.
Revenons à Reginald. L'auteur s'embrouille. D'un côté, il affirme (gratuitement) qu'il n'est pas Renaud ; d'un autre côté, la logique de son discours à propos d'Isabelle le pousse à faire quand même de son fils, Robert Courtenay baron d'Okehampton, un cousin (pour qu'elle puisse éventuellement être accusée d'inceste). Que de complication ! Les preuves de cousinage que l'auteur apporte (sans nécessité) sont ambiguës :
Quelque chose dans la version consensuelle a énervé Nicholas Vincent, ce qui le conduit à une erreur tactique : il aurait mieux fait alors de ne pas chercher à démontrer un cousinage qui n'apporte rien à sa démonstration puisque Jezebel/Isabella n'a jamais été accusée d'inceste avec ce Robert de Courtenay !
Les Français n'ont jamais dit que Renaud était passé en Angleterre. Nous avons vu dans Obscurité & Présomption que cela n'implique pas qu'il ne l'ait pas fait. Au contraire, cela conforte la version anglaise traditionnelle : Renaud a été annulé et spolié ; annulé parce que spolié ; spolié parce qu'annulé. Il ne disparaît pas, il disparaît au regard français que Vincent emprunte. Il nous dit d'abord que Renaud est mort à la croisade (Renaud or Reginald, simply disappears at the time of the Second Crusade, in all probability deceased), puis rencontrant la plainte contre lui pour brigandage (Suger) qui prouve qu'il est revenu de la croisade : either that he had returned before the king from crusade, or that he had never fulfilled his crusading vows.
L'auteur n'a pas établi la différence entre Renaud et Reginald. Dans l'autre sens, nous le savons, aucun document ne valide leur identité.
Dans l'Angleterre angevine, un pays très ouvert, passablement agité et king-centred, les contemporains de notre Reginald le connaissent comme puissant baron du Devon et se soucient peu de ce qu'il a fait ou pas fait en France. Les explicitations tardives (post du Tillet) commandent notre appréhension de la tradition et, dans une certaine mesure, la tradition elle-même.
L'origine continentale de Reginald Courtney ne fait pas de doute, nul ne l'a pris pour un Saxon. Plus précisément, comme il n'existe qu'une localité dénommée Courtenai [4], ces Courtney sont bien sortis du Gâtinais, mais quand ? et comment ?
En elle-même, l'hypothèse ne manque pas de plausibilité. Comme le remarquait Thomas Fuller (1655) when a fair of honour and profit is proclaimed, chapmen will flock from all parts unto it... Si tant de nobles déjà fieffés se sont joints à l'expédition normande pour agrandir leur patrimoine, a fortiori les cadets sans avenir à qui les débouchés des croisades n'étaient pas encore ouverts (la 1ère est en 1099).
Dallas et Porter (N&Q, 1895), dans des notices prudentes et documentées, s'étonnent : si Reginald est un homme nouveau, les Courtney ont proliféré curieusement vite (it is remarkable with what rapidity the name spread). Ils notent aussi que parmi les Courtney des premières générations après Reginald, certains semblent n'avoir aucun rapport avec lui. Si les auteurs se gardent de conclure, l'implication de ces remarques est qu'il y aurait des Courtney avant Reginald, qu'il en descende ou non, car la question est à deux étages.
Souvent évoquée, la connexion carolingienne ou pré-carolingienne entre les comtes de Sens et les comtes de Boulogne permettrait de supposer que, après la mort de Renaud le mauvais (1055) et la perte de Sens, un quelconque cadet d'un castellier de Courtenay ait rejoint les Boulonnais qui, avec les Flamands et autres aventuriers, passent en Angleterre avec Guillaume le Conquérant ; que ce Courtenay ait fait souche, sans cependant avoir été assez grand ou assez valeureux pour être remarqué ; qu'un de ses descendants, Reginald, ayant combattu du côté de l'Emperesse pendant l'anarchie d'Etienne, soit récompensé par Henri II et qu'ainsi un petit guerrier émerge, en devenant baron. Cela est possible. Tout est possible. On peut même envisager deux arrivées successives de Courtenays français, la première avec Guillaume, la seconde avec Henry.
Le Domesday Book est muet mais notre éventuel Courtenay, s'il n'est pas enfieffé comme tenant in chief, peut avoir été under-tenant ou avoir été l'homme d'un under-tenant. Comment savoir si un Courtenay était avec le Conquérant ? Les listes des compagnons de Guillaume qui circulent constituent un problème, non une solution. L'abbaye de la Bataille (Battle Abbey), construite sur les lieux de la victoire, a pour mission de la commémorer et de prier pour les vaillants conquérants : pour tous ou pour chacun nominatim ? Au moment de la vogue des généalogies (XVIe/XVIIe) l'idée s'est répandue que, à la fin du XIe, quand l'abbaye est entrée en fonction, elle disposait d'une liste nominative. Nul ne l'a vue et elle ne figure pas dans les archives qui ont survécu à la dissolution de l'abbaye. Il en existe des "copies" non authentifiées, de nombreuses copies qui diffèrent dans le nombre et l'identité des conquérants, ainsi que dans la manière de les écrire et de les ordonner. Elles ne coïncident que partiellement avec le Domesday Book. Quelques unes de ces listes mentionnent un Courtenay (Curtenay, Courtenay, R. de Courtenay). Qu'est-ce que cela prouve [5] ?
Ou bien ce sont des copies fautives d'un original disparu (et supposé exact), ou bien ce sont des reconstitutions ou des inventions. En 1655, Thomas Fuller (Church History of Britain, Bk II, S7) penche pour la première hypothèse mais doute de la valeur des "copies" disponibles : Battle-Abbey Roll is the best extant catalogue of Norman gentry, if a true copy thereof could be procured. Citons encore Fuller : Battle-Abbey Roll hath been practised upon with all the figures of diction, —Prothesis /adjonction/, Aphaeresis /transfusion/, &c. — some names therein being augmented, subtracted, extended, contracted, lengthened, curtailed.
Fuller cite Camden (1623 Remains, Surnames, p 134) : Whosoever considereth it well shall find it to be forged, and those names to be inserted which the time in every age favoured, and were never mentioned in that authentical record. La liste, c'est, pour les nobles anglais, l'équivalent du rôle du Mayflower pour l'aristocratie WASP ! En particulier, de telles listes ont pu servir à "blanchir" les étrangers haïs, Gascons, Poitevins, Flamands, Savoyards que chaque roi ou reine apportait avec lui du continent.
Si le Battle-Abbey Roll continue à jouir d'une grande popularité, dès le XIXe, certains analystes (par exemple, Hunter, 1853) ont mis en cause ce vague opinion floating in society, qu'il existe une liste originale que pourtant aucun chroniqueur n'a jamais mentionné [6] et dont les "copies" ne sont pas corroborées par ce que nous savons [7]. Finalement, Battle Abbey a si bien rempli sa fonction de commemorative structure of the event qu'on a crédité ses moines d'avoir construit un mémorial des conquérants, comme ces stèles sur lesquelles au XXe siècle figurent le nom des enfants du pays morts pour la patrie.
Quoique rien ne confirme qu'il y ait eu au XIe de premiers Courtenay, admettre cette hypothèse laisserait intacte notre question car on n'imagine pas comment un Reginald issu de ces premiers aurait inspiré la tradition qui le fait arriver au XIIe. Il aurait suffi à sa gloire qu'il fût venu avec le Conquérant.
Dans ce cas, pour identifier Reginald à Renaud, il faut encore écarter une variante qui, peu soucieuse de chronologie et de circonstances, en fait un petit-fils de Louis the Gross (i). On arrive alors à la thèse traditionnelle de son identité avec Renaud (ii).
Avant de discuter le thème, essayons de préciser la chronologie. Il semble que Reginald meure en 1194 et arrive en Angleterre quand Henry devient roi, en 1154. Ca lui laisse le temps d'avoir une belle carrière anglaise. On ne sait pas quand il est né mais la croisade à laquelle il participe commence en 1147. En admettant qu'il ait alors une vingtaine d'années, né au milieu des années 1120, il meurt autour de 70 ans, ce qui est un âge avancé pour ce temps quoique plausible. En gros, il est de la même génération que les fils de Louis VI (nés entre 1120 et 1132). Difficile alors de l'inclure dans la génération suivante, celle des petits-fils !
Camden (1607, Britannia),
évoquant le premier comte Courtney, lui attribue sans plus de précision du sang royal de France [8]. Dugdale (1675, The baronage of England), le père de tant de généalogies, citant le registre de l'abbaye de Forde, fait de Reginald le fils d'un fils de Louis the grosse nommé Florus, que d'autres confondent avec Pierre, ce fils de Louis VI qu'on a marié à sa fille, faisant de Reginald le fils de son gendre forcé !
Le Baronage de Dugdale s'appuie sur son Monasticon [9] : les moines de Forde écrivent que Hawise, héritière de Okehampton, épouse Renaud de Courtenay qui était le petit-fils de Louis le Gros. Le texte de l'abbaye de Forde donné dans le Monasticon [10] dit 1) que Reginald est venu en Angleterre avec un fils de sa première épouse continentale (filio suo Willielmo de Courtnay de priore conjuge in Normania) ; 2) qu'il était le fils d'un fils de Louis le Gros nommé Florus (Reginaldus de Courtney filius domini Flori, filii regis Franciae Lodovicì, cognomento Grossi). A quoi Risdon ajoute qu'Alienor l'a importé en Angleterre (quem regina Alinor adduxerat secum in Angliam).
Précisons d'abord que le texte de Forde (non daté) n'est pas constitué d'enregistrements successifs. Il est d'un seul tenant et récapitule l'histoire de l'abbaye et de ses fondateurs (Fundationis et Fundatorum Historia) jusqu'au XIVe siècle. La multitude de faits et de dates qu'il contient montre qu'il n'exprime pas seulement une vague tradition, il synthétise des informations plus ou moins contemporaines. Ce qui est important pour notre discussion, c'est que le texte soit postérieur aux disputes de l'abbaye avec les Courtney et à leur brouille subséquente. Le premier clash avec Hugh à propos de bestiaux et de terres (1288) est suivi d'autres qui conduisent l'abbaye à se détacher de la famille de ses fondateurs et à trouver d'autres patrons.
Il n'en est que plus frappant que la fausse origine royale de Reginald (Florus), mentionnée à propos de son mariage, soit rappelée par "les moines" à propos de celui de Hugh, second comte de Devon, en 1325. Hawise descendait du roi Henry I et Margaret Bohun du roi Edward I. Le texte célèbre la fusion réitérée des sangs royaux de France et d'Angleterre [11]. Comme ceci est écrit après la rupture, il ne s'agit pas d'une rhétorique de louange, il faut le prendre comme une tradition de l'abbaye (quant à eux, les Courtney, pour ce qu'on en sait, ne font pas usage de cette fausse filiation avec les rois de France).
Deux interprétations s'offrent alors à nous, littérale ou symptomatique : ou bien, l'erreur sur la filiation de Reginald, disqualifie tout ce que "les moines" disent de ses origines ; ou bien cette hyperbole a une base.[12].
Que traduirait-elle ? d'une part, une origine française et une implantation récente en Angleterre (l'hypothèse Louis VI excluant une arrivée normande) ; d'autre part, un "quelque chose" avec le roi de France. Que l'affinité soit forcée (si spoliation et capture de la fille et des terres) ou naturelle (s'il était un descendant), Reginald a quelque chose en commun avec le roi de France. De facto, quand Louis VII donne Courtenay à son petit frère, il royalise la famille et, métaphoriquement, devient le père d'un Reginald royal.
