"Première
croisade": la croisade fait-elle les croisés ou les croisés la
croisade ? Gesta Dei per
Francos
ferme le piège historiographique; Gesta
Francorum per Deum,
l'ouvre ¶. Les historiens chérissent
la "première croisade", l'évènement le mieux
documenté du "moyen-âge", avec une exceptionnelle série de chroniques
quasi contemporaines dont la date de composition, les rapports et la
vérité ouvrent des interrogations sans fin. Le bonheur de disposer de
"sources directes" pousse à prendre pour "reportage" ce qui était
célébration, et à confondre trompettes et caméras! Il n'y avait pas de
caméras et, en vérité, le début vient à la fin: la
légende de la première croisade et de Clermont (1095/96) naîtra de la
libération de Jérusalem (1099), des échecs subséquents, et de la
standardisation papale (début XIIIe). La
"1ère croisade" : un fait textuel ? Voir
aussi : Esambe
Josilonus,Josselin
d'Edesse — trois générations de Courtenay d'Outremer
¶ Malgré la similitude formelle, Boehm 1957 procède à
cette opposition seulement pour étudier la dimension nationale de
l'historiographie des croisades (Laetitia Boehm, 1957, " Gesta Dei per
Francos – oder Gesta Francorum? Die Kreuzzüge als
historiographisches Problem", Saeculum, 01 Vol. 8; Iss. JG).
Pour ma part, je prends Franci dans son sens le plus large,
comme les Byzantins, les Turcs et les Syriens de l'époque (cf. Bull,
1997)..