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Contextualiser la Révolte de Roure (Vivarais 1670) |
Si D'Aigrefeuille (1737, Histoire de Montpellier, IX, 8) n'en fait pas un plat (une émotion paysanne parmi tant d'autres), le tableau héroïque d'une insurrection "à la Pougatchev" que brosse aujourd'hui un site consacré à l'Ardèche traduit-il autre chose que les préoccupations sociales et locales de son auteur qui l'accroche dans la grande galerie des "luttes populaires", à la rubrique "révoltes paysannes d'ancien régime" ? Qui ne frémirait d'horreur et de sympathie devant ce zoom sanglant [2] ? Un cadrage étroit exerce de puissants effets dramatiques. La même année 1670, la révolte de Stenka Razine en Russie est toute autre chose.
Le texte des Edits etc est repris de Loix municipales et économiques de Languedoc, 1784, Tome 3, Livre IV "des ouvrages publics de la province".
- Depping, Correspondance administrative sous le règne de Louis XIV, Etats provinciaux. Affaires municipales et communales, 1850, Tome I, Etats provinciaux, A) Etats du Languedoc, p 3 à 320
- Clément, 1867, Lettres lnstructions et mémoires de Colbert, Tome II Finance, impôt, monnaie et IV, Administration provinciale, agriculture , forêts, haras, canal du Languedoc
Colbert au Roi: ...sur la sédition arrivée à cause du droit annuel des. cabaretiers, établi en conséquence d'édit registré dans les compagnies de Languedoc, & dont le fonds est destiné pour le canal de communication des mers. Il est bien nécessaire de réprimer fortement ce commencement de mouvement.
Le Roi répond: je sais ce qui s'est passé; j'ai donné l'ordre que les troupes marchassent & fissent ce que M. de Castries leur ordonnera [8].
Qui ne sait le sort réservé à ces sortes de révoltes, même aux plus formidables en apparence? Après quelques succès accompagnés de crimes inutiles, les chefs du complot hésitent et s'effacent, les troupes arrivent, et la foule entraînée expie la faute de quelques meneurs. (Clément)
ÉDIT DU ROI, Portant établissement d'un droit annuel sur les hôtes, cabaretiers, & taverniers de la province de Languedoc, pour le produit dudit droit être employé à la construction du canal. Du mois de Septembre 1668:.... ceux qui auront leur résidence, &. qui voudront tenir hôtellerie, cabaret & vendre vin dans les villes & chefs des diocèses de ladite province de Languedoc, &. généralités de Toulouse , Montpellier &. Montauban, dix livres chacun; ceux qui auront leur résidence & feront semblable commerce de vin ès villes chefs des Vigueries, châtellenies, baronnies ou ayant entrée aux Etats de la province, &. maisons situées sur les grands chemins, huit livres chacun; & ceux des villages & paroisses, six livres chacun ...Et en conséquence seront lesdits cabaretiers, hôtelliers, & marchands de vin, conformément audit édit & déclaration des mois de Mars 1577 & Février 1581 ,exempts de tutelle, curatelle, guet &. garde de ville, même de logement des gens de guerre & de toutes autres charges personnelles... (Registré ès registres de la cour des comptes , aides & finances... A Montpellier le vingt-quatrième Novembre mil six cent soixante-huit. Signé, PUJOL.)
Plusieurs femmes de la rue st Antoine, assistées de quelques manœuvres, vont attaquer le logis du sieur Casse...et tandis qu'elles travaillaient à enfoncer les portes, Casse saute par les fenêtres et s'enfuit ..on le poursuit à coups de pierres... Les officiers du Prince d'Harcourt, seigneur d'Aubenas, instruits de ce tumulte, écartent cette populace furieuse, et font conduire le sieur Casse au logis du pont, et à la conciergerie le nommé Bancatte ...l'un des plus mutins. (Valeton)
Le commandant du château, les officiers, les bourgeois se contentaient de gémir sur le désordre; M. le Comte de Vogué, seigneur haut-justicier de Roure, le laissait tranquille; il ne convoquait point la noblesse comme il aurait pu le faire, en qualité de Bailli du Vivarais ; les gentilshommes étaient simples spectateurs de ces mouvemens; les villes voisines n'offraient aucune assistance; les Gouverneurs étaient éloignés; tout menaçait Aubenas de quelque étrange révolution. (Valeton)
le 8 mai dernier étant couché dans son lit en sa maison, sur les dix à onze heures de nuit, Antoine Roure & Isabeau de Goût de Vissac sa femme advertit le plaignant que tous les habitants de la Chapelle (la Chapelle sous Aubenas) étaient à la porte de la basse-cour de sa maison pour la brûler, tous disant qu'il était un élu et qu'il devait se lever promptement pour s'aller justifier.
(Il) partit pour Paris dans le dessein de s'aller jeter aux pieds du roi, pour lui représenter que la crainte des impôts dont ils étaient menacez, leur avait fait prendre les armes. Ce dessein n'ayant pu lui réussir, il vint à Toulouse, dans la confiance qu'il pourrait bien engager le parlement à entrer dans ses vuës ; mais le procureur auquel il s'adressa, lui ayant conseillé de s'enfuir au plus vite, parceque son portrait avait été envoyé pour le faire arrêter, il prit en diligence le chemin de la Navarre. Cependant, le procureur qui l'avait conseillé, craignant pour soi-même, si l'on venoit à sçavoir qu'il lui eût parlé, alla rendre compte de tout à Mr de Fieubet, premier président, qui le blâma de n'avoir pas arrêté Roure; mais ayant sçû le chemin qu'il avait pris, il fit courir aprés lui; en sorte qu'on l'atteignit à mi quart de lieuë des terres d'Espagne ou il avoit eu l'imprudence de s'arrêter pour dîner. Heureusement la perruque qu'il avoit pris le fit encore méconnoître, mais ses pistolets le trahirent sur lesquels il avait fait graver son nom & qu'il avait laissé sur une armoire tandis qu'il étoit à table. Ce seul indice fit qu'on le questionna, & sur ses réponses, il fut saisi.
Il envoie une copie du mémoire que Roure a dicté
autre du 21 : que Roure s'explique beaucoup
Et finalement, cet "extrait" d'une lettre du 25 octobre : il donne avis de l'exécution de Roure et qu'il envoiera le procès-verbal de ce qui s'est passé depuis sa condamnation.
Roure est rompu, les quatre membres découpés, puis la tête, et le tout exposé pour l'édification du public. D'Aigrefeuille se fait l'écho d'un "miracle" que les papiers n'évoquent pas [37].
On avait accordé au roi 2,400,000 livres pour la confection du canal; des dons gratuits considérables étaient votés chaque année, les impôts étaient énormes, et la Province, courbée sous le joug de l'arbitraire, était dans un état complet de pauvreté....Cette année on demanda en vain la révocation des édits qui pesaient le plus sur le peuple, et cette rigueur porta au comble l'indignation générale. Elle ne se manifesta néanmoins dans le Haut-Languedoc que par des couplets, des sonnets en langue romane, pièces dans lesquelles on n'épargnait ni le roi, ni ses ministres ni Riquet lui-même, auquel on attribuait l'augmentation des tributs... Dans le Bas-Languedoc, l'agitation était plus grande, et le diocèse de Viviers, presque tout entier, se leva contre les employés de l'administration financière. Jacques Roure, né dans cette partie de la Province...