Bien sûr, je ne prête pas cette intention aux moines de Forde qui, de toutes façons, ne connaissaient pas toute l'histoire.
On ne peut pas dater et localiser la première apparition du thème que Camden énonce en 1607 (Britanniae descriptio) : Reginald est le premier Courtenay anglais ; il est venu avec Henry qui l'a récompensé pour avoir contribué à son mariage avec Eleanor. Camden n'endosse pas la "royalité" de Reginald; s'il ne la nie pas directement [13], Du Tillet auquel il se réfère l'exclut catégoriquement [14] : Reginald est de la première maison de Courtenay, que l'on appelle, parce que c'est ce qu'ils ont de plus noble, celle des comtes d'Edesse [14b]. Il ne manque qu'un nom (Renaud) pour arriver à l'identité. Camden, complété par du Tillet, nous débarrasse du lointain cousin aléatoire, hypothèse peu plausible : on imagine mal ce qui aurait poussé un tel cousin à se rallier à Henri et Henri à le récompenser Si encore le quidam avait été normand ou angevin...ou au moins des bords de Loire. Mais qui dit Courtenay dit Gâtinais, à la jointure de l'ile de France et de la Bourgogne. Le hasard, l'accident, peut expliquer un départ, pas une récompense réitérée en Angleterre, dans ce Devon qui a un lien particulier avec la rémunération des reines d'Angleterre [15].
Faute de preuves, je dois me rabattre sur des vraisemblances. La plus décisive me paraît la suivante : cui prodest ? Quelqu'un aurait-il eu intérêt à inventer cette tradition ? Si non, on peut penser qu'elle a quelque chose de vrai.
La "valeur ajoutée" que l'assimilation de Reginald à Renaud apporterait dans le futur ("empereur" de Constantinople etc.) peut impressionner des historiens "peopolisant", les Anglais du temps auront été plus sensibles aux alliances directes et indirectes des Courtney avec les rois d'Angleterre. Au cours des innombrables guerres françaises, on n'a jamais vu un Courtney revendiquer son héritage Courtenay : ils font la guerre aux Français avec le roi d'Angleterre. Ils ne se soucient pas plus de leurs cousins français que ceux-ci d'eux. Avoir (ou supposer) cette ascendance française ne rapporte rien, jamais, à aucun Courtney. Au contraire, à certains moments de xénophobie de masse et de vive concurrence entre barons domestiques et étrangers dévorants importés par un roi, elle aurait pu leur nuire.
Le brouillard documentaire enveloppe tous les détails dont heureusement je n'ai pas à me soucier : laquelle des filles de Mathilde (Maud) d'Avranches, Reginald épouse-t-il ? le Courtney qui épouse l'autre fille est-il le fils ou le frère français de Reginald venu avec lui ? Les éditeurs de 1897 du Note Book de Risdon (écrit de 1608 à 1628) trouvent quelques traces (pipes rolls etc.) qui leur permettent de clarifier les premières générations [16], sauf le point qui nous intéresse : Reginald avait-il précédemment épousé en France Mathilde du Donjon (ce qui l'identifierait avec certitude à Renaud) ? Donnant leur schéma des trois premières générations de Courtenay [17], ils notent : The only point in this table unproved from original records is the first marriage of Reginald de Courtenay.
Mon argument, aussi imparfait soit-il, c'est la tradition: It has been generally received as a fact...écrivent les éditeurs de Risdon. Il est difficile de pousser plus loin l'examen et la discussion. Renaud est un peu documenté, Reginald aussi, leur relation nullement. Quoique que nul ne puisse démontrer ni la différence, ni l'identité, cette dernière a deux éléments pour elle, outre une tradition quasi constante et unanime. D'une part, la coïncidence de la disparition de Renaud et de l'apparition de Reginald; d'autre part, l'absence de motivation: ni les moines de Forde, ni Reginald, ni ses descendants n'ont jamais eu le moindre avantage à attendre de cette origine française. Les traditions mythiques ont généralement un arrière-plan (sinon une finalité) politique ou au moins symbolique, même les plus farfelues (comme l'origine troyenne des Francs). Avec les Courtney, nous nous trouvons devant une tradition presque brute, non construite, non finalisée, non utilisée. Cette innocence emporte la conviction.
D'où qu'il sorte, Reginald devient "baron" d'Okehampton par son mariage. Je mets des guillemets à baron car, à la fin XIIe, il s'agit de ce qu'on appellera plus tard, un baron féodal pour le distinguer du baron par writ, reconnu comme tel par le roi et convoqué par son nom au Parlement. Okehampton n'est pas seulement une terre, c'est la dénomination d'un "portefeuille" de droits qui portent sur une grande part du Devon. On dira plus tard que l'honour d'Okehampton est aussi riche qu'un comté.
Je n'essaierai pas de donner la descendance de Reginald car les premières étapes ne sont pas claires et la succession nous importe peu [18]. Nous survolerons les Courtney comtes de Devon jusqu'à leur extinction (a) et examinerons leur curieuse résurrection 250 ans plus tard (b).
Les barons d'Okehampton, comtes de Devon, disparaissent dans les défaites de Lancastre sur les champs de bataille de la "guerre des deux roses" (i). La branche cadette, capitalisant le dévouement familial, en reçoit les dividendes après la victoire Tudor (ii).
Robert (✟1240), le fils ou petit-fils de Reginald ou de son frère, épouse Mary, fille et héritière de William de Reviers/Vernon, 5ème comte de Devon. C'est par elle, que trois générations plus tard, Hugh Courtney deviendra comte de Devon, en tant qu'héritier d'Isabel de Fortibus, sœur et héritière de Baldwin de Reviers : de facto en 1293, de jure par patente royale du 22/03/1335. Le roi ayant repris en main la garde du château d'Exeter et la nomination du sheriff du Devon, ces offices n'échoient plus aux Courtney qu'épisodiquement, mais la dignité comtale et les profits (third penny etc) et honneurs associés, passent d'héritier en héritier jusqu'à la "guerre des deux roses".
Chargés de lever l'armée du Devon et de la diriger quand un débarquement français menace, ces Courtney sont aux côtés du roi dans ses guerres écossaises et françaises, souvent amiraux ou chefs de flotte. Déjà le premier comte jouissait de la quatrième ou cinquième place dans l'ordre de préséance des Lords au Parlement et, plus tard, Thomas, 5ème/13ème comte, se sentira assez grand pour disputer la première place à Arundel, pourtant le plus ancien comte d'Angleterre [19].
Sans entrer dans les détails, le grand homme de cette première période est Hugh (1303-1377), second comte de ce nom. En 1325, il épouse Margaret Bohun dont la mère est la petite-fille du roi Edward I. A nouveau, les Courtney se mêlent de sang royal anglais, cette fois légitime. Hugh sera l'ancêtre partagé par les branches collatérales qui, successivement, rallumeront le flambeau, les Courtney d'Haccomb en 1485 et les Courtney de Powderham...en 1831 (cf. infra).
Les Courtney
sont trop hauts, trop guerriers et trop impliqués dans les alliances/rivalités entre grands nobles, pour ne pas se précipiter dans la "guerre des deux roses". Dans cette auto-extermination de la noblesse qui mêle "vendettas" personnelles, fidélités et opportunisme, les comtes sont du côté Lancastre. Cela anéantira la branche aînée et, avec la victoire Tudor, fera la fortune de la branche cadette.
Thomas, comte de Devon, est avec Somerset inculpé de trahison par
le
duc d'York (1453). Disgracié quand le duc devient protector du royaume (1455), il meurt, soit empoisonné, soit dans une bataille.
Son fils Thomas (1432-1462) partage les hauts et les bas du roi et de la reine. Une fois le fils du duc d'York fait roi (Edward IV) en 1461, il est décapité, accusé de trahison (attainted) et dégradé (forfeited). Son frère Henry semble avoir été à son tour accusé de trahison et décapité (1466). Le dernier frère John, restauré dans ses honneurs en 1470 quand Henri VI redevient roi temporairement, est ensuite tué à la bataille de Tewksbury (1471, victoire d'York) et derechef dégradé. C'est la fin des Courtney d'Okehampton [21]. Leurs propriétés et leurs honneurs leur sont retirés et distribués aux partisans d'York. Il faudra attendre l'act of resumption de Henry VII (1485) pour annuler ces condamnations et transférer biens et dignités à Edward Courtney de la branche cadette (Haccomb/Boconock).
Ceux-ci sont issus du grand Hugh dont nous avons parlé [22]. Edward, l'arrière petit-cousin des derniers Okehampton, très actif aux côtés du comte de Richmond (futur Henri VII), adhère à la conspiration de Buckingham contre Richard III et, après son échec (1483), lui, son frère Walter, le cousin Peter, évêque d'Exeter et d'autres western gentlemen, rejoignent le Tudor en Bretagne. Ils sont tous outlawed et attainted. Plus tard, ensemble ils débarquent dans l'ouest : They landed the 6th of August, and a great many Noblemen with their Retinues immediately resorted to them. A la bataille de Bosworth, Richard battu et tué, Richmond devient roi (1485) et, aussitôt restaure Edward dans les honneurs et biens des Courtney comtes de Devon (patentes 26 Oct., 1485).
Usurpateurs[22b], les Tudor "royaux" resteront craintifs et vindicatifs à l'égard de tous les descendants Plantagenet (anyone with Plantagenet blood lived under a death sentence, Seward, 2010). Pour se donner quelque légitimité, Henri VII épouse aussitôt la fille aînée du roi "yorkiste" Edward IV.
Dix ans après (1495), William, le fils et héritier d'Edward Courtney, marie la sixième fille d'Edward IV, apportant une nouvelle dose de sang royal dans le pedigree Courtney. Peut-être, la goutte de trop [23]! William, suspecté d'être devenu yorkiste par son mariage et compromis par Suffolk (Edmund de la Pole) dans sa rébellion, est emprisonné (1506) et dégradé pour l'empêcher d'hériter de son père Edward (✟1509).
Heureusement pour lui, le roi meurt et Henri VIII, prenant le contre-pied de son père, libère son "oncle" William et l'honore en lui accordant de porter la troisième épée lors de son couronnement. Derechef, le Courtney est restauré dans ses biens et dignités (10 mai 1511), ce dont il ne jouit guère, mourant quelques jours plus tard (9 juin).
Son fils Henry lui succède. Dans une première phase, il fait partie des joyeux compagnons du roi dont il reçoit gratifications, honneurs et titres (marquis d'Exeter en 1525 etc.). Quand le schisme arrive, il est de cette conservatice aristocracy qui s'oppose à Wolsey, soutient la true queen (Catherine d'Aragon) contre le Boleyn party et rejette Anne, au couronnement de laquelle Henry a l'audace de ne pas participer (1533). Revenu en faveur pendant la parenthèse Seymour, il est emporté par la crise qu'ouvrent en 1536 la condamnation du roi par Pole (Pro Ecclesiae Unitatis Defensione) et le soulèvement du Yorkshire (Pilgrimage of Grace) et qu'aggrave la mort de Queen Jane (oct. 1537). En butte à la suspicion de Cromwell et du roi, compromis par la fidélité ouverte de sa femme Gertrude à l'ancienne religion, il est liquidé avec les autres amis et parents de Pole (western conspiracy): la House of Lords le déclare coupable de trahison (3 Dec. 1538). Il est décapité (9 jan 1539) et dégradé [24]. Encore un !
