Esambe
Josilonus | Ne
lisez pas les MŽmoires de Saint-Simon ! |
Depuis deux sicles, tout a ŽtŽ dit ˆ propos de l'auteur et de ses MŽmoires. Tout,
sauf ceci : "ne les lisez pas !".
Je veux mettre en garde l'innocent qu'un hŽritage, un hasard, un dŽfi ou une curiositŽ pousserait ˆ s'enfiler l'intŽgrale. Subsidiairement, j'aimerais contribuer ˆ rassurer le lecteur malheureux, celui qui, parvenu ˆ la fin, se demande ce qui lui manque pour apprŽcier ce "chef d'Ïuvre".
Pourquoi, contredisant tant de bons esprits, proscris-je l'un des sommets de la littŽrature franaise ? Certains condamnent le texte ˆ cause de l'homme, "ducomane", vŽtilleux, rageur, incapable, voyeur, ratŽ et envieux. Pas moi. Au contraire, le petit duc me pla”t. Je l'apprŽcie plus que son texte dont les admirables pŽpites sont, hŽlas, trop chrement payŽes.
10% de plaisir pour 90% d'ennui, ce rendement ne justifie pas six mois d'efforts. Les MŽmoires de Retz me passionnent, malgrŽ un style aussi embrouillŽ que ses manÏuvres politiques. Ceux de Bassompierre m'inspirent de la sympathie. Je peux digŽrer Monluc en allant vite. Dans un tout autre genre, j'ai dŽvorŽ comme un roman les seize volumes des Souvenirs historiques de la Duchesse d'AbrantŽs. Mais les vingt de S.Simon, s'ils m'ont rŽjoui ici ou lˆ, in toto m'ont dŽsappointŽ.
Le "pacte de lecture" ne se noue pas.
J'en cherche ici les raisons, du c™tŽ du lecteur (section I) et du c™tŽ de l'auteur car les dŽsarrois du premier s'expliquent par le second : S.Simon s'inscrit dans la tradition des mŽmorialistes dont il partage maintes caractŽristiques (section II)). En mme temps, il n'en est pas un. A preuve, les circonstances de l'Žcriture et la nŽgation du lecteur (section III).