Nous avons connu que la communication des deux mers donneroit aux nations de toutes les parties du monde, ainsi qu'à nos propres sujets, la facilité de faire en peu de jours d'une navigation assurée par le trajet d'un canal, au travers des terres de notre obéissance, & à peu de frais, ce que l'on ne peut entreprendre aujourd'hui qu'en passant au détroit de Gibraltar avec de très-grandes dépenses, en beaucoup de tems & au hasard de la piraterie & des naufrages.
qu'elle (SM) aime à croire que vous vous servirez avec fruit de vos lumières et de vostre expérience pour forcer, pour ainsy dire, l'assemblée de consentir à une chose qui n'a esté pensée et qui n'est soutenue que dans la vue du bien général de la province, en leur faisant comprendre qu'il luy est plus avantageux de donner 2 millions, dont 600,000 livres seront employées dans le pays, que de donner seulement 1,500,000 livres pour en sortir entièrement.Les Etats auquel on demande, outre le don gratuit habituel, de participer au canal admettent l'intérêt de cette infrastructure mais craignent que les fonds qu'ils alloueraient soient employés par le Roi à d'autres dépenses ; ils redoutent les dépassements de coûts d'un chantier aussi colossal qu'incertain dont ils n'ont pas la maîtrise d'ouvrage ; et peut-être, après tant de projets et devant tant de difficultés, se méfient-ils de ce serpent de mer dont la première apparition date de François 1er [47]. S'ajoutent à cela, toutes sortes de négociations et contestations complémentaires, innombrables et compliquées, à propos des terrains appropriés [48] par le canal car celui-ci, ses appendices et une bande d'une dizaine de mètres chaque côté, sont érigés en fief incommutable au profit de Riquet et ses descendants [49] qui construiront le canal et l'entretiendront grâce aux droits de transport [50] dont le tarif est fixé par le Roi selon le type de produits ou personnes transportés et la distance. Le canal nécessite une entrée, un port au cap de Sète qui demande d'avancer une jetée dans la mer et combattre l'ensablement. Ultérieurement, il ouvrira un ensemble de chantiers pour le raccorder au Rhône à travers les étangs. Les travaux se montent à une vingtaine de millions de livres (dont Riquet apporte trois). La gageure est d'aller le plus vite possible tout en construisant "pour l'éternité". Le canal commence à être en service en 1681. Quinze ans seulement pour un tel chantier, c'est un exploit. Les mètres cubes excavés, le nombre d'écluses et d'ouvrages d'art, le système de gestion de l'eau, tout est exceptionnel.
...appliquez-vous à l'exécution des édits, en telle sorte que vous en puissiez tirer le fonds nécessaire pour fournir aux dépenses des travaux de la présente année et des suivantes. Establissez aussy le droit sur les cabaretiers... (19 avril 1670).
Appliquez-vous toujours à l'exécution des édits afin d'en tirer les fonds nécessaires pour vos ouvrages.... (14 Juin 1670)
La construction du canal de communication des deux mers Océane & Méditerranée, d'un mole & port au cap de Cette en Languedoc, étant une entreprise autant avantageuse à la réputation de notre règne qu'utile au commerce & au général & particulier de nos sujets, nous n'avons rien omis de ce qui a dépendu de notre autorité & de nos soins pour en avancer les travaux, ce qui a si bien réussi que nous avons tout sujet d'espérer de voir dans peu d'années ce grand ouvrage dans sa dernière perfection. Mais comme la dépense en est excessive, & qu'il en survient toujours d'imprévues qui ne peuvent être soutenues que par des moyens extraordinaires, nous avons été obligés d'écouter diverses propositions qui nous ont été faites, par l'exécution desquelles nous pourrions trouver les fonds nécessaires pour l'entière & parfaite construction dudit canal...
Cependant le cardinal alla à Montpellier, où il ne fut pas plutôt arrivé qu'il estima devoir profiter du temps et de l'occasion. Il y avoit longtemps que le Roi désiroit établir les élus dans cette province, pour empêcher les désordres qui provenoient de la licence que les Etats et chaque diocèse prenoient d'imposer tous les ans tout ce que bon leur sembloit sur le pays. ... L'autorité du Roi y étoit peu connue, les levées se faisoient au nom des Etats, le nom de gouverneur de la province y avoit quasi plus de poids que celui de Sa Majesté; il obligeoit et désobligeoit par cette compagnie tous ceux du Languedoc qui vivoient bien ou mal avec lui. Le feu Roi, connoissant ces inconvéniens, avoit désiré cet établissement, et ne l'avoit osé entreprendre...
Après la publication de l'ordonnance de M. de Castries, le commerce fut rétabli et les paysans travaillèrent tranquillement, et tout allait tout comme s'il ne s'était rien passé Aubenas ouvre ses portes, la garde cesse, et on députe au lieutenant général pour demander le rappel de la garnison qui y était (Valeton).
SIRE, Vos pauvres sujets ayant été forcés de se séparer de l'obéissance qu'ils doivent à Votre Majesté, viennent implorer à genoux sa miséricorde, afin qu'oubliant leurs fautes, elle leur donne lieu de les réparer, en employant leurs biens et leur vie pour le service de Votre Majesté...
Annexe : Emeute des Partisans - Montpellier 1645d'Aigrefeuille, 1737 [105]Exterminer les sangsues publiques ! La
Chose vint à l'occasion des Droits du Joyeux-Avénement à la Couronne du
Roi Louis XIV que quelques Particuliers de Montpellier avoient affermé,
& qu'ils étendoient si fort, qu'ils l'exigeoient...encore de chaque
Particulier, qu'ils prétendoient rendre Solidaires les uns pour les
autres: Les Huissiers de la Ville ayant refusé de leur prêter leur
Ministére, ils firent venir un Huissier étranger, qui exploita avec
si-peu de Ménagement , qu'il se fit chasser à Coups-de-Pierre par une
Troupe de Femmes jusqu'a Castelnau. L'Affaire n'eut point alors
d'autres suites; & le Peuple se contenta de murmurer, &
d'attacher une grande ldée-de-Mépris au Nom de Partisan.
Mais la
Veille de St Pierre, la Chose fut portée à la derniére-extrémité; Car,
le sr. François Maduron, qui tenoit chès lui au Pile-Saint-Gilles le
Bureau de Recette, ayant voulu aller voir le Feu-de-Joye qu'on fait
tous les ans devant la Catédrale, il y trouva une Troupe d'Enfans, qui,
l'ayant apperçu, l'appelérent Partisan: cette Injure le facha si-fort,
qu'il chatia rudement le Premier qui lui tomba sous la main mais tous
les autres ayant accouru, lui firent lâcher-prise à Coups-de-Pierre.