Son fils, Edward, âgé de douze ans, born to be a prisoner, reste à la Tour pendant quinze ans, spécifiquement exclu du general
pardon de l'avènement d'Edward VI. En 1553, la nouvelle reine, Mary, rappelle le cardinal Pole et vient à la Tour libérer "ses prisonniers" (3 août). Edward, aussitôt (re)créé comte de Devon (3 Sep. 1553), rate de peu la main de la reine. Le bel
Edward, the last spring of the White Rose of Plantagenet, magnifié par sa longue captivité, est le candidat naturel du chancelier Gardiner, du conseil
privé de la reine, et des commons.
Et aussi des ambassadeurs français et vénitien qui veulent empêcher le mariage espagnol. De plus la mère d'Edward, catholique et fidèle jusqu'au bout à Catherine d'Aragon, mère de Mary, est l'amie intime de la reine qui se souvient que le marquis d'Exeter fut décapité pour conspiration avec Pole. Edward a tout pour lui mais c'est Charles Quint qui gagne et Philippe d'Espagne épouse la reine.
La version romanesque: la reine aurait voulu Edward [25] qui aurait préféré sa demi-sœur, Elizabeth (la future Virgin Queen). D'où jalousie, colère et disgrâce. Voyez, par exemple, le roman épistolaire de Lenoble (Mylord
Courtenay ou histoire secrète des premières amours d'Elisabeth d'Angleterre).
La version politique: le mariage d'Edward et Mary, quasi décidé à l'été 1553, est défait par les manœuvres de l'empereur, aidé par le dévergondage public et l'absence de sens politique d'Edward que déplorent les contemporains (à commencer par Noailles, l'ambassadeur de France, qui fait tout ce qu'il peut pour le pousser). L'idée du mariage d'Edward et d'Elizabeth n'a rien d'une romance, c'est le désir de ceux qui désirent ou projettent une autre option que le mariage espagnol. Apeuré, hésitant, insouciant, Edward ne tente pas sa chance. Sa chute est aussi rapide que l'avait été son retour aux honneurs : la défaite de l'insurrection de Wyatt [26] le renvoie à la Tour en février 1554 ! avec le duc de Suffolk (aussitôt décapité ainsi que la malheureuse Jane Grey)...et Elizabeth. Après le mariage de la reine (juillet 1554), Edward, libéré (printemps 1555), est mis sous surveillance impériale à Bruxelles. Il s'enfuit à Venise et meurt à Padoue en octobre 1556, peut-être empoisonné. Avec lui s'éteignent les Courtney. Ses biens et domaines sont partagés entre les descendants des sœurs de son arrière grand-père Edward. Le titre de comte de Devon étant éteint, il sera donné (vendu) par James I, d'abord à Blount, Baron Mountjoy, ensuite (1618) à Cavendish dont les descendants, devenus Dukes of Devon(shire) en 1694, le sont encore aujourd'hui.
L'extinction des Courtney (avant leur résurrection) nous invite à un parallèle avec les Courtenay, malgré toutes les différences historiques et institutionnelles [28] entre les deux pays. Les Courtenay royaux, dès la seconde génération, décollent (Philippe Auguste) et atteignent tout de suite les hautes sphères. Mais ils ne se "soutiennent" pas. Si Pierre deux du nom avait eu des fils de son premier mariage, s'il n'était pas tombé dans le piège impérial, peut-être lui et ses descendants auraient eu une belle carrière de comte français ou de marquis germanique. La branche aînée, empereur titulaire, garde son prestige pendant un siècle : le manque de fils et l'échec de la reconquête l'éteint. Hasard ou destin ? Le frère de Pierre, Robert de Champignelles, bien placé à la cour, engendre autant de fils que quelqu'un de ce temps peut souhaiter : mais, s'il réussit à décrocher pour l'un l'archevêché de Reims, les autres ne sont que de gros sires.
Certes, les Courtney sont mieux localisés : le Devon est une frontière, propice aux débarquements des Français ou des Anglais exilés, ce qui, d'emblée, leur donne un rôle. Certes, ils ont la chance d'hériter de l'earldom des Reviers, de faire de beaux mariages et de ne manquer, ni de fils ni de vertu guerrière. Leur extinction en 1556, après les héroïsmes des "deux roses" et le flamboiement du marquis d'Exeter à la Cour, est autrement spectaculaire que l'asphyxie insidieuse de leurs homologues français.
On ne peut s'empêcher de se demander si, au-delà des hasards et des différences systémiques, l'écart des trajectoires ne résulte pas d'une "dépendance au chemin" (path dependence) : le destin des Courtenay n'est-il pas inscrit dans leur origine ? Je l'ai dit (Obscurité & Présomption), biologiquement, Pierre est le fils du roi, "socialement" il n'est rien. Au moment où son mariage fait de Reginald un "baron féodal" d'Okehampton, celui de Pierre le rend "sire de Courtenay". Son fils, Robert, quoique doté en terres, ne reçoit pas de titre et Pierre "ii" n'est que comte consort. Les deux bénéficient d'une conjoncture favorable (expansion philipaugustienne), ils ne s'inscrivent pas dans la structure. Ces Courtenay sont royaux sans l'être, ce pourquoi ils l'oublieront.
Au contraire, l'outsider Reginald est positionné dans la structure féodalo-royale et les Courtney, s'ils se félicitent du sang royal (anglais) que leur apportent plusieurs alliances, sont avant tout une dynastie comtale que, pour sa gloire et son malheur, les drames des deux roses poussera au premier plan.
Reste une ressemblance ironique : longtemps après que les Courtenay et les Courtney soient éteints, des cousins ambitieux entreprennent de les rallumer ! au long et vain combat des Courtenay tardifs des XVIIe/XVIIIe pour annuler des siècles d'obscurité et se faire reconnaître, répond au siècle suivant celui, bref et victorieux, du Courtney résiduel pour annuler 250 ans d'obscurité, se faire héritier mâle du malheureux Edward (mort en 1556) et devenir à sa suite comte de Devon.
"Où me suis-je trompé ? qu'ai-je fait (de mal) ?". Telle est la "devise plaintive" (plaintive motto) des derniers Courtneys, déplorant la chute de leur maison et affirmant leur innocence (Gibbon [29] qui précise en note: a motto which was probably adopted by the Powderham branch, after the loss of the earldom of Devonshire, &c). Malgré son opulence, ses succès propres et son silence, la dernière branche Courtney souffrirait d'être détachée du tronc et amputée des honneurs qu'il confère[30].
Cela ne vous fait-il pas penser à nos Courtenay français qui, déplorant la chute de leur maison et affirmant leur innocence, auraient pu clamer aussi Ubi lapsus ? Quid feci ?
D'un côté il s'agit de la dignité comtale, de l'autre de la dignité royale. Le premier cas n'est pas une affaire d'Etat et, en Angleterre, rencontrera un dispositif formel pour se plaider. Une autre différence est que l'issuance des Courtney of Powderham est claire et indiscutable, loin des zigzags et des brumes des Courtenay tardifs. Aussi le cas Courtney tel qu'il sera traité au XIXe est réduit à l'essentiel : le droit du sang.
Les Courtney de Powderham portent bien sûr three Torteaux Gules et se transmettent de père en fils le château de Powderham et une série de terres en Devon et Cornwall ainsi qu'en Irlande. Ils descendent en ligne directe du cinquième fils du grand Hugh, Philip, que,
en
1383, Richard II fit Lord Lieutenant of Ireland for ten Years, initiant les intérêts et possessions irlandais de cette branche. Sautons les générations [31], et arrivons (par une longue série de William et quelques autres) à ce William (1632-1702) qui, malgré un beau-père général dans l'armée du Parlement, soutient (au moins au dernier moment) le parti du roi [32], lequel, à la restauration, le fait baronet. Par héritage collatéral, il reçoit le château et le parc d'Okehampton (passés à des familles étrangères par la mort d'Edward), renouant ainsi le lien lignager. En 1762, son arrière petit-fils (William) est fait viscount of Powderham-Castle ce qui l'élève à la pairie alors que, jusque là, squires dépourvus de titres, s'ils ont souvent siégé au Parlement, c'était aux Commons en tant que knight of the shire.
Le troisième vicomte, son petit-fils, encore William (1768–1835), est celui qui nous intéresse. Il va demander et, plus heureux que les Courtenay français, obtenir, d'être restauré dans les honneurs d'Edward qui "dormaient" depuis 250 ans.
William "Kitty" est célèbre pour son excessively flamboyant lifestyle alimenté par les revenus irlandais, et pour son homosexualité devenue publique à une époque où elle était encore punissable de mort [33]. Inculpé, il quitte l'Angleterre et partage sa vie entre son domaine à New York, la place Vendôme et son chateau de Draveil à côté de Paris. Inutile de préciser qu'il n'occupe pas son siège à la House of Lords. Comment en vient-il à réclamer le siège d'Edward ? L'action n'est pas conduite par lui, mais en son nom par un cousin entreprenant, encore un William, son seul héritier. Ce William trouve l'argumentation, et pétitionne au nom du viscount (1830. Le dossier arrive au comité des privilèges de la Chambre des Pairs.
Cousin William a tout ce qu'il faut pour réussir. L'intérêt d'abord : quoiqu'il doive hériter des biens du viscount, il ne sera pas lord à sa suite, n'étant pas héritier direct ; tandis que, si le titre de comte de Devon arrive à William-Kitty comme descendible, il ira jusqu'à lui. William (1777-1859) a les moyens de son ambition: avocat, MP pour Exeter depuis 1812, master in Chancery, il est devenu en 1826 clerk-assistant à la chambre des Lords, c'est-à-dire chef en second de son administration. Il jouit de la bienveillance du Lord-Chancellor Brougham (cabinet Grey) qui emportera la décision du Committee [34] au terme d'un débat d'antiquaries qui plane très loin de la crise révolutionnaire qu'affronte alors le gouvernement[35].
Le dossier présente deux aspects : une discussion juridique abondamment débattue que je survolerai et une question de fait qu'on cherche à éluder, la question Courtenay : si vous avez été spoliés pendant 250 ans, comment n'avez-vous jamais protesté ? (le silence de vos ancêtres vous disqualifie).
La position de William à la Chambre lui a donné accès aux archives. Il a retrouvé les instruments juridiques de 1553 dont le texte précis était inconnu. Quelle satisfaction a-t-il dû éprouver en lisant la clause d'hérédité ! alors que les honneurs de quelqu'un se transmettent généralement en ligne directe à l'heir of his body, ce texte-ci fait exception et étend la transmission aux héritiers mâles à perpétuité (sibi et heredibus suis masculis imperpetuum). La différence est énorme : un homme n'a pas toujours de fils, dans ce cas la dignité s'éteint ; mais il a presque toujours un héritier, fût-ce un cousin éloigné, et la dignité se transmet. Or c'est précisément le cas de William, cousin au troisième degré du viscount
William [36]. Les termes de la patent de Queen Mary transformée en bill par le Parlement permettent donc à la fois de faire du viscount un comte de Devon (alors qu'il n'est qu'un cousin éloigné d'Edward) et, à sa mort, de faire de William un comte héréditaire !
Néanmoins, si la démonstration généalogique est limpide et incontestable, le caractère exorbitant d'une telle clause d'hérédité soulève quelques difficultés qui seront discutées Retenons en deux : la jurisprudence Lovel (18. Henri VIII) et l'intentionnalité de la clause.
