MAJ 09/10/2020
Esambe Josilonus
Esambe Josilonus
Contre le roi pour le roi— la Fronde (1648/52)
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Addendum:
La médiévalité du Parlement à l'épreuve du XVIIIe siècle
Ce titre, tout en définissant clairement le terrain historique, semble s'amuser à obscurcir l'objet de l'analyse. Contre le roi pour le roi, qu'est-ce que cela signifie ? Voilà précisément la question à laquelle est consacrée cette étude ! Est-ce une figure de style pour habiller une opposition injustifiable ? un paradoxe ? une contradiction ? une ambivalence ? une dialectique ? Le roi appartient à la couronne, et non la couronne au roi. Ce principe "constitutionnel" en forme d'antimétabole donne aux défenseurs de la Couronne la charge, et parfois la regrettée obligation, d'en défendre les droits contre les décisions inconsidérées d'un roi mal informé. 

Sur fond de soulèvements populaires anti-fiscaux et de guerre extérieure (Espagne), les troubles français de 1620/1675 culminent en péripéties héroïques : tumulte de la rue Saint-Denis (8/13 jan 1648) ; articles "anti-absolutistes" de l'assemblée des cours souveraines (juillet 1648) ; barricades de Paris (août 1648) ; fuites du roi-enfant, de sa mère régente et de leur Mazarin (13 sep 1648 et 6 jan 1649) ; siège de Paris (début 1649) ; emprisonnement des Princes (janvier 1650) ; levées d'armes dans les provinces ; feintes disgrâces de Mazarin (février 1651 et août 1652) ; la guerre civile partout, et la crise constitutionnelle qu'évoque ces mots du cardinal de Retz, si souvent cités : L'on chercha en s'éveillant, comme à tâtons, les lois : l'on ne les trouva plus ; l'on s'effara, l'on cria, l'on se les demanda ; et dans cette agitation les questions que leurs explications firent naître, d'obscures qu'elles étaient et vénérables par leur obscurité, devinrent problématiques (Régnier, 1872, OC, T1, p 294).

La Fronde a été dramatisée. On l'a qualifiée de "révolution manquée" ou, au contraire, de "défaite victorieuse" (victory in defeat). Ne s'agit-il pas plutôt d'un simple épisode de l'instabilité propre aux "sociétés d'ancien régime" ?


Le droit des peuples et celui des rois ne s'accordent jamais si bien ensemble que dans le silence (Retz, ibid.). Cet accord constitue la question constitutionnelle de l'ancien régime, irrésolue et insoluble. En janvier 1649, le "croupion" anglais (rump Parliament) apporte une réponse radicale, l'exécution de Charles I, suivie de l'abolition de la chambre des Lords et de la royauté. Il est plus facile de trancher la tête d'un roi que le dilemme organique : dix ans plus tard, la royauté est restaurée.

Au delà de la France et de l'Angleterre, le synchronicité concerne toute l'Europe et même plus : partout, anomalies météoriques, mauvaises récoltes et épidémies, soulèvements populaires, complots et insurrections des Grands, renversement des monarques. Nous vîmes une mauvaise constellation menacer le bonheur des rois...
La Fronde serait-elle une manifestation locale de la "crise générale du XVIIe siècle" dont des historiens ont cherché le scénario, à l'échelle ouest-européenne, puis européenne, enfin eurasiatique ou mondiale ? Ma première partie (Crise ou instabilité ?) écartera cette explication. Des facteurs circonstanciels nous devrons passer aux facteurs structurels.

La comparaison avec  les troubles anglais, à la fois concomitants et proches, montre que, malgré leurs différences, les deux séquences s'inscrivent dans le même paradigme, le dissensus consensuel, dont le Parlement est à la fois le théâtre et l'acteur (2ème partie).

Aussi, pour analyser la Fronde, faut-il examiner spécifiquement le Parlement de Paris (3ème partie) : fondamentalement, son discours autour de 1650 est celui qu'il a toujours tenu. La défense de la Couronne contre le roi s'appuie sur des lieux communs séculaires.

Cela nous conduit (4ème partie) à analyser la "médiévalité" du Parlement de la Fronde. Il lui doit de ne pas être seulement un tribunal mais de participer de la curia regis. Il lui doit aussi sa tournure d'esprit et son langage.

Cette étude vise à inscrire la scène ("fronde parlementaire") dans l'acte (Roi/Royaume), et l'acte dans la pièce : les sociétés ante industrielles en Europe. Le Parlement de la Fronde appartient à son passé.