La Querelle de ces Enfans fut bientôt suivie de celle de leurs Meres; car, la nommée Monteille, Femme d'un Tuilier, touchée des Pleurs de son Fils qui avoit été batu, alla prendre une Caisse pour assembler ses Compagnes , qu'elle harangua de toutes ses forces. Le Resultat de leur Assemblée fut, de mettre à leur Tête la nommée Branlaire, Femme d'une grande-Taille, d'une Mine-résolùë, & toute propre à augmenter la Sédition: elle dit résolument, qu'il faloit exterminer Ceux qui leur ôtoit, & à leurs Enfans, le Pain de la Bouche; aussitôt, elles coururent dans tous les Lieux où elles croyoient trouver des Partisans. La Maison de Maduron fut la premiére visitée, & mise au Pillage; ensuite, deux autres à la Canourgue : puis, courant de toutes leurs forces au Logis du Cigne, où les Commis des Partisans étoient logez elles obligérent l'Hôte à leur ouvrir la Chambre de Chantereau, dont elles brûlérent tous les Papiers. Le Voisinage du Cigne les ayant attirées au Plan de Tournemire, elles s'attachérent à la Maison de la Dame de Falguerole Belle-Mere de Dupuy, l'un des Principaux-Partisans : Cette Dame avoit pris la Précaution de faire venir des Gens-armez pour la défendre, mais sa Précaution augmenta le Mal: car, la Troupe des Femmes voulant à toute force qu'on la leur ouvrît, la Dame de Falguerole fit tirer sur elles dont il y en eut quelques-unes de blessées. Alors, leurs Maris, qui jusque-là avoient été paisibles, commencerent d'entrer dans la Querelle: Ils coururent aux Armes & la premiére Personne qui y périt, fut la Dame de Falguerole, qui, ayant voulu se montrer a la Fenetre, reçut un Coup-de-Fusil dans la Tête: ses Meubles furent brûléz au-devant de sa Maison, en si grande quantité qu'il y auroit eu lieu de craindre un Incendie de tout le Quartier, si on n'eût eu la Precaution d'en porter une partie à l'Esplanade. De la Maison de Falguerole, la Troupe des Mutins courut à la Maison du sr. Boudon Payeur du Présidial & ensuite, à celle de Massia, Tresorier de la Bourse de la Province: ils y brûlérent Meubles, Carrosse & Papiers... Toutes les Voyes-de-Douceur (début Juillet) Le Maréchal de Schomberg , revenu d'une Partie de Chasse où il se trouvait dans le tems de ce Desordre. monta aussitôt à Cheval, à la Tête de ses Gardes, suivi de beaucoup de Noblesse, & entr'autres du sr. de Goussonville, Lieutenant-de-Roi , qui, s'étant séparé de lui avec des Troupes, vint à la Place des Cévénols où il trouva des Gens-armez qui gardoient ce Poste; Il leur commanda, de la Part du Roi, de se retirer: mais, cette Canaille lui ayant répondu insolemment, il fit tirer quelques Coups, dont il y eut un Habitant de tué ; Alors les Revoltez firent une Decharge sur lui, & blessérent plusieurs des Siens: ce qui obligea le Lieutenant, qui étoit le moins-fort, de se retirer ; & se voyant encore poursuivi, il poussa son Cheval à toute-Bride vers la Citadelle, où il se refugia, ayant laissé son Chapeau dans ce désordre. Cependant Mr. de Schomberg n'étoit pas moins-exposé à la fureur de ceux qui lui faisoient tête...Le Capitaine Carrié.. qui avoit autrefois bien servi dans les troupes du Roi, se trouvoit, alors Capitaine de Sixain dans MontpellIer, & voyant la Sédition du peuple, il alla, de l'Ordre de Mr le Maréchal, se mettre à la Tète des Révoltez, pour tâcher de les ramener. Le Maréchal, de son côté, employa toutes les Voyes-de-Douceur pour appaiser les Esprits: il défendoit aux Siens de tirer, & parloit aux Revoltez en Languedocien; ce qui lui gagna la bienveillance des Femmes... Il continua tout le reste de ce jour à parcourir la Ville, jusque blen avant dans la nuit; ou le Capitaine Carrié fit remettre aux consuls, les Clefs de l'Horloge dont les Revoltez s'étaient saisis pour sonner le Tocsin: on négocia toute cette nuit avec eux, en leur promettant l'Expulsion des Partisans & la Decharge des Taxes. En effet, Mr de Schomberg donna une Ordonnance, portant cette Décharge, avec Main-Levée des Saisies, & Ordre aux Etrangers de vuider la Ville... Ces Marques-de-Bonté de la part de Mr. de Schomberg calmérent les Esprits, & les disposérent à laisser assembler les Sixains qu'on distribua avec quelques Soldats de la Citadelle, à la Maison-de-Ville, aux principaux Carrefours & à deux Portes de la Ville qui s'ouvroient alternativement. La Nouvelle qui survint, que le Regiment de Normandie étoit déja à Lunel pour entrer dans Montpellier, y causa quelque Alarme & porta les principaux Habitants à faire de grandes Instances à Mr. le Maréchal, pour qu'il révoquat son Ordre, & renvoyat ce Regiment ailleurs; Il le fit gracieusement pour achever de les gagner..... Le Calme ayant été affermi par ce Bon-Ordre... Vive le Roy! (février 1647) A peine la Cour-des-Aides eut été établie à Carcassonne, que Mrs d'Argenson & de Breteuil s'assemblerent, pour juger les Prisonniers qui étoient enfermez depuis long-tems à la Citadelle pour le fait de la Sédition des Partisans: Le Sort tomba sur deux malheureuses-Femmes, coupables de quantité d'autres Crimes, aussibien que de celui-ci, elles furent condannées à être penduës, après avoir fait Amende-Honorable, & leurs Têtes exposées sur deux Portes de la Ville: plusieurs autres Fugitifs, (du nombre desquels étoit la Branlaire) furent condannez par Contumace, les uns à faire Amende-d'Honneur, les autres à la Potence ou à la Roue. Tout s'étant passé dans un grand-calme pendant ces Executions, le Maréchal du Plessy-Praslin, qul avoit éte envoyé dans la Province à la place de Mr. de Schomberg, manda chès lui les Consuls de la Ville; & là, en présence de Mrs d'Argenson, de Breteuil , & du Comte d'Aubijoux, il leur dit: " Qu'il avoit eu Ordre du Roi, de leur délivrer les Lettres d'Abolition & Pardon du Crime de Rebellion & Sédition arrivé à Montpellier ès mois de Juin & de Juillet de l'annee 1645 demandées par les Officiers, Consuls , Manans de cette Ville, & obtenuës par la Bonté du Roi & de la Reine-Régente sa Mere, à l'instante-Priere de Mr. le Duc d'Orleans, Gouverneur de cette Province, & en particulier de cette Ville." En même-tems, il remit entre les mains du sr. Duché, Premier-Consul, qui se mit à genoux avec tous Ceux qui le suivoient, les Lettres d'Abolition, scellées du Grand-Sceau en Cire-verte, sur Lacs de Soye-rouge, signées LOU1S, & sur le Repli, par le Roi & la Reine-Régente sa-Mere, PHELYPEAUX, datées de Paris au mois de Mars. Les Consuls, après les avoir reçûës , firent leurs très-humbles Remercimens par la bouche de leur Orateur; Et ayant été exhortez à vivre mieux à l'ayenir, on leur dit de témoigner à Sa Majesté, par une Deputation-solennelle, la Satisfaction des Habitans pour une telle Grace, qui étoit sans Exemple, eu égard à leur Crime.. A quoi il fut repondu , par un Cri de Vive-le-Roi & Son Altesse-Royale... Et peu-après, les Consuls étant allez chès le Comte d'Aubijoux, pour le prier de vouloir-bien que les Prisonniers qui restoient encore à la Citadelle à cause de la Sédition, fussent mis dehors, puisqu'ils étoient compris dans les Lettres-de-Pardon, la Chose leur fut accordée sur-le-champ: Ainsi, tout le Monde ayant lieu d'être content, on alla le soir-même faire chanter le Te Deum, dans l'Eglise de St. Pierre & l'on finit la Journée, par un grand Feu-de-Joye, au Bruit du Canon de la Citadelle, &. aux Cris toujours redoublez de Vive-le-Roi & Son Altesse-Royale ... |