C'est tout spécialement à Hugh, l'ancêtre commun aux deux branches, qu'il faudrait se référer [42]. Par le décès d'Edward qui était le successeur de Hugh, le
next in descent, se trouve treize degrés plus loin, en remontant à Hugh et en descendant jusqu'à William Courtney de Powderham-Castle dont le pétitionnaire est l'héritier direct [43]. C'est cette thèse farfelue que retiendra le comitee for privileges en proclamant earl of Devon, le viscount et, rétrospectivement, son père, grand-père, arrière grand-père etc., tous faits earl de jure et inscrits comme tels dans la liste des comtes de Devon du Peerage : neuf générations de comtes d'un seul coup ! On se souvient que, Edward mourant sans postérité, ce furent ses cousines troisièmes qui reçurent ses biens, lesquels, par leurs mariages, se sont dispersés. Les biens, non la dignité qui a dormi pendant 250 ans, attendant d'être réveillée par le vicomte charmant ! Dormi ? on la croyait éteinte !
l'objection,
timide au commitee, s'exprime vivement dans la société. C'est la question de fait : si cet honour est éteint, la Couronne pourrait faire du viscount un nouveau comte de Devon (création), elle ne peut pas attribuer à ses pères, grands pères, et à lui-même une dignité qui n'existait plus.
Nous retrouvons ici une problématique familière qui rapproche les cas Courtney et Courtenay. Si les avocats se donnent beaucoup de mal pour l'écarter, l'attorney general l'aborde nettement [44]. Banks, ulcéré par la décision de la House [45], l'exprimera avec la plus grande vigueur. La preuve que l'Earldom
Courtney
est éteint par la mort d'Edward, c'est qu'il a été traité comme tel par la couronne et par les intéressés, les Courtney de Powderham-Castle.
Problème: les Cavendish sont déjà earl of Devon (titre non aboli mais fondu dans leur dukedom). Il ne peut pas y avoir deux comtes de Devon ! la vieille équivalence Devon/Devonshire est terminée : Courtney sera Devon et Cavendish Devonshire !
Le lecteur d'Obscurité & Présomption aura pensé aux Courtenay : une branche marginale qui s'est tue pendant des siècles se réveille soudain et réclame les privilèges de ses ancêtres.
Mais la plus grande différence réside dans le haut degré de formalisme et de documentation qu'on trouve en Angleterre depuis la conquête normande. Les droits sont écrits ! le long jeu entre le roi et le Parlement, comme les contentieux jugés par les tribunaux du roi, ont explicité les privilèges et les devoirs, multiplié et précisé les procédures. Nos Courtenay français ont présenté leur première requête au roi Henri IV en espérant la voir soumise à un traitement formel, soit au Conseil, soit au Parlement. Aussi vague que menaçante, elle est écartée et le Parlement ne se prononcera que tardivement et obliquement (Hélène) car il n'y a rien à juger. Et ces Courtenay ne sont pas grand chose et n'ont rien fait pour la Couronne. En Angleterre et deux siècles plus tard, l'opulent et well connected vicomte Courtney, présente sa pétition au roi, invoquant un instrument juridique, la patent de Queen Mary, et formulant une demande précise qui, en même temps, n'a pas de réel enjeu [52] (sauf pour l'héritier du viscount). Par automatisme, ou par un coup de pouce du Lord Chancellor, elle est transmise à la House et examinée par le committee for privileges qui, l'ayant acceptée, suggère aux Lords de la satisfaire, ce qu'ils font. Le débat, au committee comme dans l'espace public, ne porte pas sur des généralités et des chartes privées mal ou pas authentifiées, il porte sur des documents et des précédents, il se nourrit d'une immense jurisprudence en matière de concessions royales et de peerage. Faute de vrais pairs, il n'existe pas en France un tel corpus de casuistique en la matière !
Toutefois, nous pouvons induire du dossier Courtney quelque chose sur la manière et quelque chose sur le fond.
Premièrement la manière : en voyant surgir la première requête des quatre Courtenay tardifs en 1603, nous nous sommes interrogés sur ce qui les meut. Nous avons évoqué i) l'apparition de "preuves" (du Tillet), ii) la cristallisation des royaux, iii) l'arrivée à la Couronne des Bourbons, presqu'aussi lointains cousins qu'eux-mêmes, iv) la sommation qu'on leur a faite de justifier leur noblesse. Ces moteurs sont vraisemblables mais il est impossible d'imaginer comment l'idée a surgi. Le cas Curtney nous le montre : pendant une série de générations, les Powderham ont eu le sentiment, non pas d'un droit, mais de mériter quelque chose ; cousins de tant de grands hommes, et non négligeables eux-mêmes, ils devraient avoir un titre. Cleaveland prête ce sentiment au baronnet William : he not affecting that Title, because he thought greater of Right did belong to him... Mais ces Courtneys, persuadés comme tout le monde que la dignité de count était morte et enterrée, n'y rêvaient nullement. Et voilà qu'un accident survient : l'arrière cousin. Il n'héritera pas du titre et du siège du viscount absentéiste. Or il est ambitieux, il a siégé aux Commons, il travaille à la House, il voudrait bien être Lord. Puisqu'il n'est pas heir of the body du viscount, il faut trouver autre chose [53]. Il trouve le texte de la patent d'Edward qui, par chance, lui offre une ouverture [54]. Etant reconnu héritier du viscount, il agit en son nom, mobilise deux excellents avocats [55] et grâce au soutien du Lord Chancellor et à la faible combativité (de ce fait ?) de l'attorney general obtient ce qu'il voulait. Mutatis mutandis, n'y-a-t-il pas eu quelque chose de ce genre chez nos Courtenay. Quelqu'un est tombé sur du Tillet et, dans le contexte évoqué (les quatre facteurs supra), a eu l'illumination. Qui ? probablement un des cousins signataires –je penche pour un des deux qui s'exileront temporairement en Angleterre, des Salles ou Fréauville. Il convainc le "chef de la maison", Gaspard de Bléneau et déclenche l'affaire qui, ensuite, trouve son propre dynamisme.
Deuxièmement, le fond. Le Committee examine la question du sang que pose la clause de transmission de la patent et, dans le cas d'Edward, la disjonction des general heirs et du heir male. Heirs male of his body (sous-entendu : légitime) est bien défini. Heirs male tout court ouvre des possibilités presqu'illimitées. Heir general sert de repoussoir car, alors, des filles pourraient hériter de l'honour (ce qu'elles font souvent) et, en se mariant inconsidérément, le transporter dans des familles qui n'en seraient pas dignes, voire indignes, voire alien, voire alien ennemies [56]. Tandis que le heir male, même latéral, appartient à la famille qui a initialement reçu l'honour. Inutile de s'offusquer du "chauvinisme mâle" de l'époque et de se demander si un heir male ne peut pas devenir traitor, felon, se marier inconsidérément, perdre ses terres et ses biens, et dégénérer. L'intéressant, c'est le mythe de l'ancêtre commun [57] qui ramène le débat à Hugh. On aurait été jusqu'à Reginald s'il avait fallu ! mais il ne servait à rien, n'étant que feudal
baron [58].
Le potentiel de l'ancêtre commun résulte d'un postulat anthropologique, non d'une conception juridique. Au contraire :
Les Courtney ici, les Courtenay là, se réclament d'une espèce de droit du clan (qui est, à nos yeux, l'aspect le plus saugrenu de leur démarche) : puisque l'ancêtre commun a été qualifié (de jure pour le Hugh du XIVe, de facto pour le Pierre du XIIe) ; puisque cet honneur est dormant ; puisque nous sommes le dernier avatar du grand homme (directement ou indirectement) ; nous devenons son substitut, nous nous identifions à lui et donc son honneur (ou quelque chose de cet honneur) nous échoit. Le primogenitor se réincarne successivement dans ses héritiers qui ne reçoivent pas de droits de leur prédécesseur mais portent les droits du commun ancêtre. La durée n'importe pas si elle est transparente en ce qui concerne les filiations. Le droit des fiefs tardif exprime quelque chose de ce genre, sans toutefois envisager les honneurs [59]. Ce qu'il faut remarquer, c'est que cette conception archaïque ne choque pas plus les Français du XVIIe que les Anglais du premier XIXe.
Sur cette base, les Courtenay auraient pu gagner. Mais le parallèle anglais fait ressortir tout ce qui, leur manquant, rendait l'échec inéluctable, puisqu'ils demandent plus que les Courtney avec moins d'atouts en main.[1]...the Courtenays of Oakhampton and Oxfordshire, descended from the Reginald de Courtenay who first appears in the service of Henry II at some time after 1160. Later, family myth would present this Reginald as the rightful lord of Courtenay in the Gatinais south of Paris, dispossessed and forced into exile by Louis VII for bis role in arranging the marriage between Louis's wife, Eleanor of Aquitaine, and Henry II ...There is absolutely nothing, save wishful thinking, to support such a suggestion. The last of the original line of Courtenays, Renaud or Reginald, simply disappears at the time of the Second Crusade, in all probability deceased. His daughter, or possibly his sister, Elizabeth, was married to Peter…The Courtenays to whom Henry lI awarded lands in England, although related to the original Courtenay line, appear to have been only distant cousins. Nonetheless, cousins they were, so that in 1217, when Robert de Courtenay of Oakhampton was asked to surrender Exeter to Isabella, he is described in King Henry III’s letter as 'our kinsman'...
[2] L'argument remonte à Petit-Dutaillis, 1894, et à la publication de la charte dans les Annales du Gatinais en 1923. Perhaps because of his kinship to one of the leading families of France, Robert de Courtenay of Oakhampton appears to have been singled out for particularly harsh treatment by Louis and the French during the civil war of 1216-17, being deprived of his lands in one of Louis few surviving English charters.The fact that the original of this charter survives amongst the Courtenay family archives in France provides further proof, if such were needed, of the kinship between the English and French Courtenays.
[3] La charte (Annales du Gâtinais) donne à Gilles de Melun toutes les terres de Robert de Courtenay (omnes terras Roberti de Corteneiaco) reçues et à recevoir de Louis auquel il s'oppose à présent (qui contra nos est). Peut-être Robert Courtney, baron de Sutton, que King John a fait gouverneur du château d'Oxford et sheriff de l'Oxfordshire, s'est-il rallié à Louis et l'a trahi. Rien de personnel, la plupart des barons ont oscillé selon l'évolution du rapport de forces.
Ou bien s'agirait-il d'une brouille momentanée avec l'autre Robert, l'oncle du Prince et futur bouteiller du roi? Louis lui a confié une ville conquise et donné des dépouilles. Il peut les lui reprendre s'ils se disputent. Le Robert français, pas plus que les autres barons, ne saurait être en accord constant avec Louis. Ce serait étranger aux moeurs du temps qui connaît peu de fidélités monolithiques. Même le féal anglais par excellence, Guillaume le Maréchal, a flotté entre les deux rois après la reconquête française de la Normandie et son fils se rallie à Louis, avant de revenir à son roi ! Rappelons-nous que Robert a fait partie des suspects de Bouvines et qu'il a dû fournir des garants pour une somme énorme. Le fait que, en 1217, il commande la dernière flotte de secours qui se fait détruire à Sandwich, n'interdit pas que, à quelque moment, et en particulier en septembre 1216, Robert puisse s'opposer au jeune Louis dans les circonstances confuses de la conquête et du chacun pour soi du pillage. Quant aux faveurs accordées par Louis a ses compagnons,… II n'avait point de grandes ressources personnelles… or, de bonne heure des defections s'etaient produites…pour retenir les chevaliers d'outre-mer, i1 fallait leur donner des terres (Petit-Dutaillis, p 120). Ce n'est pas une croisade emportée par un élan mystique. Au contraire, les guerriers de Dieu sont dans l'autre camp puisque Jean a fait hommage au pape de son royaume et que le pape a excommunié les envahisseurs. Ceux-ci rêvent simplement de refaire le coup de 1066 et d'en tirer le plus grand profit personnel. Rappelons-nous encore Hervé de Donzy de la race de Ganelon suspecté d'agir par cupidité contre son Prince. Et tous ces barons anglais qui basculent d'un camp à l'autre selon les victoires et les défaites...
