LOUIS DE ROUVROY, DUC DE SAINT SIMON

Notes sur la Maison de Saint Simon

D'innombrables études sur Saint Simon renvoient à cette autobiographie rédigée à la troisième personne [1]. Le texte, peu publié [2], est rébarbatif : l'écriture à la diable de l'auteur va rarement à la ligne, ne craint pas les paragraphes de cinq pages et change constamment de sujet. Les Nottes sur les Duchés-pairies depuis 1500 jusqu'en 1730 sont un brouillon (un fatras disent certains) et renvoient les unes aux autres, dont certaines ne seront pas écrites puisque l'ouvrage s'interrompt au milieu du chapitre sur La Rochefoucauld (1657), quand l'Auteur l'abandonne pour s'occuper de la révision de ses Mémoires.

La Maison de S. Simon, rédigée entre 1735 et 1737 se divise en trois parties : un exposé généalogique qui vise à enter S. Simon aux comtes de Vermandois ; la vie de Claude, le refondateur, favori de Louis XIII ; celle de son fils Louis, l'auteur.

En numérique, l'excellente édition des Mémoires du site rouvroy.medusis [3] présente le texte intégral de la première édition d’Adolphe Chéruel sans inclure la Note. De celle-ci, on trouve une version PDF sur Gallica (Faugère [4]), et un epub de Google (édition Boislisle [5]), à peu près propre mais sauvagement brut.

J'ai donc décidé de tenter de rendre la Note comestible en introduisant des sauts de page et des sous-titres. Je me suis basé sur l'édition Faugère [6].

J'ai évidemment respecté scrupuleusement le texte et ses bizarreries, à trois exceptions près : toutte(s), tiltre, et vefve m'ont semblé choquer trop un œil du XXIe siècle et je les ai remplacés par toute(s), titre et veuve.

J'ai recherché et mis en notes les textes appartenant aux autres titres des Duchés-Pairies cités par S. SImon et référencés par Faugère. Quelques éclaircissement ajoutés à la présente édition sont désignés par "NDE".

Enfin, en complément, on trouvera en appendice :

1) la lettre d'érection du duché & pairie de S. Simon (1635) et deux autres pour comparaison ;

2) trois documents relatifs au conflit de préséance entre S. Simon et La Rochefoucauld ;

3) une présentation du mémoire de S. Simon (1712) sur la séparation des couronnes de France et d'Espagne (Renonciation), non pour l'affaire elle-même mais parce qu'il exprime la suréminence de la pairie, illusion-clef de la position de S. Simon, de sa pensée et de ses actions : pour lui, depuis Charlemagne, les Pairs, et eux seuls, partagent avec le roi le pouvoir constitutif et législatif.

[1] NDE. Le "il", "le duc", "l'autre", etc. de la note sont paradoxalement plus personnels que le "je" des Mémoires : Saint-Simon fera le choix d'un autre genre, celui des Mémoires, d'un autre mode, celui de la première personne du singulier et non plus la troisième mais nulle part ailleurs, et en tous cas pas dans les Mémoires où le moi est davantage dilué dans la chronique curiale, on ne retrouve cette densité, cette continuité, cette concentration sur soi (de Weerdt-Pilorge Marie-Paule, 2013, "Récits singuliers et effets de perspective de l'écriture de soi dans la Note sur la maison de Saint-Simon", In: Cahiers Saint Simon, n°41. Singularité chez Saint-Simon, pp. 13-22).

[2] NDE. Dans les éditions récentes, on le trouve notamment dans l'Intégrale avortée de Pauvert (Oeuvres complètes, tome 1, 1964) et dans Les siècles et les jours, Textes établis et commentés par Yves Coirault, Honoré Champion, 2000. Le texte a été jadis publié par Boislisle, 1886, en supplément de l'édition Chéruel-Regnier des Mémoires (T. 21) et par Faugère, 1893, Ecrits inédits de S. Simon, T8 et 4eme des Duchés-Pairies.

[3] http://rouvroy.medusis.com/tomes.html

[4] https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9768999w

[5]https://books.google.fr/books?id=KSVIAQAAMAAJ&newbks=1&newbks_redir=0&printsec=frontcover&dq=Mémoires+du+duc+de+Saint-Simon+publiés+par+Mm.+Chéruel+et+Ad.+Regnier+fils,+Tome+21&hl=fr&redir_esc=y - v=onepage&q=Mémoires du duc de

[6] NDE. Pendant 150 ans, les trois mille cahiers des manuscrits de S. Simon ont été quasiment séquestrés, d'abord par ses créanciers, ensuite en raison du secret, enfin par l'inertie, l'incurie ou la jalousie des Archives du Ministère des Affaires étrangères. Malgré d'incessantes plaintes et dénonciations, Prosper Faugère, directeur des Archives de 1866 à 1880, le Hudson Lowe de S. Simon, en monopolise les papiers pour publier lui-même les inédits (1880-1893). Suite à la décision du ministre, le 18 février 1880, Saint-Simon séquestré depuis le 21 décembre 1760 [Choiseul] fut donc définitivement délivré en principe mais pas totalement en fait (Drumont Edouard, 1880, Papiers inédits du duc de Saint-Simon : lettres et dépêches sur l'ambassade d'Espagne, Introduction, pp. 1-36 et 77-8). Aujourd'hui ces Archives sont ouvertes mais plus de la moitié des manuscrits ont disparu ou ne sont pas répertoriés.

Pour un historique des tribulations des manuscrits, voir Baschet Armand, 1874, Le duc de Saint-Simon, son cabinet et l'historique de ses manuscrits, Paris, Plon.