Références
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Notes[1] La seule narration contemporaine connue est attribuée à Valeton, bourgeois d'Aubenas, présent sur place pendant l'affaire (il fait partie de ceux qui se sont réfugiés au Collège des jésuites et ont pris la précaution de signer leur fidélité au Roi). [2] Sanglant à nos yeux, inhabitués à ce type et à ce degré de violence qui étaient alors la règle. Je n'étudierai pas cette dimension. Je note ici seulement que la Révolte de Roure passe inaperçue lorsqu'on la rencontre (par exemple dans le livre XIX de d'Aigrefeuille) à la suite des révoltes nobiliaires, des insurrections religieuses, des émotions populaires du Languedoc sous Louis XIII. [4] Volume I Années 1663-1670 (juin) et II Années 1670 (juillet)-1671 (juin). [5] Attributions de police et d'administration générale sur tout le territoire, sauf les provinces "étrangères" - frontalières - qui ressortent au secrétaire d'État à la Guerre, et haute responsabilité de la ville de Paris. [6] Les autres ministres sont : Secrétaire d'État des Affaires étrangères : Hugues de Lionne ; Secrétaire d'État de la Guerre : Michel Le Tellier de Louvois ; Secrétaire d'État de la Religion prétendue réformée : Louis Phélypeaux de La Vrillière, marquis de Châteauneuf ; Garde des sceaux de France : Pierre Séguier ; Chancelier de France : Pierre Séguier ; Grand chambellan de France : Godefroy Maurice de La Tour d'Auvergne ; Grand maître de France : Henri Jules de Bourbon-Condé, prince de Condé; Grand maître de l'artillerie de France : Henry de Daillon du Lude ; Lieutenant général de police : Gabriel Nicolas de La Reynie. [7] Sans en faire un examen intégral, mentionnons au hasard : le recensement des familles nobles ayant plus de 8 enfants et susceptibles de ce fait de recevoir une pension ; la recherche et la répression de l'usurpation de titres nobiliaires ; les prétentions de l'évêque de Clermont à recevoir "les foy & hommage" que le Roi s'est réservés en lui attribuant ses fiefs ; idem pour une attribution auvergnate au prince de Monaco en compensation de pertes subies pour son alliance avec la France ; la voirie de Rouen ; la police du jardin du Luxembourg ; un dossier d'archives sur les droits du Roi en Lorraine ; une affaire de malversations sur des constructions à Philipsbourg ; des transferts d'archives ; les taxes perçues par le Consul de la Nation de France à Lisbonne... [8] MEMOIRES DU MARÉCHAL DUC DE RICHELIEU Pour servir à l'Histoire des Cours de Louis XIV, de la minorité et du Règne de Louis XV, etc., etc. 2nde Ed., Vol I, Paris, 1793 [9]... la bourse du roi, profonde comme la mer, comme l'enfer toujours béante (la ronde du papier timbré- soulèvement de la Bretagne 1675). [10] Clément, Pierre, 1866, La police sous Louis XIV, CH12 les émeutes en province. [11] Pour un tableau au noir, voir la continuation de V&V par Du Mège, excité par le sentiment de sa "nationalité méridionale". [12] Cet épisode est connu par le Procès-verbal des Etats de Languedoc. (Séance du 29 mars 1669) : MONSEIGNEUR l'Archevêque de Toulouse, Président, a dit qu'il venoit d'être averti que le Roy ayant eu connoissance de trois meurtres commis dans le pays de Vivarois sur les personnes de quelques gardes des Gabelles par un gentilhomme particulier assisté seulement de ses domestiques, Sa Majesté auroit envoyé des ordres pour faire aller dans ledit pays trois compagnies de dragons, une des Suisses & une du régiment de Lyonnois, pour donner main forte à la Justice & à l'exécution des ordonnances de Monsieur Duguay, Intendant de Lyon, portant décret de prise de corps contre les auteurs & complices desdits meurtres; & quoique ce soit seulement quelques personnes particulières qui ont trempé dans lesdits excès, il est pourtant vray de dire que plusieurs Communautés dudit pays voisines du lieu où l'excès a été commis souffrent le logement effectif desdites troupes, lesquelles vivent avec toute sorte de licence..... Les greniers à sels du haut-Vivarais (gabelles du Lyonnais, Forez et Beaujolais, département du Haut- Vivarais ne seront "désunis" des gabelles du Lyonnais qu'en 1785. [13] Les troubles religieux reviendront bientôt (dragonnades pré-révocation à partir de 1683, soulèvement camisard à partir de 1702). [14] Richelieu, Mémoires, Livre XXX. De Basville (Mémoires pour servir à l'histoire du Languedoc, 1734, p 276) qui ajoute : Ce Quartier de Vivarez produit beaucoup de Chataignes dont on fait un grand comerce, & des Chanvres dont on fabrique des toiles grossieres, qui contribuent beaucoup à faire subsister les Habitans. Comme ils n'ont presque point de Bled, ils donnent des Châtaignes en échange pour en avoir, & trafiquent ainsi avec les Habitans de la Montagne & du Velay. L'alliance des contrebandiers et des protestants est notée par l'intendant Fontanieu en 1732 : On a vu que ces scélérats — les contrebandiers — s'étaient formé des habitudes dans un canton du Vivarais, nommé les Boutières, composé de vingt ou trente paroisses, toutes de religionnaires ; que, lorsqu'ils y arrivaient, ils tiraient leurs armes en l'air, pour marquer qu'ils s'y regardaient comme en sûreté. Encore en 1755, Mandrin, en déroute et pourchassé après l'affaire de la Sauvetat, y trouvera refuge avant de regagner la Savoie en faisant le grand tour par Nice et le Piémont. [15] Bréchon Frank, 2000, Réseau routier et organisation de l'espace au Vivarais au moyen-age, thèse, Lyon. [16] Le Roy Ladurie, Paysans du Languedoc [17] Ce "délire" est une prémonition ! en 1707, le Roi mettra bien un impôt sur les baptêmes et les mariages et, en général, l'imagination fiscale des bureaux sera sans limite. [18] L'un des participants à l'assiette écrit (papiers de Colbert): je vous assure que nous fûmes surpris d'entendre parler ce bon homme, mais nous le fûmes bien davantage lorsqu'il tira de sa poche l'assignation qu'on avait affiché la nuit à sa porte, signée par un huissier de deux témoins supposés, par lequel on le sommait de venir incessamment à Viviers payer dix livres à cause de l'accouchement de sa belle-fille. [19] Un espion de de Castries dit avoir vu ce faux édit imprimé qui contient une infinité de subsides. De Castries le renvoie parmi eux pour tacher d'en avoir un et promet 10 louis à qui l'apportera. Ses agents firent ce qu'ils pouvaient sans pour cela en venir à