[4] Ce nom est aussi porté par un petit village, aujourd'hui dans l'Isère, c'est à dire, à l'époque, sur une autre planète.
[5] Dans sa célébration du Battle-Abbey Roll (1889), la duchesse de Cleveland s'exclame : M. de Magny reproduces this list /tablet in the ancient Church of Dives/ in his 'Nobiliaire de Normandie' with the addition of fifty names "that his researches in the Norman and English archives have enabled him to include." He, too, eschews references; and I am curious to know upon what authority he has included Courtenay…(Cleveland, Catherine Lucy Wilhelmina Powlett Duchess of-,1889, The Battle Abbey Roll: With Some Account of the Norman Lineages, Volume 1, J. Murray).
[6] what evidence is there, as a question of fact and history, that any such list was ever prepared ? In answer to this question it will, I believe, be universally admitted, that there is no testimony from any early chronicler, to the formation of such n list in the monastery for any purpose or on any suggestion whatever; that no such list is to be found in any of the registers, or chartularies, or chronicles of the house that have descended to our times, and there are several of them ; that no separate script containing such a list exists, and yet the existing documents relating to the Abbey and its possessions are exceedingly numerous: and further, that no antiquary or other person of credit pretends to have ever seen or heard of such a list. So that we are driven to this conclusion, that no proof exists that such a list over was prepared, and if prepared, it has not descended to our time, either in the original or in any copy... Holinshead, in 1577, is the first writer who claims for any of them the title of the Roll of Battle Abbey…Stowe is to be compared, who, a very few years later, published another list differing from Holinshead’s…Next comes Du Chesne. He received from Camden a copy of Stowe's List and he has printed it…Camden would seem to have entertained a notion that there was some primitive list made at Battle, but lost (Hunter).
[7] Si, dans les dix listes connues, there are many names which are common to all of them or nearly all, néanmoins There are names of families in them which we know historically did not become settled in England till long after the Conquest. Persons are omitted of whom we have the best evidence that they were in the expedition (Hunter).
[8] ...sed cum illa /Isabella de Fortibus/ sine liberis obiisset, Hugonem Courtnaeum regio Francorum sanguine natum, cognationemque superioribus Comitibus connexum, Rex Edwardus III mandato Devoniae Comitem creavit, 1590, Francfort, Wechel, § Denshire, p 139. Hugh Courtney, descended (as it is deliver'd down to us) from the Royal line of France, and ally'd to the former Earls, was by King Edward 3, by his Letter only, without any other ceremony, created Earl of Devonshire (ed Gibson 1722, T1, p 47)
[9] From this Lady /Adelicia, fondatrice de Forde/ did descend Hawisia who was married to Reginald de Courtnay, who was the Grandson of Lewis the Gross of France, from whom descend the noble Family of Courtnays, Patrons of this Abby, and great Benefactors. Whose descent and lineage is set forth in the Book at large (Dudgale, MONASTICON ANGLICANUM, Abridg'd in English. Of certain Antient Monasteries in Wales. Of the Cistercian Order., [ §785] FORD, in Devonshire, Page 95 )
[10] Dugdale, Monasticon Anglicanum, ed. 1825, vol. 5, p 376 sq, §Abbey of Ford, #Cartae ad Fordense Coenobium in agro Devoniensi spectantes NUM. I. Fundationis et Fundatorum Historia. [Ех MS. codice sub effigie Julii B. 10, in bibl. Соttoniana] : ...generoso domino Reginaldo de Courtnay, tam earum custodia, quam maritagium a rege collata erant. Seniorem igitur filiam Hawisiam, tanquam nobiliorem, dictam vicecomitissam dominus Reginaldus sibi nupserat, sed juniorem, scilicet Matildam, dicti Roberti filii regis patris sui haeredem, filio suo Willielmo de Courtnay de priore conjuge in Normania primogenito, in uxorem contrahebat, annis Dom. et regis Henrici supradictis.
Fuit autem iste dictus Reginaldus de Courtney filius domini Flori, filii regis Franciae Lodovicì, cognomento Grossi; ac etiam ista Hawisia vicecomitissa uxor ejus secundo, de sanguine regio Anglicano, ex parte dominae Albredæ neptis etiam regis Willielmi Bastardi matris aviæ suæ dominae Adeliciæ vicecomitissæ primitiis memoratæ generosæ exorta.
Tota ergo illorum posteritas Reginaldi, videlicet, et Hawisiae tam ex patre quam ex matre de regio semine prodiit, ac tribus regia Franciae pariter et Angliæ in eis mixta fuit
[11] Hugh, 3ème du nom et second Courtenay comte de Devon épouse Margaret Bohun dont la mère était la fille d’Edwardd I, ce qui en fait la nièce du roi régnant :
per quam contigit posteritatem Courtneis regio sanguine anglico iterum renovari, ex ea provenientem. Ingenuitas enim hujus dominæ Margaretæ neptis regis Angliae, quæ fuit filia filiæ regis Edwardi egregii, æquipollet generositati Reginaldi de Courtney supradictì, qui fuit filius domini Flori filii regis Franciae Grossi Lodovici, et sic generositas de Courtneis recentiori ingenuitate sublimatur, ac regia tribus, regalis necnon progenies Franciae pariter et Anglian in eis permiscetur (ibid).
[12] Notons que le nom Florus n'est pas aussi incongru qu'il le paraît. Louis le gros a eu pour demi-frère un Fleury (Florus), fils de Bertrade. Louis le jeune (Louis VII) est aussi dénommé Ludovicus Florus, "soit par affection, soit à cause de sa beauté" (Orderic Vital).
Expilly, abbé, Dictionnaire géographique, historique et politique des Gaules de la France, 1764, Volume 3, F-K, Amsterdam, p 185 : Comment se persuader que tous nos Rois depuis Clovis aient porté pour armes des fleurs-de-lys, & que cependant il n'en soit pas parlé avant l’an 1179? Car le témoignage le plus ancien que nous ayons en leur faveur, de cette année, & tirè des mémoires de la chambre des Comptes, où il est marqué que Louis le Jeune fit parsemer de fleurs-de-lys les habits de de Philippe-Auguste son fils, lorsqu’il le fit sacrer à Rheims. Ces mémoires de la chambre des comptes donnent lieu de croire que Louis le Jeune pris des fleurs pour sa devise pour faire allusion à l’épithète de Florus ou Fleury que son pere Louis le Gros lui donnoit par amitié &. par caresse…On pourrait dire aussi que Louis VII prit le premier des fleurs-de-lys sans nombre, par allusion à son nom de Loys, & parce qu’on le nommait Ludovicus Florus, Louis le Fleury…Au reste, il est certain que les auteurs sont très-partagés…
[13] William Camden, 1607, Britannia, DESCRIPTION OF ENGLAND AND WALES, § Devon (Denshire) trad Philemon Holland, 1610 : Reginald Courtney was the first of this family that came into England, brought hither by King Henrie the Second, by him advanced with the mariage of the heire of the Baronie of Okehampton, for that he procured the mariage between the said King and Aeleonor the heire of Poictou and Aquitaine. But whether hee was branched from the house of Courtney before it was matched in the bloud roiall of France or after, which our Monks affirme, but Du Tillet Keeper of the Records of France, doubteth, I may say somewhat in another place.
Dans les Remains, au § "surnames", il donne comme une évidence (p 96, ed, 1605) : Out of other parts of France, from places of the same name, came Courtney, Corby, Bollein, Crevecuer…et , dans l'ed. 1629, au § "epitaphs", évocant celle de Robert Courtney : buried at Ford, 1242, who wether he was descended from the Earls of Edessa or from Peter the Son of Lewis the Gross, Had but this bad inscription…(p 322).
[14] Il y a en Angleterre une lignée certainement sortie de France, & de la maison de Courtenay: le doubte serait de la premiere ou de la seconde pour les surnom & armoiries des deux lignes semblables: mais n’estant la source de celle de Angleterre trouvée en la seconde qui est du sang de France, force est la recognoistre de la premiere, & y a apparence qu’elle ait esté des comtes d’Esse /Edesse/ retirée en Angleterre où elle est de longue main palntée en grandeur (du Tillet, Recueil des Rois, ed 1580, p 91).
[14b] Certains ont même prétendu que "Reginald" était issu des Courtenay d'Outremer, ce qui n'est validé par rien et n'explique pas comment il serait parti en Angleterre.
Du Cange, Familles d’Outremer, (édité par Rey, 1869, p304), § De la maison de Courtenay en Angleterre issue selon quelques auteurs des comtes d’Edesse: Quelques mémoires manuscrits d’Angleterre que j’ai vus et qui m’ont été communiquez par M. d’Hérouval, font descendre la maison de Courtenay qui y subsite encore à présent d’un fils puîné de Joscelin Ier, comte d’Edesse, sans donner la preuve de cette descente qui est incertaine, quoiqu’il soit probable que les seigneurs de cette famille en Angleterre soient sortis de la même tige, c’est-à-dire de la maison ancienne de Courtenay dont ils ont porté les armes...
[15] The city of Exeter and the surrounding Devonshire countryside provide a dear example of continuity from pre-Conquest practices. Exeter and the English queens were often associated, as we have seen to be the case with Queens Edith and Emma in the eleventh century. Like Edith before her, Matilda received twothirds of the tolls of Exeter, amounting to £37 10s a year, which she diverted to support the canons at Holy Trinity Aldgate Later in Matilda's century, the city was named as part of the dower of Berengaria of Navarre. Several queens drew revenues from Devonshire lands outside Exeter (Huneycutt).
On ne sait pas quel était le douaire initial d'Eleanor d'Aquitaine mais, quand Richard la libère, il lui attribue (restitue ?) ce que, à sa mort, John donnera à Isabelle d'Angoulême (1204) : On Eleanor's death, John also pledged her English and Norman inheritance- which included the towns of Exeter and Chichester, manors in Devon...(Hilton, §Eleanor).
On ignore tout du parti qu'a pris Reginald dans les affrontements d'Eleanor et Henri. Il est cependant clair qu'il n'a pas été entraîné dans la punition de la reine, ni dans sa rédemption avec l'avènement de Richard, ni ne l'a suivie lorsqu'elle a quitté l'Angleterre. Il paraît être l'homme du roi davantage que celui de la reine.
[16] In all the Courtenay pedigrees to which we have been able to refer it is stated that Reginald de Courtenay came into England and obtained grants of lands in the reign of Henry II., and that by marrying Hawisia de Aincourt, daughter of the Lord of Aincourt by Matilda de Averinches, he became Lord of Okehampton. It is also stated that the first Reginald de Courtenay...It has been generally received as a fact that Reginald de Courtenay I. accompanied Queen- Eleanor to England in 1151, just ten years before he obtained the manor of Sutton from Henry II., and that he was the first member of the family settled in this country. If this is the case it is remarkable with what rapidity the name spread (Dallas & Porter, in Notes & Querries, 1895, S8, vol. 7, p 441-3 et 503-5).
gen.
1 => | gen.
2 => | gen.
3 |
Matilda
de Donjon X? Reginald Ier X Matilda, da of R. FitzRoy | Reginald
II
X Hawisia | Robert
II X Mary de Redvers |
Robert
I.
X Alicia de Romeli |
[18] Comme j'en reste aux grandes lignes, je n'ai pas de scrupules à suivre Cleaveland, 1735. Gibbon dit de lui The rector of Honiton has more gratitude than industry, and more industry than criticism, ce qui ne l'empêche de l'utiliser largement, comme le feront les auteurs ultérieurs de Peerages (Brydges, 1812, après avoir recopié le jugement de Gibbon, recopie Cleaveland!). Si Cleaveland est le du Boucher des Courtenay anglais et vise la célébration des hauts faits et de la valeur de la famille à travers le temps, à la différence du français, il n'a pas à démontrer l'indémontrable ni à surmonter la confusion de la généalogie. Et, comme tous ces Courtney ont agi et brillé, il a beaucoup à raconter. Aussi est-il plus intéressant que du Boucher.
[19] Cleaveland, p213: In 1448, 27 Henry VI. there was a Dispute between the Earl of Devon and the Earl of Arundel about Precedence; and it was adjudged in Parliament, that the Earl of Arundel, upon the Account of his possessing the Castle of Arundel, should have Place in Parliament before the Earl of Devonshire. The Earl of Arundel obtained an Act of Parliament in his Favour, 11 Henry VI. but it was doubted whether the same extended to his Heirs and Descendants, and therefore the Question was moved again this Year ; and the Earl of Devon being descended from the Blood-Royal, did, as it seems, claim the superiour Place: But in Favour of the Feudal Honour of the Castle of Arundel, the Precedence was given to the Earl of Arundel,whose Descendants have been commonly called Primier-Earls of England.
[20] (1389) cf. Froissart, LIV, ch5 : Vous savez, si comme il est ici-dessus contenu bien avant en notre histoire, le roi Charles de bonne mémoire vivant , comment un chevalier qui s'appeloit messire Pierre de Courtenay, Anglois et de grand'affaire d'armes et de nom, issit hors d'Angleterre en France et à Paris, et demanda armes à faire à messire Guy de la Trémoille, présens le roi et les seigneurs et ceux qui voir le voudroient. Messire Guy de la Trémoille répondit à ce pour faire les armes, et ne lui eût jamais refusé. Et furent, le roi de France et le duc de Bourgogne étant en la place et plusieurs hauts barons et chevaliers de France, les deux chevaliers armés; et coururent l'un contre l'autre, ce me semble, une lance: à la seconde on les prit sus, et ne voult consentir le roi qu'ils fissent plus avant ; dont le chevalier d'Angleterre se contenta assez mal, et voulsist, à ce que il montroit, avoir fait les armes jusques à outrance ; mais on l'apaisa de belles paroles; et lui fut dit que il en avoit assez fait et que bien devoit suffire; et lui furent donnés du roi et du duc de Bourgogne de beaux présens. Et se mit au retour, quand il vit qu'il n'en auroit autre chose, pour retourner à Calais ; et lui fut baillé pour convoi le sire de Clary, qui pour le temps étoit un frisque et réveillé chevalier. C'est en rentrant que, maugréant contre l'arrêt de la joute à Paris et tenant de "mauvais propos", Pierre irrite Clary. Ils se mettent d'accord pour une joute privée aux alentours de Calais qui mécontentera les deux rois.
[21] Cleaveland, p 237 : This Battle of Tewksbury was fought May 4, 1471, and in it the Earl of Devonshire being slain, there was an End put the First Branch of the illustrious Family of Courtenay in England: The Father and three Sons all successively Earls of Devonshire, witnessed with the Loss of their best Blood, their true Affection to the House of Lancaster.
[22] Hugh (1303/1377) deuxième Courtney comte de Devon, marié à Margaret Bohun, nièce du roi régnant, a pour fils Edward et Philipp. De Philipp sortiront les Courtney de Powderham, la troisième branche que nous rencontrerons plus tard. D'Edward, sort Edward, héritier d'Okehampton etc, et Hugh qui devient Haccomb par sa deuxième épouse et engendre la branche cadette. Son fils Hugh, engagé du côté Lancastre, est tué à Tewksbury, laissant un fils (Edward) qui héritera de la branche aînée.
Gibs, T4, p 335: Pedigree shewing the descent (one, however, without any representation) of the Courtenays, of Powderham, from the ancient Earls (Reviers) of Devon
[22b] Les Tudor sont devenus "royaux" par des voies détournées. Ce sont des upstarts dont l'émergence est toute récente.
Vers 1424, Catherine de Valois, une fois veuve du roi Henri V, s'éprend de son gardien de la garde-robe, un petit gentilhomme gallois, Owen ap Maredudd ap Tewdwr (Tudor) dont elle a deux fils, Edmund et Jasper, que, ensuite, son fils royal Henri VI prend à la cour et traite comme de vrais demi-frères.
En 1452, il les élève à la pairie, faisant d' Edmund un comte de Richmond et de Jasper un comte de Pembroke. Les Tudor se battront pour Lancastre et, appartenant désormais à l'élite, Edmond reçoit la garde de la jeune Margaret Beaufort, la plus riche héritière d'Angleterre, nièce d'Edmond Beaufort, comte de Somerset, favori du roi Henri VI.
Il l'épouse (nov. 1455) et elle donne naissance à Henry (futur VII) en 1457.
C'est par Margaret Beaufort qu'est supposé passer le droit à la couronne des Tudor puisque les Beaufort descendent de Jean de Gand, 3ème fils du roi Edward III...quoique nés bâtards et ultérieurement légitimés par lettres-patentes de Richard II (1397), confirmées par un act du Parlement. Richard est détrôné par Henri (IV), fils du premier mariage de Jean de Gand. En 1407, Henri ratifie la légitimation de ses demi-frères Beaufort, excepta dignitate regali pour protéger sa propre dynastie.
Après qu'Edward IV ait supplanté Henri VI et que Richard (III) ait spolié (et probablement liquidé) ses neveux (les fameux princes in the Tower),
la
victoire de l'inconnu Tudor ne résulte pas d'une adhésion des nobles et des communs à Lancastre ni à sa personne mais, largement, de leur détestation des exactions de Richard et de leur fidélité yorkiste à Edward. A Bosworth, Richard III aurait vaincu s'il n'avait été trahi (Stanley). Aussi Tudor est-il un roi par défaut, perpétuellement menacé. Les innombrables descendants (officiels ou supposés) des Plantagenêt obsèdent les Tudor qui, à la faveur de conspirations —réelles ou imaginaires— s'en débarrasseront peu à peu.
[23] Cleaveland en fait une malédiction et d'autres le suivront.
Cleaveland, p 245 : His marrying into the Royal Family was very unfortunate to him, as it has been to most others ; for he was kept in Prison several Years by King Henry VII. His Son was beheaded by King Henry VIII. and his Grand-son was kept in Prison almost all Days of his Life.
Cokayne, 1913, T4, p 330 : he became an object of jealousy to Henry VII, by whom he was imprisoned, 1503-09, for alleged (but not proved) complicity in the Earl of Suffolk's rebellion, and having been attainted vp., Feb. 1504, was thus disabled from inheriting his father's Earldom.
[24] By the late 1530s, Exeter was an influential figure at court and was administering most of western England in his own name and that of King Henry VIII. He was also a political rival of Thomas Cromwell…However, his second wife, Gertrude Blount, was still a Roman Catholic. She had supported Elizabeth Barton to her downfall. She continued to maintain correspondence with Catherine of Aragon to her death. Cromwell used these connections to point suspicion at Exeter's loyalties.…Then Courtenay himself was found in correspondence with the self-exiled Cardinal Reginald Pole…Both Poles were accused of heading this conspiracy and Cromwell convinced Henry VIII that Exeter was part of it. In early November 1538, Exeter, his wife, and their son Edward Courtenay were all arrested and incarcerated at the Tower of London. On 3 December 1538, Exeter was put on trial in Westminster Hall. There was little evidence for his involvement in the so-called Exeter Conspiracy .
He was tried by his peers on 3 December 1538 in Westminster Hall. He was found guilty because of his correspondence with Cardinal Pole from Rome. He was executed by decapitation with a sword on Tower Hill on 9 December 1538 The earldom of Devon became forfeit, and his lands in Cornwall annexed by the Duchy (World Heritage Encyclopedia).
[25] Cleaveland, p 255 : there goes a Story, that the young Earl petitioning the Queen for leave to travel, she advised him to marry and stay at Home, assuring him, that no Lady in the Land, how high soever, would refuse to accept of him for a Husband...
De tels sous-entendus placent dans un salon ce qui était sur la scène publique: le projet était notoire et bénéficiait de l'approbation quasi générale du royaume et, à l'extérieur, de tous ceux qui se défiaient de Charles Quint, France et Venise en premier. Si Edward avait joué le jeu, la chose était faite. Les beaux yeux d'Elizabeth ne sont pas en cause: Edward est resté trop longtemps à la Tour, son éducation a été négligée, il n'est pas apte. En témoigne Noailles, l'ambassadeur de France qui, pourtant, lui veut tant de bien:
La veue de la presence a fort diminué la réputation qu'on luy donnoit , combien qu'il soit beau & honnête. Mais la nourriture que vous, sire, pouvez penser qu'il a prinse, ayant eté tousjours fermé dès son enfance dans des murailles, luy a laissé si peu de gravité & d'experiance, que je crains beaucoup qu'il soit pour se conduire à telle fortune, combien que la commune de toute cette province la luy desire (au roi, 9 aout 1553, in de Vertot, 1763, Ambassades
de
MM de Noailles en Angleterre, T2)
...le bruit s'etant fort commencé par deçà que cette Royne espouseroit le milord Courtenay…qu'elle espousera ledict Courtenay, ou le baillera à sa soeur madame Elizabeth (id 13 aout)
Mais dans la lettre au roi du 17 octobre…que cette royne est en mauvaise oppinion de luy, pour avoir entendu qu'il faict beaucoup de jeunesses, & mesme d'aller souvent avecques les femmes publicques & de mauvaise vie, & suivre d'aultres compaignies sans regarder la gravité & rang qu'il doibt tenir pour aspirer en si hault lieu. Je l'en ay fait adviser & prier par aucun de ceulx qui sont auprès de luy, de vouloir penser combien il faict de tort à sa grandeur & en quel dangier il se met de perdre par-là le plus grand bien & fortune qu'il puisse jamais esperer. Mais il est si mal aysé à conduire qu'il ne veult croire personne, & comme celluy qui a demeuré toute sa vie dans une tour, se voyant maintenant jouyr d'une grande liberté, il ne se peult saouller des délices d'icelle, n'ayant aulcune craincte de choses qu'on luy mette devant les yeulx...
Une fois que la reine a annoncé son projet d'alliance espagnole, Elizabeth et Courtenay apparaissent comme des instruments
bien
propres aux opposants pour troubler leur propre royne & faire chose contre l'intention d'icelle (mémoire au roi résumant ses lettres de fin novembre et 1er décembre). Mais qu'il etoit aussi à craindre que la jeunesse & peu d’experiance dudict de Courtenay ne fust pour passer en dissimulation ces choses avecques telle timidité & craincte qu'il se laisseroit plutost prandre que de rien exécuter comme faisoient ordinairement les Anglois qui ne sçavent jamais fuyr leur malheur, ny prévenir le péril de leur vie. C'est prémonitoire!