bout ce qui les persuadaient qu'il n'y en avait point. [20] 10 livres de chaque naissance d'enfant mâle, 5 de fille , un écu de chaque habit neuf, 5 sols de chaque chapeau, 3 sols des souliers, 1 sol de chaque journée de paysan, 5 sols de chaque chemise neuve, et 2 deniers sur chaque livre de pain. [21] Le roi levoit sur ses peuples quatre-vingt-dix millions à la mort de Mazarin et n'en touchoit point quarante...Le surintendant traitoit avec les intendans de finance; puis venoient les trésoriers de l'épargne, les traitans, les fermiers, les receveurs, les collecteurs. Une armée de traitans & de commis fut répandue dans toute la France. (Maréchal de Richelieu, Louis XlV & ses ministres). Même si Colbert rationalise, il ne peut pas éviter de recourir à cette "armée" tandis que de nouvelles taxes s'ajoutent aux anciennes. [22] Le chiffre de "6000" parfois mentionné se rencontre dans tant de comptes rendus de révoltes qu'il paraît signifier non pas 6 X 1000 mais "beaucoup". [23] A plus grande échelle, le même processus se produira en Bretagne en 1675. Le gouverneur, Duc de Chaulnes, se faisait fort de ramener le calme : il n'en trouvait pas l'exécution difficile, pourvu qu'on lui donnât quelques troupes réglées..La guerre qui durait toujours ne permettant pas de lui procurer cette satisfaction, il fallut patienter...faute de répression immédiate la révolte s'étendait (Vincent). [24] Il écrit (18 Juin) qu' il n'a pas publié le peu de troupes qu'on lui envoie de peur de donner coeur aux mutins car, s'ils savaient qu'il n'a présentement que 300 hommes de troupe réglée qui encore ne sauraient arriver de dix à douze jours, cela pourrait leur enfler le courage et les porter à se mettre en campagne. [25] Nicolas Tranchart, Prévôt diocésain du pays de Vivarez...ayant été obligé par le dû de sa charge de s'opposer à la sédition arrivée...la ville de Largentière où il fait sa résidence, il se seroit mis en état d'arrêter les plus mutins, mais que le nombre des rebelles ayant prodigieusement accru, ils auroient fait tous leurs efforts pour l'assassiner & comme ils n'avoient pu y réussir, leur rage se seroit portée à cette extrémité d'aller saccager sa maison. Deux ans après, il adresse une requête d'indemnisation (pièce 396, V&V, Privat, T 14). [26] De Basville écrit trente ans plus tard, après que les "routes des dragonnades" aient été faites : Le seul endroit de cette province où il manquait des chemins, étoit le Païs des Sevenes & du Vivarez, Païs autrefois impraticable, & nourrissant des Peuples portez à la revolte; mais aujourd'huy rendu très-soûmis par les grandes routes qu'on y a pratiquées depuis quelques années. Elles penétrent tous les coins des montagnes les plus inaccessibles; de maniere qu'il ne s'y peut rien faire au préjudice de l'État, qu'on ne le sçache aussi-tôt, & qu'on ne soit à portée d'y remédier (de Basville, 1734, p 330). [27] Il est souvent qualifié de baillif du Vivarais mais les "baillis" (représentant) sont aussi nombreux que les personnes ou organes à représenter ! Il semble qu'il soit bailli des barons et/ou du Roy (sénéchal), ce qui explique ses initiatives. [28] De Castries 1er Juin à propos de M de Voguë (de Vaugué) :...Ce bon homme quoi que très zellé au fond et très passionné pour le service du Roy a trop de confiance en cette canaille. Il y a deux jours que nous l'attendons pour rectifier sa conduite et la rendre conforme à ses bonnes intentions afin que ces mutins ne s'en prévalent pas. [29] Il est vrai que ce n'est pas un local : Alphonse Henri Charles de Lorraine (1648-1719) comte de Montlaur, marquis de Maubec, prince d'Harcourt [30] Ce soutien est à la fois effectif et fantasmé par "le Roi" qui i) se méfie de la sieurie ii) ne peut concevoir que le "bas peuple" agisse de lui-même. [31] Les deux voies ouvertes sont les impôts et l'usure (qui se mêlent volontiers). [32] Dans un acte notarié antérieur à 1668, elle est dénommée damoiselle Degout Devissac, femme de sieur Antoine Roure, de la paroisse de la Chapelle. [33] Elle compte un chancelier de France dans la première moitié du 14ème siècle : ESTIENNE de Vissac, seigneur d'Arlenc & de Murs, Chancelier de France (Père Anselme, T6). [34] Le mémoire qu'il a envoyé à tous à la veille de la défaite comme les explications qu'il rédige en prison ont vraisemblablement été détruits car personne ne les a rencontrés. [35] Le Roi ne serait pas informé de cet édit inique : il faut qu'il sache. [36] D'Aigrefeuille, 1737, Histoire de Montpellier [37] Tout paroissoit terminé par cette exécution, lorsqu'un évènement extraordinaire mit en mouvement tout le peuple de Montpellier à son sujet. Le corps de ce pauvre malheureux.. resta vingt jours sur la roue, sans se gâter ni se corrompre, soit que cela vint de la force de son tempérament, ou des premiers froids du mois de novembre. Quoiqu'il en soit, la populace le regarda avec vénèration, d'autant plus qu'il avoit été toujours bon catolique. Elle courut en foule à Castelnau, ou il avait été exposé, & la superstition fut si grande, que plusieurs coupoient des morceaux de sa chemise pour les garder soigneusement, de sorte qu'il ne falut pas moins qu'une ordonnance de l'evêque & de l'intendant pour les arrêter. [38] Si toute la noblesse du bas Languedoc a couru de toutes parts pour témoigner son attachement et sa fidélité au roidepuis que le Marquis de Castries est en vivarais, il n'a vu que trois gentilshommes de ce pays qui sont M le Vicomte de Beaune, son fils et M de Brizon. Il croit que cela vient que ces Mrs n'osent pas quitter leurs maisons de peur d'être insultés (Castries, Bourg, 28 mai). [39] En 1666 le tribunal des Grands jours d'Auvergne condamne à mort le "tyran" Gaspard d’Espinchal, seigneur de Massiac, pour toutes sortes de crimes. Il joue à cache cache avec les prêvots et prend la fuite. [40] Histoire générale de Languedoc, par Doms Claude Devic et Vaissete, commentée et continuée jusqu'en 1830, par M. le chev. Al. du Mège. Tome 10, Toulouse, Paya, 1846. Sa continuation est soupçonnée de fantaisie car imbue d'un "sentiment de la nationalité méridionale" qui lui donne un ton souvent épique. Les historiens lui préfère celle de ROSCHACH aux éditions Privat (1876). [41] Lesquels l'arrêtent à la mort de Louis XIII (1643) : Nous avons cru devoir terminer nos travaux à cette derniere époque, tant parce que l'Histoire ne nous fournit depuis, rien de fort intéressant ou qui ne soit connu; que parce qu'il est difficile de parler de ses contemporains avec la liberté convenable. Avertissement au tome 5 (1745). Le continuateur de l'édition Privat (cf. note précédente) donne en quelques lignes une version factuelle de la révolte, dépourvue de tout élan lyrique (et sans allusion au canal). [42] Ils ne se limitent pas à l'approvisionnement en eau du canal (rigole). Le canal coupe une multitude de fleuves, rivières et torrents allant vers la mer qu'il faut franchir et dont les débordements peuvent emporter les ouvrages d'art ou déposer des sables et des terres qu'il faut draguer pour maintenir le tirant d'eau. Aussi les "magasins" (réservoirs) se combinent aux "épanchoirs" (évacuation). [43] Il commence ainsi sa première lettre à Colbert 26 novembre 1662 : Monseigneur, je vous écris.. sur le sujet d'un canal qui pourroit se faire .. pour la communication des deux mers. Vous vous étonnerez que j'entreprenne de parler d'une chose qu'apparemment je ne connois pas, et qu'un homme de gabelle se mesle de nivelage.... [44] Encore le Languedoc a-t-il la chance d'être un pays de "petite gabelle" où l'on est taxé selon sa consommation et non forfaitairement. [45] Riquet est aussi indispensable au projet que difficile à contrôler. S'il est vrai qu'en suivant le devis de l'ingénieur royal, il se serait facilité les choses, la nécessité des ajouts qu'il y a apportés fait débat. Colbert, quoique reconnaissant sa bonne foi, craint que grandisse sa mégalomanie au détriment de l'efficacité et de l'économie, crainte dont témoignent ces propos rageurs à Daguesseau, 18/02/77 : II s'est dit tant de fois à luy-mesme qu'il estoit l'inventeur de ce grand ouvrage... qu'à la fin il a cru qu'il en estoit le véritable auteur. Et, sur la grandeur de cet ouvrage, il a fondé la grandeur du service qu'il rendoit à l'Estat et la grandeur de sa fortune.... lorsque je vois à présent les justes raisons que vous avez de croire que la grande profusion qu'il a faite, soit par son peu d'économie, soit par des gratifications inconnues, peut préjudicier à l'avancement de ses ouvrages, je trouve qu'il est d'une trèsgrande conséquence de l'observer de près... [46] Cf. Depping (éd.). Correspondance administrative sous le règne de Louis XIV. [47] Ils n'avaient pas tort d'être prudents comme le montre le projet du même Riquet quelques années plus tard (1674) de conduire les eaux de la Loire à Versailles qui en consommait beaucoup, projet qu'il basait sur une estimation erronée des hauteurs réciproques, la Loire étant, en réalité, plus basse que Versailles ! [48] Il ne s'agit pas seulement des terrains à acheter mais de l'indemnisation des droits (péages etc.) perdus éventuellement à cette occasion. [49] ...nous avons créé & érigé, & par cesdites présentes, créons & érigeons en plein fief, avec toute justice, haute, moyenne, basse & mixte, ledit canal de communication des mers, ses rigoles, magasins de réserve, leurs bords de largeur de six toises de chaque côté, chaussées, écluses & digues d'iceux, depuis la riviere de Garonne jusqu’a son dégorgement dans la mer Méditerranée; en ce compris le canal de dérivation , depuis la montagne Noire jusques aux pierres de Naurouze, sans en rien réserver ni excepter; relevant ledit fief & ses dépendances immédiatement de notre couronne... [50] Ils jouissent aussi de l'exclusivité du droit de chasse et pêche sur le territoire du canal et y installeront une multitude de moulins. [51] Extrait du registre des délibérations des Etats généraux de Languedoc, assemblés par mandement du Roi au mois de Novembre 1666 (mercredi 2 Mars 1667). II. Que les Etats accordent ledit secours en plusieurs années pour l'entiere perfection de tous lesdits ouvrages; & Sa Majesté ne leur pourra demander plus grande somme pour raison d'iceux sous quelque prétexte que ce soit...à quelle somme que toutes les dépenses qu'il conviendra faire pour raison de ce puissent monter. Accepté par les Commissaires Présidens pour le Roy, 3 Mars 1667 (Henry, duc de Verneuil, Grignan, Bazin, de Mause). [52] ...de sorte que, par toutes ces raisons & plusieurs autres qu'ils nous ont fait remontrer par les commissaires présidens pour nous en ladite assemblée, nous aurions (avons) reconnu que ces propositions & ces moyens n'étoient pas recevables, qu'ils étoient à charge à nos sujets de ladite province, & contraires à leurs priviléges dans lesquels nous voulons les maintenir. Et en même-tems desirant l'avancement desdits ouvrages que nous avons résolu de faire en notredite province, nous aurions (avons) mieux aimé demander à ladite assemblée des gens des Trois-états un secours par imposition ou autrement en la maniere qu'ils aviseroient... [53] Colbert à Riquet 31 janvier 1670 : Je m'étonne que, dans toutes les lettres que vous m'écrivez, vous ne me disiez pas un mot de l'exécution des édits qui ont esté envoyés au parlement de Toulouse, vu que les Estats de Languedoc estant à présent finis et le Roy ayant refusé les demandes qui luy ont esté faites de leur révocation ou de leur surséance il faut penser plus que jamais à leur exécution. Vous devez donc bien prendre garde de ne pas perdre un seul moment de temps pour faire tous les establissemens et les payemens que vous estes obligé en conséquence du traité que vous avez fait au conseil, afin de ne pas retarder vos travaux. [54] Au point que, dit-il, ayant deux filles à établir, il se résigne à les garder encore chez lui et à consacrer au canal l'argent qu'il pensait mettre à leur dot ! [55] Colbert écrit à de Besons avant les Etats (16 novembre 1670): Comme Sa Majesté a résolu de se contenter de 1,400,000 livres pour le don gratuit, persuadée que les Estats feront un grand effort cette année pour se délivrer de l'exécution des édits et pour contribuer à la construction du canal, elle se remet entièrement à vous d'exécuter ce que vous estimerez plus avantageux pour son service.... [56] ÉDIT DU ROI Qui révoque les édits du mois de Septembre 1668 portant création des offices de greffiers consulaires & prudhommes experts, & d'un droit annuel sur les hôtes & cabaretiers. Du mois de Novembre 1671 [57] Il est bien compréhensible que le devis initial d'un tel chantier se heurte à des surprises, n'ait pas tout prévu ou ait commis des erreurs. Les dépassements sont entérinés par un arrêt du 14 mars 1682. [58] Le langage de l'édit de révocation est beaucoup plus direct que celui des précédents : ...les députés des Trois-états de notredite Province de Languedoc..ayant accordé &. consenti, sur l'instance qui leur a été faite de notre part, de lever sur la province en quatre années la somme de 1,600,000 livres pour employer aux ouvrages qui restent à faire....ils nous ont très-humblement fait supplier de leur vouloir accorder la révocation dudit édit... ce que Nous leur avons accordé d'autant plus volontiers que nous sommes bien-aise de leur témoigner la satisfaction que Nous avons de leur zele pour notre service & de la soumission qu'ils font paroître... [59] On pourra dire dans le monde que j'ai fait un Canal pour m'y noyer avec toute ma famille (à Daguesseau). [60]
Colbert ne se laisse pas faire et démontre sans mal qu'il est moins
coûteux de faire une triple écluse que trois écluses à des endroits
séparés.