Quant à l'alliance d'Elizabeth avec Courtenay, c'est une exigence des circonstances, à laquelle il est à craindre qu'Edward n'ose pas faire face:
je vous puis asseurer, sire, qu'elle /Elizabeth/ desire fort de se mettre hors de tutelle; & à ce que j'entends, il ne tiendra que au millord de Courtenay qu'il ne l’espouse & qu’elle ne le suive jusques au pays de Dampchier /Devonshire/ & Cornuailles, où il se peult croire que s'ilz y estoient assemblez, ils seroient pour avoir une bonne part à cette couronne, & auroient l'empereur & le prince d'Espaigne assez à faire à desmeller ceste fusée. Mais le malheur est tel que ledict de Courtenay est en si grande craincte & tellement intimidé qu'il n’ose rien entreprendre...(id 14 dec)
Tous les subjectz de ladicte dame, tant la noblesse que commune de tout led. pays…se préparent d'un jour à l'aultre de prendre les armes pour chasser ceste dicte royne…Et délibèrent d’eslever pour leur roy & royne, millord de Courtenay & madame Elizabeth (id 15 janvier 1553 /1554/, Vertot
T3). Mais le timoré Courtenay ne garde pas le secret, ce qui oblige à déclencher prématurément le soulèvement, dès lors voué à l'échec: ... mesme comme pour raison du millord de Courtenay, qui a descouvert l'entreprinse que l'on avoit faicte en sa faveur, les entrepreneurs d'icelle sont maintenant contraints prendre les armes 6 sepmaines ou 2 mois plustost qu'il n'estoit besoing (au roi, 23& 26 janvier).
Et Noailles, persuadé que Courtenay sera condamné lui fait son épitaphe (au roi, 28 janvier): je n'ay aultre oppinion de luy , sinon qu'ayant négligé sa grandeur, il est predestiné de mourir ainsy captif & miserable.
[26] Le soulèvement contre le mariage espagnol, à la suite de la remontrance du Parlement du 16 Nov. 1553, visait à faire épouser à Marie un "bon anglais" (Edward).
Dans son populaire She-Wolfes (2010), Helen Castor fait d'Edward le candidat de la noblesse anglaise. Il deviendrait roi sous couvert de Mary car la queen, épouse et mère de roi, ne saurait être king en elle-même (cf. Mathilda empress, Eleanor d'Aquitaine, Isabella de France, Margaret d'Anjou). Mais Mary sera king. Et Elizabeth après elle.
A la mort d'Edward VI, la tentative d'imposer Jane Grey (the Nine Days Queen) légitime la prise de pouvoir de Mary pour laquelle le mariage espagnol (Philippe II) est à la fois une question d'honneur (une reine n'épouse pas l'un de ses sujets) et d'indépendance: par crainte de l'étranger, l'Angleterre (Parliament) refuse que Philippe soit king et le réduit au rang de consort, ce qui fait de Mary la première queen/king.
That unsettling possibility persuaded many of her subjects that their queen should marry an Englishman, for fear,... that ‘foreigners, whom the English more than any other nation abhor, would interfere with the government’. The leading candidate was Edward Courtenay, earl of Devon, one of the last remaining representatives of the Plantagenet line through his grandmother, a daughter of Edward IV. The threatening combination of his dangerously royal blood and his parents’ closeness to Katherine of Aragon had persuaded Henry VIII to incarcerate Courtenay in the Tower from the age of twelve, but now, at twenty-seven, he re-emerged from confinement into the political limelight, hailed as ‘the flower of the English nobility’ and the great white hope of those who hoped that Mary would marry within the realm.The extensive support for Courtenay’s suit among the queen’s household and council was given public voice on 16 November by an extraordinary parliamentary delegation including many of her greatest nobles and churchmen…
As early as the winter of 1553, when news of the queen’s proposed marriage to Philip of Spain began to spread among her subjects, a conspiracy was under way – encouraged with partisan enthusiasm by the French ambassador – to defend England’s autonomy by removing Mary from the throne...She might be replaced by Jane Grey, still a prisoner in the Tower, or perhaps by the queen’s rejected suitor Edward Courtenay, better yet if he were to be married to Mary’s sister Elizabeth. Jane Grey’s father, the duke of Suffolk, and Courtenay himself were both involved in the plot…And at the end of January 1554, the scale of the threat that Wyatt’s men represented became unnervingly clear when a London militia sent to confront them at Rochester was routed, with many troops deserting the militia’s ranks to join the rebels.
Suddenly, the capital itself was in danger…
The conspiracy sealed the fate of those who posed a direct threat to Mary’s regime…Edward Courtenay re-entered the Tower on the same day that Jane Grey died. He remained a prisoner for a year, before being sent into an exile from which he was never allowed to return. Princess Elizabeth had had the characteristic wit to do nothing other than wait and watch when she learned of Wyatt’s plans, but that suspicious inactivity was enough to persuade her sister that she too should now be accommodated, temporarily at least, within the Tower’s walls.
[27] Cleaveland: The next Year, 1555, a little before Easter, the Earl of Devonshire, after he had lain almost a Year in Prison, was set at Liberty, and came to Court and about ten Days after, the Lady Elizabeth came likewise to the Queen : And nothing, says Heylin, did King Philip more Honour amongst the English, than the great Pains he took for the procuring the Enlargement of the Princess Elizabeth and the Earl of Devonshire.
[28] En particulier, la certification des titres par les convocations au Parlement et la cristallisation du peerage. Lorsque, en 1293, Hugh, second du nom, hérite du titre de comte avec les terres d'Isabel de Fortibus, c'est encore une dignité patrimoniale. Lorsque, après avoir rejeté les Français à la mer, épousé la nièce du roi régnant et avoir eu des fils prodigieux, il en est investi (1335), c'est une dignité royale qui doit être confirmée (moyennant finance) à chaque succession et que chaque condamnation pour trahison annule, à charge pour le successeur suivant de se faire restaurer in blood and in honour par le Parlement.
[29] Gibbon, 1782, à la fin de sa Digression On The Family Of Courtenay (chap. LXI) : But there still survived a lineal descendant of Hugh, the first earl of Devon, a younger branch of the Courtenays, who have been seated at Powderham Castle above four hundred years, from the reign of Edward the Third to the present hour. Their estates have been increased by the grant and improvement of lands in Ireland, and they have been recently restored to the honors of the peerage. Yet the Courtenays still retain the plaintive motto, which asserts the innocence, and deplores the fall, of their ancient house.
Trad. Guizot : il existait encore une branche qui descendait de Hugues Ier, comte de Devon, branche cadette de la maison de Courtenai, dont le château de Powderham a toujours été le siège depuis le règne d’Édouard III jusqu’à nos jours, c’est-à-dire depuis environ quatre cents ans. Des concessions et des défrichements en Irlande ont considérablement augmenté leur patrimoine ; et ils viennent d’être récemment rétablis dans les honneurs de la patrie. Cependant les Courtenai conservent encore la devise plaintive qui déplore la chute de leur maison, et en affirme l’innocence
[30] Pourtant, le portrait qu'en dresse en 1735 son peintre attitré, Cleaveland, ne semble pas lui laisser désirer grand chose : ...that Noble Family of Courtenay of Powderham, which continueth there to this Day, and is in a prosperous Condition…more flourishing than it was then, having been matched to very honourable Families since, and having a great Addition made to their Wealth by the great Increase of their Estate in Ireland.
[31] Ils semblent avoir combattu les Courtney pendant la guerre des roses (notamment en s'alliant aux Bonvil les ennemis d'Okehampton, cf. Bonville–Courtenay feud). Les Tudors ne leur en tiennent pas rigueur.
[32] Cleaveland : he was young when the Civil War broke out, and therefore was not in the Army ; but he favoured the King's Party…a little before the Restauration of King Charles II. this Sir William Courtenay, with another very honourable Gentleman of Devonshire, .. raised each a very gallant Troop of Horse, about One Hundred and Twenty Gentlemen in each Troop, all of them Persons of good Quality and Estates, in the Head of which they rode themselves, securing some disaffected Persons, disarming others, whereby in a little Time they brought the County of Devon into a due Subjection.
Sir William Courtenay, a little after the Restauration, had a Grant procured for him to be a Baronet. But he not affecting that Title, because he thought greater of Right did belong to him...
[33] Sa notice nécrologique dans le Gentleman's Magazine de 1835 (vol. IV, p 89) est d'une rare discrétion et ne dit pas un mot de lui.
[34] Il est étonnant de voir le whigh Brougham, honoré pour sa condamnation de l'esclavage et les bills de réforme de 1832, adopter en la matière un point de vue ultra-féodal. Peut-être influencé par le droit du peerage écossais, peut-être séduit par la perversité juridique du cas, certainement de parti pris en faveur de William. Campbell, dans son histoire des chanceliers (Tome 8, p 524/5), fera une critique acerbe de cette affaire, mais, comme il se trompe grossièrement de date (la plaçant en 1842 à propos d'une nomination au judicial committe of the privy council), il est à craindre que ses souvenirs soient peu diables et que la malice l'emporte sur l'exactitude. Mais son opinion juridique est claire : the
limitation "to the grantee and his heirs male" could not let in the collateral heir. Such a limitation of a landed estate could not be made by the law of England, and therefore coidd not be made of a dignity. Tout le monde pense ainsi et s'étonne de la décision de la House.
[35] Le Royaume-Uni aussi a participé au mouvement révolutionnaire de 1830. Il subit sa plus grande crise politique intérieure du XIXe entre l'été 1830, date de la mort de George IV et de la révolution en France, et le mois de juin 1832, quand le Parlement vote l'ensemble des lois de réforme dans une situation très tendue...Les séquelles mal maitrisées de la guerre /contre Napoléon/ et les effets de l'industrialisation précoce se conjugent pour exacerber l'insatisfaction vis à vis de l'ordre existant. Des troubles éclatent entre 1830 et 1832 dans toute une partie du sud et de l'est de l'Angleterre ainsi qu'au pays de Galles...Les ouvreiers et les hommes de la middle class forment des milices, des unions et des gardes (Osterhammel, 2017, La transformation du monde au XIXème siècle, p 739)
[36] Il descend de Henry Reginald qui était le frère de William, le premier viscount Courtenay dont le 3ème viscount est le petit-fils.
[37] Un honour n'est pas un land et, dans le cas d'Edward, la gratification qui l'accompagne n'est pas concernée car elle ne vient pas d'une terre. La patent stipule qu'elle sera payée sur les recettes des douanes du port de Londres. Cependant, l'argument est dangereux car, note l'attorney general : The annuity is granted clearly to heirs male of the body only; therefore I think .. that the dignity was intended to be no more extended than the annuity.
Nicolas, le deuxième avocat : dans son commentaire, Coke limite la portée du cas au land et statue que les dignités /les armes, en l'occurence/ peuvent être transmises aux « heirs males » sans restriction. Conclusion : ..dignities are not governed by the same rules of law as lands.
[38] Encore la référence écossaise peut-elle se retourner contre le viscount. Banks note que, heirs male étant indéterminé, les stipulations écossaises précisent ou bien que ce sera n'importe quel héritier mâle ou bien un héritier de son nom et de ses armes. La patent de Queen Mary aurait dû faire de même. Elle ne le fait pas. Donc c'est involontaire : in the Scotch charters of peerage creation, the words generally are heredibus suis masculis quibuscumque or heredibus masculis nomen et arma familiae gerentibus thus clearly declaring to what heirs male the same should descend; which words not being in the Courtenay patent, leaves it rather to be believed that the words de corpore suo were left out by accident on the part of the copying clerk, and were not so by design or intention of the queen.
[39] Attorney general (Sir Thomas Denman, de 1830 à 1832): the Great errors may be made ; blunders or slips may have entered into the drawing up of these solemn documents…
[40] Le débat au Commitee traite à fond les droits du sang dont, bien sûr, la valeur se transmet par les héritiers mâles.
[41] Banks 1844 objecte que, à supposé que les Powerdham soient héritiers de l'earldom d'Edward, ils ne le sont pas plus que lui des dignités antérieures (ainsi QM ne peut pas avoir songé à restaurer le earldom de Hugh). En effet : In the October following /1553/, he /Edward/ was fully restored in blood, but his father's attainder still remaining unreversed, he could not succeed to the earldom of Devon, created either by the patent of the 1 Hen. VII., or that of the 3 Hen. VIII., or to the marquisate of Exeter. C'est une new creation, non une restauration.
[42] Nicolas : en restaurant Edward C. de Haccomb (Boconock) dans la dignité des C. d'Okehampton, Henry VII (comme Henry VIII en re-restaurant le fils d'Edward) contemplated the heir male of Hugh Courtenay the second earl of Devon...(qu'est aussi le pétitionnaire). Or, lorsqu’Edward est restauré par Queen Mary, sa ligne est menacée d'extinction. Ce pourquoi la reine élargit la transmission aux collatéraux, ce que n'avaient pas eu besoin de faire Henri VII et VIII dont les Courtenay étaient pourvus de fils : The earl was then unmarried, and his next heir male was Sir William Courtenay of Powderham, who, like himself, was descended from Hugh the second Earl of Devon and Margaret de Bohun, and, in the event of the earl's dying without male issue, would have become their heir male…from what other motive than the desire to benefit the collateral heir male could the omission of the words " de corpore" arise, when they occur in both the previous grants (Hen7, Hen8) ?
[43] L'avocat qui soutient l'exception (heir male) cherche, par précaution, à se rattacher au droit commun (heir male of the body) : par la mort d'Edward, William C de Powderham devient heir male of the body of Hugh, second Earl of Devon, and of Elizabeth, the grand daughter of King Edward the First.
[44] –Attorney general: this case exhibits the remarkable fact of a long acquiescence, from the reign of Queen Mary to the reign of the present sovereign, in the nonenjoyment of the dignity…It appears, by the pedigree, that the collateral heirs male of Sir Edward Courtenay were persons in a highly respectable station of life, fully competent to have asserted their claim at that time…
[45] Doublement ulcéré, Banks communique aussitôt sa protestation au Lord Chancellor (et publiera sa lettre : A Letter to the Right Honourable the Lord Brougham and Vaux, on the late decision of the Earldom of Devon) et reviendra sur la question dans son Dormant and extinct Baronage — Tome 4, appendix— et son Baronia Anglica (T1) :
1) la pétition concernant le présent viscount (William "Kitty"), Banks trouve scandaleux cette prétention de la part d'un homme qui a fui son pays pour échapper à la justice et qui, n'occupant pas à la House le siège auquel il a droit, en réclame un supérieur (Being thus an exile from the House of Lords in which he had a seat, and yet dared not take it, the assumption of seeking an higher dignity in the same parliamentary assembly, is probably an instance of setting law at defiance rarely known. Had such a claim, however well founded, been brought forward by a person in more humble life, and less powerful connexion, labouring under a similar imputation, which he had not ventured to meet, it may be doubted whether he would even have obtained an attorney-general's report, much less the approbation of the House of Lords) ;
2) en tant que généalogiste, il sait que la transmission d'un honour aux héritiers mâles en général n'existe pas, ni dans le droit anglais, ni dans les archives et que, même en Ecosse, il est traité autrement que dans la fameuse patent. Banks, 1844 : Sir William Courtenay, of Powderham, lineally descended from Sir Philip Courtenay, of Powderham, a younger son of Hugh, the second earl or Devon, who died the 51 Edw. III, was his then next heir male, he died shortly after earl Edward, viz., 29th September, 1557, leaving William his son and heir, who, nor any of his male issue ever assumed to claim the earldom, till the late viscount Curtenay preferred his petition to be allowed the same, after a lapse of above two hundred and fifty years, and during which time they had seen the title granted by the crown, first to Blount lord Montjoy, and upon his death s.p.m.l., to the lord Cavendish, in whose family it still remains merged in the higher dignity of duke of Devonshire. Had not the earldom been deemed extinct upon the death of earl Edward Courtenay, s.p. in 1556, it can scarcely be supposed it would have been conferred on other noblemen who were not in any way connected with the Courtenay family.
[46] Gibs, 1913, Peerage, T4, § Earl of Devon: Note: After his death /Edward/ the title for nearly three centuries was considered extinct, and was conferred in 1603, and again in 1618 [such title still existing] on entirely different families; but, according to the strange decision of the House of Lords in 1831, it must be considered to have been dormant for these 275 years, the persons who under that decision would have been entitled thereto being as under.
Banks, 1837 : Had
the crown not supposed that the title terminated with the death of the last earl (restored as aforesaid) without issue, it surely would not have conferred it upon another family.
[47] Le dévoué Cleaveland en 1735 fait tous ses efforts pour réserver l'avenir. Traitant du William contemporain d'Edward : This Sir William Courtenay served King Philip and Queen Mary in their French Wars died at the Siege of St. Quintin 1557…if he had lived longer, in all Probability, he would, by serving his Country, have merited to have the Earldom of Devonshire restored to his Family, the last Earl of the Elder Branch dying but a little before ; even as the first Branch ceasing Sir Edward Courtenay of the second Branch had the Earldom restored to him by King Henry VIII. for serving him in his Wars. Quant à son fils, William : he was not restored to the Titles and Honours of his Ancestors, which in his Time were given away to other Families by King James I. in the Beginning of his Reign ; and he might think the Cause of it might be because he was a Roman Catholick. Quant au baronetage, il laisse entendre que son bénéficaire n'en a pas voulu car il savait qu'il méritait mieux : Sir William Courtenay, a little after the Restauration, had a Grant procured for him to be a Baronet. But he not affecting that Title, because he thought greater of Right did belong to him. On regrette qu'il soit mort avant la promotion au peerage et son acceptation !
[48] Banks, 1844, T1, 194/5 : It was suggested in the case submitted to the lords' committees of privileges by lord Courtenay, that the patent itself was presumed to have passed with the title deeds of the lands to the heirs of the earl, and did not full into the hands of the heir male…Yet, the idea of any right vested in the heir male, seems totally to have been unthought of, not imagined, or the heir male of this ancient and proud family would not have subsequently condescended to accept the very inferior title, first of a baronet, and afterwards or a viscounty of so late a creation.
[49] Banks, 1837 : the taciturnity of the heir male, and of his descendants, since him, for so long a time, cannot otherwise than carry with it a belief that the earldom was never conceived to be descendible upon any other than the heir male of the body of the earl last created.
[50] Pepys, l'avocat de William, rejette l'objection que, à la mort d'Edward, le titre n'a pas été réclamé: he /William, l'héritier non conscient/ died in the very next year, 1557, after the decease of the earl, leaving his son, who then became entitled to the dignity, an infant of only three years of age. I press these facts, because they very satisfactorily, as I apprehend, explain how it happened that the claim to this title was not made when the right to it accrued... and if the attention of the parties was not called to the subject at the time, it is not to be wondered at, that, after the termination of a long minority, it should have been lost sight of.
[51] Mr. Pepys. — The Petitioner is not the heir general. There were other persons entitled to the property ; and the patent itself, on which this claim is founded, did not go to his ancestor. It obviously fell into the possession of the heirs general of Sir Edward Courtenay…Having the enrolment of the patent to produce, it is to be assumed that the parties who were entitled under it would have claimed had they known of its existence ; but it is lately that the limitation became known to the Claimant.
Lord Chancellor.—Knowledge is presumed in many cases.
Mr. Pepys. —It is so in private transactions ; but with respect to peerages, it is contrary to usage to consider that a non-claim for any length of time can prejudice it when made. There is one reason why this claim could not have been brought forward sooner ; namely, the singular fact that this patent, though frequently alluded to by writers on the peerage, has never been correctly printed; the date is wrong, and the limitation is no where stated by genealogical writers. Those difficulties, however, are entirely removed by the production of the enrolment of the patent.
[52] Au Committee, le Lord-Chancellor le
souligne
pour inciter à l'audace : it is a case of curiosity, rather than of practical importance…whichever way you shall see fit to decide, will probably affect no other case of an honour, and certainly can affect no case of land.
Et une autre fois : the decision of this day cannot influence any other case, either of property or honours…the conclusion you come to cannot, by possibility, either affect any principle of law, or practically operate in any other cases.
[53] En fait, lui (ou ses avocats), s'embrouillent un peu entre deux lignes d'argumentation : demander l'earldom d'Edward en tant que heir male en se basant sur le texte (discutable) de la patent ou remonter encore six générations et demander l'earldom de Hugh en tant que heir of his body.
[54] L'histoire que raconte tardivement Campbell en se trompant grossièrement de date et de contexte (1842 au lieu de 1830) est peu vraisembable : William aurait demandé à être fait comte pour ses propres mérites, ceux de ses ancêtres et ses quelques gouttes de sang royal. Le Lord Chancellor voyant que cette voie ne conduirait à rien, l'aurait satisfait en prenant la voie détournée et hautement casuistique de l'héritage.
[55] Pepys deviendra lui-même Lord Chancellor et Harris est spécialisé dans le droit du peerage.
[56] Lord Chancellor (Harris, p 166/167) : In two descents it comes to a female, who marries ; and then another family, not contemplated by the Crown, takes the honour, and is ennobled. In the next descent it comes again to a daughter ; that daughter marries a man of a third family, not before noble in any of its branches. The honour thus gets into this different family, connected with the original grantee only through the daughter ; and the same thing may happen again and again, and every time there is a failure of males, till at last it gets to such an immeasurable distance from the original family, that all sight of the stock intended to be ennobled is lost ; all control over the course of the descent is gone. The most base and ignoble blood may be raised to the highest dignities.. the issue of felons convict and of traitors attainted may become noble. Aliens, even alien enemies, without regard to race or country or religion, may all become the stock of British honours, and give from their loins members to our peerage. But it is very different with the case of honours limited to heirs male in the way contended for by this Claimant. There the probability of the honour being carried out of the family of the original grantee is much more remote ; the course of descent is far more under control ; and the security much greater that the original purpose of the grant in the ennobling of the original grantee's blood shall be answered…so that the exclusion of all ignoble and attainted and alien blood is certain.
[57] Lord Wynford (deputy speaker of LH) : his collateral heirs male must be of the blood of the grantee,—they must be descended from the same common ancestor…The earl /edwd/ was to have privileges that would not belong to him as a newly-created earl. He was to be regarded as the legal descendant of the first earl, and to have all the privileges that would have belonged to him if the honours of the first earl had regularly descended to him. This last-made Earl of Devon was to have the same state, honour, and place that any one of his ancestors who before that time was Earl of Devon had enjoyed.
[58] Le premier baron by writ (convoqué nominalement au Parlement) est Hugh le père, le même qui obtient le titre de comte par héritage d'Isabel de Fortibus.