[61] Si X est meilleur que Y (X>Y) et Y>Z, X est-il de ce fait meilleur que Z ? [62] La séparation de la "haute" noblesse et de la "sieurie" au fur et à mesure que le "Roi" polarise la distribution d'honneurs et de richesses ne constitue pas deux couches mais procède à une discrimination additionnelle en travers des strates. La primauté des "princes du sang" est du même ordre que celle du Roi : elle procède, sur le mode du mythe, au bouclage fonctionnel des chaines d'interdépendance. [63] La Noblesse est réputée payer "l'impôt du sang" et l''Eglise, depuis le "contrat de Poissy" (1561) paie un "don gratuit". [64] Mentionnons : la vérification permanente des titres d'exemption ; la vente de privilèges d'exemption et leur révocation ultérieure ; la transformation contre argent de "fermiers" en "valets" pour simuler une exploitation directe exempte ; la possession par des nobles de biens roturiers assujettis à l'impôt...(Moreau de Beaumont,1769, Mémoires concernant les impositions et droits, Seconde partie, France). Les Cours des Aides ne chôment pas ! [65] Typique est cette remontrance du tiers du Dauphiné (1602) : Le Tiers-état se plaignoit que les deux autres Ordres rejetoient sur lui toutes les charges de la Province quoiqu'il n'eut aucune part ni aux honneurs, ni aux dignités, ni aux émolumens publics, & qu'i1 ne fût nullement en état de supporter ce fardeau, ne faisant pas la sixième partie de la province (Moreau, p126). [66] C'est l'opposition entre "budget de dépenses" et "budget de recettes". Dans le premier cas, le montant des dépenses détermine celui des impôts à prélevés qui sont répartis entre les contribuables. Dans le second, des règles d'imposition relativement constantes produisent un certain montant de recettes qui commande les dépenses. [67] Le contentieux contre les personnes puissantes & de main forte qui refusent les impôts et rudoient ou tuent les percepteurs est permanent. [68] Malgré une tradition tenace engendrée par la conscience de caste nobiliaire (et l'anticonscience populaire), je ne limite pas l'aristocratie à la noblesse (au demeurant plus ouverte que la "voix du sang" ne le proclame) : d'une part, les notables urbains acquièrent des biens nobles (sans devenir aussitôt nobles) ; d'autre part, à travers notamment les mariages de filles nobles (qui n'affectent pas la généalogie), de nombreux liens se nouent ; enfin les privilèges nobles de jure rétrécissent tandis que les privilèges de facto se dilatent. [69] Si le Roi est réputé ne pas imposer sans le consentiment des Etats, ceux-ci sont réputés ne pas imposer sans son assentiment. Outre les tricheries respectives, il y a donc la place pour un marchandage réciproquement profitable (au détriment des contribuables). [70] Dans le
même sens, Chateauneuf (garde des sceaux parlant au nom du Roi aux
Etats de Béziers en 1632) : Jusqu'alors les gouverneurs de la
province; leurs lieutenants, les états, les commissaires aux assiettes,
avaient arbitrairement écrasé les peuples sous le poids des charges,
publiques; des dettes énormes avaient été contractées sans la
permission, à l'insu même de S. M. Touché de la triste situation de ces
contrées, le roi, dans sa sagesse et son équité, s'était occupé de leur
soulagement : en défendant toute levée de deniers sans son
autorisation, il avait cru mériter les bénédictions de ses sujets, et
non des représentations séditieuses.
[71] En fait, nobles et
clergé n'occupèrent réellement leur place que dans les diocèses les
plus arriérés (Vivarais, Velay, Gévaudan). Partout ailleurs, ce furent
les députés des "villes maîtresses" qui formèrent l'essentiel de
l'assemblée d'assiette qui reste présidée par l’évêque et complétée par
un baron, des commissaires du roi et des États.
[72] Atlas historique de la province de Languedoc, Sous la direction d’Élie Pélaquier [73] D'après leurs remontrances sur la création de nouveaux offices d'élus, établis par suite de la vénalité des charges, le roi leur accorda la suppression de ces offices, moyennant une somme de 71,800 livres qu'ils payèrent à titre de rachat (Trouvé). [74] Les états de 1555 furent assemblés à Carcassonne, dans la ville basse. De nouveaux offices venaïent d'être créés par le roi (Henri II), dans la vue de se procurer des ressources pour les pressants besoins de l'état. On réclama le maintien des priviléges de la province et l'exécution des anciens contrats passés avec la couronne; et, pour obtenir la suppression de ces offices, on convint de payer une somme de 100,000 livres. [75] De nouveaux besoins donnèrent lieu à, de nouvelles creations. Charles IX, en 1572, érigea vingt-deux offices de receveurs particuliers des tailles, aide, octroi, etc. pour les vingt-deux diocèses de la province; et, comme il n'avait d'autre but que de se procurer de l'argent, il fit demander par ses commissaires aux états une somme de cent vingt mille Livres, moyennant laquelle il révoquerait son édit. Les états assemblés à Béziers ne crurent pas pouvoir accepter cette, offre.. Leurs remontrances furent inutiles, et le roi ajouta, en 1573, à la première érection celle de vingt-deux receveurs alternatifs. Un troisième édit du mois d'avril 1597, suggéré, comme les deux autres, par le besoin d'argent, établit des offices de receveurs triennaux (Trouvé). [76] Les Etats se rachètent deux ans après (1624), moyennant 720,000 Livres, d'un édit portant création de greffiers héréditaires pour les tailles. [77] Mémoires de Richelieu, Livre XX [78] Moreau, 206 : Au mois de juillet 1629, Louis XIII, pendant fon séjour à Nîmes, donna un Édit, par lequel il créoit un siége d'Élection dans chacun des vingt-deux diocèses de la province de Languedoc, comme le seul moyen de faire une répartition juste & exacte des taxes imposées sur chaque diocèse, & de faire cesser les abus qui s'y commettoient... [79] D'Aigrefeuille (L18, CH13): on fit verifier au Palais, l'Edit (des Elus) qu'on vouloit introduire dans le Languedoc, pour faire l'Imposition des Tailles a l'Exclusion des Etats de la Province. Cet Edit porté à Pezenas, où les Etats étoient assemblez, y trouva de grandes-oppositions: le Parlement ne voulut pas le recevoir & plusieurs Diocèses ayant refusé d'imposer la Taille sur le Mandement des Elus, on prévit que cette Affaire auroit de grandes-suites. [80] D'Aigrefeuille (18, 14): Le Grand-Credit
que ce Seigneur (Montmorency) avoit dans son Gouvernement,
& le
Mécontentement des Peuples de cette Province depuis l'Edit de Création
des Elûs, porta les Députez des Etats , assemblez alors à Pezenas, à
signer une Deliberation du 22 Juillet, dans laquelle ils
appelloient M. le Duc d'Orleans à leur Protection, & promettoient
de lui fournir de l'Argent pour l'Entretenement de ses Troupes, &
de ne se separer jamais de ses Interêts.
[81] Henry, duc de Montmorency, pair, Maréchal, & autrefois admiral de France, petit-fils de quatre Connestables, & de six Maréchaux, premier Baron de France, beau-frère du premier Prince du Sang. [82] Gaston d'Orléans, frère unique du Roi qui n'a pas de fils, est alors héritier de la couronne et pressé de l'obtenir. Velléitaire et confus, peut-être "révolté malgré lui" (Jouanna), son statut royal attire les promesses d'aide de l'étranger, les mécontents, les ambitieux qu'il ne peut qu'abandonner et sacrifier après la défaite, car le pardon que le Roi lui doit au nom de la Couronne se limite à lui et ses proches. Le futur Louis XIV, "Dieudonné", "l'enfant du miracle", ne naît qu'en 1638, après 23 ans de mariage. Cela ne fait pas renoncer Gaston, l'épisode suivant sera la conspiration contre Richelieu de Cinq-Mars et de Thou en 1642. Ensuite, pour sa récompense, Gaston sera nommé gouverneur du Languedoc et, avec son favori, l'abbé de la Rivière, soumettra les Etats à une multitude d'avanies. [83] Dans ce royaume sur-dimensionné, comment faire autrement que de distribuer les "gouvernements" aux plus grands de la maison royale ? comment les empêcher de se succèder par "survivance" ? Comment alors, éviter que leur Province ne devienne une sorte de fief ? [84] Ils donnèrent au roi 600,000 L pour la continuation de la guerre, et 150,000 L en remplacement du logement des troupes, à condition que plusieurs édits de création d'offices seraient révoqués, et que la province serait maintenue inviolablement dans la possession du droit d'équivalent qui avait toujours été sa propriété. [85] Voulons et nous plaît qu'aucune somme ne puisse être imposée sur icelle province qu'elle n'ait été délibérée et consentie en assemblée desdits États, suivant les anciennes formes, priviléges et libertés de ladite province, soit à l'égard des impositions en général, soit par les assiettes des vingt diocèces. [86] La ville de Toulouse (consistoire des capitouls) et le Parlement du Languedoc (parfois en guerre l'un contre l'autre) jouent volontiers contre le reste de la province et Montpellier en particulier. Alors que la révolte de Montmorency avait vu Toulouse fidèle au Roi, pendant la Fronde le Parlement rejoint celui de Paris tandis que les Etats affichent leur fidélité au Roi. [87] Ou plutôt (car je n'ai rien entendu !) : des rapports nous disent qu'on a entendu. Ce n'est pas dépourvu de vraisemblance (dans les pillages, les "gros" sont cassés par les "petits") mais on ne peut pas exclure que ce soient des propos inventés pour faire peur. [88] Mot dont, symptomatiquement, le sens a glissé de "celui qui exige ce qui est (exactement) dû" à "qui exige plus qu'il n'est dû", tant ce "dû" est perçu comme excessif. [89] Valeton (Fidèle relation...): On court partout sur les élus, et l'on appelait de ce nom tous les particuliers; on crie qu'il ne faut pas souffrir leurs concussions et qu'il faut exterminer ces sangsues du peuple. Sur cette base, Dourille (Histoire des guerres civiles du Vivarais, 1846) prend l'initiative de généraliser : Ils donnaient ce nom à tous les particuliers qui remplissaient des fonctions publiques ou qui portaient des titres de Noblesse et à ceux qui avaient quelque fortune. [90] Quoique cela soit documenté indirectement, on
peut être certain que les assujettis ont appris mille astuces pour
échapper aux impôts. Si l'on sait bien comment l'esprit vient aux
filles, des impôts trop lourds le font venir au contribuable le plus
obtus. Par exemple, pour échapper aux saisies de bestiaux, les paysans
se les louent les uns aux autres.
[100]
Quoiqu'un arrêt autorisé du parlement de Toulouse l'eût déclaré
"rebelle" et coupable de crime de leze majesté de perfidie,
trahison,
desloyauté, trouble au repos public et de conspiration faicte contre
le roy et son estât, le tout vigoureusement assorti d'une riche
palette de condamnations, déchéances et punitions pour lui et ses gens,
ainsi que leurs enfans et postérité.[91] On ne parlait de rien moins que de lever 20,000 hommes et d'aller jusques à Toulouse pour demander raison au Parlement des édits qu'il avait enregistrés au préjudice de la province. Il est intéressant de noter que nul ne mentionne une quelconque députation ou demande aux Etats qui sont pourtant supposés être l'organe politique de la province. [92] Mais Schomberg n'est plus gouverneur. Il semble que son audace ait fait craindre qu'il emprunte la voie des Montmorency (dont il avait vaincu le dernier). [93] Il a été le premier de la série des gouverneurs nommés à peu près exclusivement pour la décoration... C'était comme un intermédiaire gênant que la royauté n'osait pas supprimer par respect pour la tradition, mais dont elle neutralisait l'influence en lui laissant les hommages & retenant le pouvoir (V&V, Privat). [94] Lettre du Peuple du bas Vivarais au Roi. SIRE, Vos pauvres sujets ayant été forcés de se séparer de l'obéissance qu'ils doivent à Votre Majesté, viennent implorer à genoux sa mlséricorde, afin qu'oubliant leurs fautes, elle leur donne lieu de les réparer, en employant leurs biens et leur vie pour le service de Votre Majesté. Nous espérons, SIRE, que sa bonté considérera nos soumissions, nos réparations et nos douleurs, et qu'à, l'exemple de Dieu, dont elle tient la place ici bas, elle ne rejettera pas la prière de son pauvre peuple, qui veut vivre et mourir dans l'obéissance et la fidélité qu'il doit à Votre Majesté. [95]...que l'affaire trainant en longueur nous ayons besoin de vos bons avis, il vous plaira, Monsieur, nous faire l'honneur de nous en assister, avec promesse solennelle que nous faisons tous ici de les suivre ponctuellement, d'obéir aveuglément à vos ordres et de vous reconnaître en qualité de Général; ainsi vous le promettez cria-t-il à ses soldats, levez la main? chacun en fit le serment, et on applaudit par de grands cris à ce qu'il venait de dire... [96] L'assiette, réunie à Viviers le 7 juin, tente timidement une médiation. Elle prend une délibération pour demander au roi de pardonner aux peuples égarés par de fausses nouvelles et de faire quelque chose contre le monopole du charbon de pierre ainsi que pour un meilleur mesurage du sel. Castries récuse cette posture et répond qu'il faut commencer par obéir. [97] Ariette Jouanna, Le devoir de révolte. La noblesse française et la gestation de l'État moderne, 1559-1661, Paris, Fayard, 1989. Sandberg, 1998: le concept de la révolte était le centre d'un système de normes, de mœurs, et de suppositions sur le phénomène du conflit civil. [98] ...toutes lesquelles choses demeureront esteintes, assoupies et comme non advenues comme de fait nous les esteignons, assoupissons et déclarons telles par cesdites présentes... [99] Encore existe-t-il de bonnes raisons de penser que Montmorency aurait pu être pardonné. Son "suicide" est une hypothèse, la vengeance de Richelieu une autre, le chatiment de Monsieur par procuration une dernière. [101] Alors, la pensée politique ne va pas au-delà du Roi, même avant 1649 (décapitation de Charles I d'Angleterre). Les audaces concernent la combinaison des élements du Corps Politique dont le Roi fait toujours partie. [102] Une théorisation sophistiquée mise au point pendant les troubles religieux et les minorités royales distingue la personne du Roi du corps politique (Roi, Conseil, Etats) qui est éternel et toujours juste. Lorsque le Roi est "inachevé" (minorités) ou "divisé" (mauvais conseillers), il revient à la noblesse, sanior pars du peuple, de le réunifier. On voit le potentiel d'une telle doctrine ! [103] L'époque moderne a rendu nécessaires ces légitimations (de l'usage de la violence). Dans aucune autre culture on ne trouvera, à mon avis, une autoconstruction imaginaire de ce type. A l'ère moderne, la violence n'est plus simplement "là", elle devient un problème ; elle est criminelle...L'époque moderne a proscrit et perdu la perception de l'existence du lien entre pouvoir et violence. Reemtsma, 2011. [104] Comme Audijos (Gascogne, 1665) : Audacieux, infatigable, connaissant à fond le pays, Audijos se multipliait et voyait chaque jour s'accroître le nombre ses compagnons. Appuyé à la frontière espagnole, il déjoue longtemps les poursuites. Il n'est jamais pris et disparaît. [105] d'Aigrefeuille, 1737, Histoire de Montpellier, Livre XIX,CH2 |